Viva Technology était foisonnant cette année, beaucoup plus international, avec une scène Stage X pour la DeepTech inspirée de Hello Tomorrow...
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Les points à améliorer : il faut savoir chercher pour trouver les startups en fonction de verticales métiers ou de secteurs. Si vous recherchez d'ailleurs des startups ou des innovations présentes à Viva Tech, CES Las Vegas ou MWC Barcelone dans vos métiers, n’hésitez pas à m’en faire part :)
Les mots-clés de cette édition sont :
- Tech for Good (mis en exergue par Emmanuel Macron, Mark Zuckerberg ...). J'ai animé un panel à VivaTech à ce sujet avec Frédéric Bardeau Simplon.co, Joséphine Bouchez Ticket for Change, Paul Duan Bayes Impact et Adama Sawadogo iCivil). Il y avait aussi beaucoup de projets pour aider les personnes handicapées
- RGPD / #GDPR (avec une incroyable coïncidence entre son début et VivaTech qui lui a donné une forte couverture médiatique)
- AfricaTech qui permet de mettre en valeur de nombreuses startups locales
Concernant les technologies, en plus de l’IA (plus tournée vers les besoins internes) et l'IoT, les startups se sont déchaînées sur … la blockchain, le jeu était de trouver le mot avant chain pour créer le nom de son entreprise. Son usage principal : la traçabilité des produits.
Les robots avec un usage industriel étaient à l’honneur (Vitirover notamment pour s’occuper de ses vignobles). La VR plus exactement la XR (eXtended Reality qui recouvre la Virtual Reality, Mixed Reality, Augmented Reality) faisait le bonheur des marques de cosmétiques avec leurs miroirs qui transformaient vos lèvres et cheveux en objets à colorier.
Des voix se sont aussi élevées car les startups se feraient phagocyter par les grands groupes. Pour ma part, je dirais que la plupart des grands groupes sont bien plus bienveillants qu’avant vis-à-vis des startups, qu'aujourd’hui les startups ne sont plus nées de la dernière pluie ,elles peuvent chacune y trouver leur compte dans cet événement avec les groupes qui les hébergent mais aussi ailleurs. Il suffit souvent de sortir de son stand et de parcourir quelques mètres !
En bref :
Viva Tech - Mix de Davos et du Web Summit ?
Avant de rentrer dans le détail de l'événement, Viva Tech a concentré en très peu de temps des personnalités souvent inaccessibles.
Cela lui donne des airs de mini-Davos compte tenu de la journée "Tech for Good" qu'Emmanuel Macron avait organisé pour réunir un grand nombre de "géants du numérique" à l'Elysée.
Avec le nombre de startups, on peut aussi le rapprocher du Web Summit (plus que du CES Las Vegas qui reste ancré sur le Consumer Electronics).
C'était aussi l'occasion pour Mounir Mahjoubi de présenter Kat Borlongan, la nouvelle directrice de la FrenchTech.
IA : Accessibilité et B2B (industrie, métiers)
L’IA était encore à l’honneur cette année parmi les startups même si cela s’assagit un peu après le « AI Washing » de l’année dernière. Cette année c'est la vague de Chain Washing.
Microsoft présentait les startups utilisant ses briques d’IA en détaillant le type d’IA utilisée (normal !). C’est plus crédible que d’avoir .AI comme extension de nom de domaine.
Ils ont aussi mis l'accent sur l'accessibilité avec AI Accessibility afin d’aider les personnes en situation de handicap.
En plus des solutions connues dans le domaine de l’analyse d'image (Heuritech…), des vidéos (Angus.AI), pour augmenter le taux de transformation (AB Tasty,..), et de la création de chatbots (Smartly.AI), l’IA est mis en avant pour les besoins internes de l’entreprise.
Quelques exemples sont l'analyse des contrats (CaseLaw Analytics, Hyperlex) et des processus industriels (Fieldbox.AI) mais aussi métiers (Makigami, Sagacify, Prevision.Io).
Un grand nombre de startups à VivaTech qui se prévalaient de faire de l'IA font juste de l’analyse de données avec de l’IA saupoudrée à droite et à gauche (ou pas du tout !), Deux/trois questions suffisaient pour s'assurer que l'IA boîte noire l'est autant pour eux que pour nous ! Néanmoins c’est la première étape avant une utilisation poussée de l’IA.
L’IA était bien sûr au cœur des discussions de Stage X qui reprenait des thèmes DeepTech chers à Hello Tomorrow avec des débats sur l’arrivée ou non de l’IA forte entre Luc Julia de Samsung et Bruno Maisonnier à la tête d’AnotherBrain.
Si d'ailleurs vous avez des startups DeepTech à me recommander, contactez- moi car en tant que Hello Tomorrow Curator, je recherche les startups intéressées par le Hello Tomorrow Challenge (100k€ pour le premier prix).
XR (VR,AR,MR): eXtended Reality - Miroir connecté et Cosmétiques
La réalité mixte (Intégration de réalité virtuelle sur des objets réels) était particulièrement prisée des entreprises de cosmétique comme Guerlain ou L'Oréal.
Comme j’en parle dans mon article sur la disruption du retail, l’objectif est que le client / la cliente voit quel sera l’effet des produits avant leur application ce qui réduit les risques de se tromper ! Aussi, il y a un jeu à tester des combinaisons improbables ;)
Robots en B2B : vignobles, terrains dangereux, exo-squelettes ...
Les robots ont des applications de plus en plus B2B : la logistique (Unsupervised.AI), les zones difficiles ou dangereuses d’accès (Rovenso), l'agriculture (Vitrirover, Robot pour désherber les vignobles).
Associé avec des capteurs connectés, Vitirover permet en plus de réaliser une cartographie précise des maladies, pucerons, températures, et pour Rovenso de la radioactivité …
Ergo Santé présentait aussi son exosquelette, mais cela me semble encore tôt pour un déploiement massif…
Drones autonomes - Airbus et Audi
Les drones autonomes étaient la coqueluche du CES Las Vegas 2018 (cf. article). Ils étaient moins nombreux à Viva Tech, néanmoins Airbus et Audi se sont associés pour présenter un drone commun.
Est-ce à dire que les industries aéronautiques et automobiles vont unir leurs forces comme à leurs débuts (ex: Rolls Royce, Saab) ? Sans doute, est ce un peu tôt pour le dire mais l'industrialisation de grandes séries et la maîtrise du vol ne sont sans doute pas étrangères à ses associations.
RGPD / GDPR (Règlement Général sur la Protection des Données)
La date d'application de RGPD ou GDPR était par une étrange coïncidence au beau milieu de VivaTech (27 mai) ce qui en a fait le buzzword en concurrence avec TechForGood.
C’est d’ailleurs presque au pied levé que Isabelle Falque-Perrotin a été invité à venir pour un FireSide sur le RGPD.
Le RGPD montre à la fois l’influence du marché européen et donc par ricochet de ses principes
Néanmoins l’application de ses principes peut favoriser des acteurs extra-européens, GAFA au détriment de plus petites entreprises dépendantes de celles-ci (ex : Criteo ou des entreprises dépendant de Google, Amazon, Facebook, Apple).
Le RGPD donne aux citoyens européens un droit nettement supérieur sur leurs données qu’auparavant ce qui répond à des valeurs ancrées dans l’histoire de l’Europe face à la violence à laquelle nous avons été frappés par les dérives d’un fichage systématique.
Facebook a choisi de l’étendre au monde entier (GDPR like), après avoir déclaré au départ que ce serait réservé à l’Europe. Ne doutons pas de l’éthique de Mark mais je pense que son département juridique a dû aussi lui indiquer que cela aurait été un cauchemar de ne l’appliquer à l’Europe … Imaginez que vous ayez des amis Facebook à l’extérieur de l’UE, comment les données, relations, photos, likes… sont traitées …
La Californie a d'ailleurs récemment fait passé une loi reprenant certains principes du RGPD (sans aller aussi loin - cf. Article NY Times) applicable à toutes les entreprises résidant dans l'Etat et ainsi la Silicon Valley ;)
Snips, à raison, a fêté l’événement lors d’une Private Party mené tambour battant par Rand Hindi et Yann Lechelle car il y a une vraie problématique concernant les enceintes intelligentes (cf. article) qui uploadent de très nombreuses conversations pas toujours avec le consentement éclairé de leurs utilisateurs … que Snips résout en embarquant en local l’analyse et compréhension de la voix (Speech to text et NLP).
Est-ce que la Blockchain est soluble dans le RGPD ?
RGPD a aussi des implications inattendues sur la blockchain. La DG Trésor avait d’ailleurs bien anticipé ces problématiques en lançant une consultation sur la régulation de la blockchain avec un focus sur le RGPD.
Côté face : La blockchain permet d’assurer la transparence (et l’inviolabilité) des données personnelles (art. 12) en permettant de tracer tous ses traitements.
La blockchain permet de certifier du consentement de la personne (art 7)
Le « Privacy by design » (art 25 - Protection des données dès la conception et protection des données par défaut) est directement intégré dans la blockchain car les données sont chiffrées et hashées.
Côté pile :
La possibilité de rectification (art 16) ou d’effacement de données, la durée de conservation et durée n’excédant pas celle nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont traitées (art 17) est impossible par définition pour la blockchain …
Au sujet de la désignation du responsable de traitement (art 24 du RGPD) et d’un délégué à la protection des données (art 37), pour la blockchain privée, cela n’est pas gênant (la plupart des cas B2B hors crypto-monnaies) car il y a une entité qui assure sa responsabilité en revanche il en est tout autrement pour la blockchain publique où la responsabilité est difficilement applicable aux mineurs (qui fournisse la puissance de traitement).
La protection suffisante en cas de transfert hors UE ((art 44 et suivants ) est difficile à garantir dans le cas d’une blockchain publique où l’information peut être disséminée mondialement.
Conclusion : …
La blockchain est compatible avec le RGPD si elle est soit privée soit ne contient aucune information personnelle (!) directe ou reconstituable (ex : hash d’une identité). La seule solution aujourd’hui est que les informations personnelles soient sur une plateforme qui respectent le RGPD (potentiellement décentralisée si elle respecte le RGPD). Il serait imaginable que la CNIL sous réserve d’un hashage et d’un cryptage suffisant des données personnelles dans une blockchain pourrait accepter que celles-ci ne soient pas des données personnelles.
L’effacement des clés privées reconstituant les données personnelles de la blockchain seraient considérées comme équivalentes à un effacement. Si un petit malin met en place plus tard un système de décryptage grâce à l’informatique quantique, il y a un risque mais je pense qu’on aura d’autres soucis bien plus importants à se faire ...C’est toute la sécurisation des données qui seraient bouleversées avec l'informatique quantique puisque le cryptage de nos données est fondée sur pour résoudre la factorisation d’un entier qui se réalise en un temps exponentiel (problème NP-Complet - cf. article sur la blockchain ) et potentiellement résolu en un temps polynomial avec l'informatique quantique.
Dernier point, le règlement e-Privacy de l’UE risque de poser des problèmes bien plus considérables à la blockchain et sur bien d’autres plateformes car elles concernent toutes les données non personnelles … Good Luck !
La ruée vers la Blockchain ...
Il y avait une pléthore de startups qui se prévalaient des solutions fondées sur la Blockchain : leur signe de reconnaissance : elles terminent par … chain : Vechain, Scorechain, Sunchain.
La Blockchain permet de décentraliser la confiance (et les données ;) au lieu qu'elle soit concentrée par un seul acteur (modulo RGPD cité ci-dessus).
La différence par rapport à une plateforme centralisée est que les données n’appartiennent pas à une entité (qui peut ne pas exister ou en qui on n’a pas confiance) mais sont partagées par l’ensemble des acteurs (qui n’ont pas nécessairement confiance en les autres).
Attention, souvent on utilise une blockchain en conjonction avec une plateforme centralisée ou décentralisée. La blockchain ne conserve dans ce cas que les hashs des données sur la plateforme ce qui garantit son intégrité mais pas sa sécurité.
Il y a parfois une confusion entre ubérisation et blockchain faite notamment par Raphaël Enthoven dans une émission sur Europe 1, le Fin mot de l'Info que je me permets gentiment de tacler par le texte suivant ;)
Il y a peu de temps, j'ai participé à une conférence de Raphaël Enthoven à la Fondation Jean Jaurès. Face au feu d'artifice intellectuel, je tentais de capter désespérément chaque éclat, alors que le précédent m'échappait déjà. Etre sur le qui-vive ne suffit pas !
Ubériser ne supprime pas les couches intermédiaires mais au contraire les crée (certes plus efficacement qu’avant) entre des individus ou des entreprises, les uns cherchant des services et les autres les fournissant (hébergement, trajets véhiculés…).
Ubériser consiste à créer une plateforme pour les mettre en relation très facilement tout en ne possédant pas d’infrastructure en propre (chambre, véhicule …).
Si un doigt pointait la lune et que je regardais le doigt
Mon fin mot de la philo serait « Banalisez pour mieux vous camoufler »
Mais je préfère regarder la lune et mon fin mot de la philo sera donc « Banalisez pour que l’inaccessible soit à portée de main. »
Revenons toutefois sur votre contresens. Vous sous-estimez Luther car il avait une vision bien plus puissante que l'ubérisation, mot vieillissant à la vitesse d'un mauvais rosé.
Pourtant, du haut de mes quatre consonnes et trois voyelles, je choisis, Raphaël de ne pas succomber à votre ensorcellement, quitte à devenir l'avocat du diable,
Mais ne serais-je pas aussi un peu le vôtre car vous vous cachez dans les détails. Illustration ...
Quand vous dites, je cite "Luther, le père du protestantisme n'a pas besoin d'être éclairé par tous ces intermédiaires que sont les Pères de l'Eglise, on assiste à de l'ubérisation théologique... ", vous vous fourvoyez, Professeur.
Ubériser la philosophie reviendrait par exemple à créer un intermédiaire facilitant l'accès de tous aux pensées des philosophes et écrivains en tissant un lien entre elles et des faits d'actualité afin qu’elles soient compréhensibles par le plus grand nombre.
Mais, n'est-ce pas ce que vous faites, n'ubérisez-vous pas la philosophie (en y apportant votre propre matière première bien sûr !)
En banalisant le mot ubérisation, ne légitimez-vous pas votre propre action d'ubérisateur
Il a initié une révolution au départ religieuse qui se propage 500 ans après … la Blockchain. Elle a le pouvoir de dissoudre les corps intermédiaires en étant partagée par tous. Je vous propose donc de troquer votre mot Ubérisation pour Blockchain.
Si Dieu était une blockchain, nous aurions tous une part de lui en nous et il n'existerait parmi les humains que par la communauté qui l'anime / la mine ;)
Premier usage de la blockchain, la traçabilité
Revenons à nos chaînons ...
La blockchain permet la traçabilité de toute transaction (immobilier, sharing economy, prestation commerciale, logistique ... ), information personnelle (parcours professionnel et de formation, santé...)...
GS1, un organisme mondial qui normalise notamment les codes-barres a lancé une blockchain (en démo) qui permettra à ses entreprises adhérentes de tracer leurs produits à travers son projet ScaleChain.
Les premières entreprises « blockchainisées » sont ironiquement les premiers "uberisateurs" comme Uber, Airbnb mais aussi BlablaCar et dans un second temps les GAFA. Potentiellement, on peut voir apparaître l’émergence de blockchains massivement utilisées à l’image du nombre d’utilisateurs de plateformes comme Facebook sur des thématiques telles que le partage d’appartements (concurrent d’AirBnB), de véhicules (concurrent de BlaBlacar) (cf. article sur mes prédictions de l'année).
Autre exemple d’utilisation, nous pourrions accorder des bonus/malus en fonction de la pollution ou des émissions de carbone (pour le calcul de la taxe carbone) tracées par des capteurs certifiées par la blockchain (intégrité et données transmises – cf article), ou pour suivre le respect des obligations.
La Blockchain permet de s’assurer de l’intégrité des données sans les révéler, en les gardant anonymes par leur hashage.
L'Afrique, eldorado de la Blockchain ?
Cela prendra un peu de temps avant que la blockchain ne se généralise et que les acteurs comprennent les cas d’usages et déploient des solutions l’utilisant. Sur un continent comme l’Afrique, la blockchain sera un vaste terrain d’expérimentation.
Il y a notamment des projets facilitant les transactions d'énergie (comme Ubuntu Energy Leader) ou de biens alors qu’il n’y a pas toujours de titres de propriété. La propriété pourrait être « certifiée » par les habitants d’un même village par exemple tous adhérents à une blockchain. Si la communauté est suffisamment importante, pourquoi ne pas imaginer que l’Etat accepte cette blockchain comme preuve de propriété à défaut de ne rien avoir et surtout de ne pas percevoir de taxes à chaque transaction.
AfricaTech, un nouvel Eden ?
La ruée vers l’Afrique s’est accélérée cette année en raison à la fois du formidable potentiel économique de la région.
- la population va passer de 1,2 Md aujourd’hui à 1,6 Md en 2030, 70% de la population a moins de 25 ans mais dépendant à 80% d’adultes actifs ;
- d’ici 2030, l’Afrique a besoin de plus de 5 millions de personnels médicaux et de nouveaux professeurs selon une étude Unicef ;
- concentre 30 % des réserves mondiales en minerais surtout dans quelques pays Afrique du Sud, RD du Congo et Zambie),
- une démocratisation progressive des pays (par hoquets … cf. Niger, Burkina Faso).
L'Afrique est un « Greenfield », champ sans infrastructure initiale ce qui permet de construire sans avoir à intégrer un historique.
Europe : Approche « Teach to fish rather than give the fish »
En plus de startups africaines disséminées dans le hall, un certain nombre d’entre elles étaient concentrées autour de l’AFD (Agence Française de Développement) et quelques acteurs bien impliqués en Afrique : Total, Vinci, Sanofi ;)
Le développement de startups locales est crucial pour le développement du pays lui-même car à l’image de la FrenchTech, cela crée une dynamique vertueuse et celles-ci ont une bien meilleure connaissance terrain que les entreprises occidentales. Leurs solutions sont pragmatiques et tiennent compte des ressources et contraintes actuelles.
L’Europe a appris de sa période colonisatrice alors que la Chine et les Etats-Unis n’ont jamais connu de période de décolonisation. Elle a de vraies cartes à jouer avec une approche « Teach to fish rather than give the fish ». Les entreprises américaines et chinoises sont plus friandes du « Sell their fish and get the money », « Take the Fish for yourself » !
Startups africaines
La logistique est un point d’achoppement majeur en Afrique (à l’image de la distribution commerciale en Inde !). Plutôt que de recréer une logistique complète, les startups comme Keyopstech s’appuient sur le réseau de personnes pouvant délivrer en Afrique. (30% du continent africain sont des « zones blanches » de livraison).
Délivrer un paquet pour une famille alors qu’il n’y a pas d’adresse précise dans un village est une gageure pour un logisticien classique beaucoup moins pour des livreurs ayant une connaissance locale. Ce serait d’ailleurs un très bon cas d’usage pour la blockchain pour suivre l’ensemble des échanges et livraisons locales.
Enfin, iCivil Africa (Burkina Faso) s’attaque à un autre problème majeur : 50% des naissances ne sont pas déclarées en Afrique Subsaharienne (cf. Panel ci dessous).
Africa … Tech … for Good, le lien est tout trouvé entre les deux.
Lono (Côte d’Ivoire) a développé des unités de biogaz sur base de déchets agricoles.
MyJouleBox (startup française) fournit elle une batterie solaire à base de cellules photovoltaïques pour €1 par mois en Afrique.
Tech for Good - Vidéo avec Simplon, Ticket for change, iCivil, Bayes Impact
J’ai animé à Viva Tech un panel sur Tech for Good à Viva Tech. Pour reprendre mon introduction et mes questions lors du panel :
Tech for Good, tout le monde parle de Tech for Good, Emmanuel Macron (CEO France ;), Mark Zuckerberg (CEO de quoi encore ?), Satya Nadella (CEO Microsoft), Eric Schmidt (CEO Google). La vraie question est pour le bien de qui ?
Introduction - La Tech, Baguette Magique de Harry Potter entre nos mains
Est-ce pour quelques-uns, pour le plus grand nombre, pour ceux qui ont le plus besoin ? Est-ce que cela atténuera les inégalités ou les renforcera ? Est-ce que cela nous libérera ou nous rendra plus dépendants d’elle ? Est-ce que l’intelligence artificielle, les robots sont des menaces qu’il faut éviter ou des opportunités qu’il faut saisir ?
La technologie n’est ni bonne ni mauvaise, la différence entre aujourd’hui et avant et que nous avons une incroyable baguette magique entre les mains et que comme apprenti sorcier nous devons apprendre à bien l’utiliser. Évidemment, si on joue trop à Voldemort avec, un jour ou l’autre, soit on finit mal soit comme Harry Potter on casse la baguette.de peur de ce qu’il peut arriver avec.
Pourtant, face aux enjeux climatiques, aux inégalités sociales, à la pollution, au vieillissement de la population et de sa taille. Nous avons besoin de cette baguette. Que faire alors ? Rien de tel que l’exemple en montrant en quoi la technologie peut réellement nous aider et c’est ce que nous avons montré aujourd’hui à travers 4 startups Bayes Impact, Simplon, Ticket for Change et iCivil.
Bayes Impact - Paul Duan
Il y a en France 3 millions de chômeurs, de l’autre près de 300 000 emplois non pourvus dont 70% seraient pour des raisons de manque de compétence.
Sur cette base, Paul Duan, fondateur de l'ONG, Bayes Impact a travaillé avec Pôle Emploi avec son initiative Bob Emploi pour utiliser leurs données anonymisées avec ses algorithmes afin de fluidifier la recherche d'emploi.
Il parle de ses derniers résultats ici dans La Tribune.
Simplon.co - Frédéric Bardeau
Simplon s’est attaqué à l’emploi sous un autre angle celui de la formation.
En un an, plus de 95% des chômeurs longue durée, des réfugiés, des personnes sans diplômes qui passent par Simplon trouvent un emploi alors qu'ils sont situés souvent dans des
zones difficiles ou rurales grâce à des formations de codage alors que tant d'acteurs publics se cassent les dents sur ce problème. Simplon est financé par 30% de ressources publiques (en réalité
plus me précisait Mounir Majhoubi car les formations sont financées par Pôle Emploi ;)
On parle aussi du manque cruel de femmes dans la Tech.
Simplon a 38 % de femmes dans ses promotions ( l’Ecole 42 qu'a fondé Xavier Niel peine à dépasser les 8%) en instaurant en sas de 6 semaines pour éviter
l’auto-censure et faciliter les échanges entre pairs sans regard extérieur.
J’ai eu un rapide échange avec Xavier Niel à Station F à ce sujet la semaine dernière qui m’a indiqué que dans ses autres initiatives (formations au digital et fondatrices de startups à Station F), il arrivait à 30% / 40% de femmes mais qu’il avait beaucoup de mal à avoir des femmes à écrire du code brut (cœur d’activité de l’Ecole 42). Est-ce qu’une approche low-coding ou l’utilisation de l’IA pour coder en dur aiderait ou le événement de startups fondées par des femmes ? A suivre …
Ticket for Change - Joséphine Bouchez
Trouvez un emploi, certes mais lui donner un sens, un sens solidaire c’est la mission que s’est fixé TicketforChange illustré par un très bel exemple avec l’application Yuka.
Vous avez vu pulluler les NutriScore à la télé, sur vos produits, vous savez désormais si vous mangez vert, jaune ou rouge. En un coup d'oeil, vous saurez la qualité nutritive du produit mais rapidement vous voudrez en savoir plus : y a-t-il trop de graisses, de sucres, des allergènes, des additifs à éviter ? Aujourd'hui, vous n'en saurez pas plus ...
Mais d'où vient Yuka ?
Heureusement, il y a Ticket for Change ! Il transmute les "y'a qu'à" en Yuka ;)
Après la formation Parcours Entrepreneur de Ticket for Change en 2016, Julie Chapon et François Simon
ont fondé Yuka qui donne aujourd'hui à plus de 2 millions de personnes toutes les informations nécessaires pour prendre leur alimentation et donc leur santé en main.
Heureusement, il y a Yuka ! Vous scannez le code-barre de votre produit avec le smartphone et savez en quoi il est bon ou mauvais, s'il intègre des additifs cancérigènes et même quels produits équivalents sont mieux notés que lui. Je l'ai testé et mon ex-marque de yaourts préférée est passée à la trappe pour une nouvelle bien meilleure après avoir scanné celles présentes en rayon !
Ca va chauffer dans les rayons ... avec de belles opportunités pour les entreprises qui se soucient de la bonne alimentation de leurs clients :)
Et des Yuka, il y en a déjà 1300 en puissance, 1300 personnes qui ont créé leur entreprise avec un impact social positif grâce à Ticket for Change . Si vous n'avez pas l'âme d'entrepreneur, que vous fassiez partie d'un grand groupe ou d'une PME vous pouvez aussi avoir un impact social et apporter un nouveau sens à votre vie professionnelle en offrant par exemple du mécénat de compétences vers les entrepreneurs sociaux (cf. nouvelles Entreprises Solidaires d'Utilité Sociale (ESUS)).
Icivil Africa - Adama Sawadogo CEO
Mais tout cela est vain, si nous n’existons pas, si nous n’existons pas légalement.
Cela peut nous paraître tellement facile dans nos contrées mais quand il faut faire des dizaines de kilomètres à pied ou à vélo sur des routes souvent impraticables sous une pluie torrentielle ou le cagnard pour déclarer la naissance de son enfant sur des formulaires alors qu’on ne sait ni lire ni écrire, ça devient un vrai chemin de croix que d’exister légalement et d’avoir accès aux soins, à l’emploi, à la nationalité…
iCivil Africa a mis en place une solution en association avec ProofTag, une entreprise française située à Montauban (identifiant unique utilisant les codes à bulles). Les enfants sont déclarés dès leur naissance dans le centre de soins où ils sont nés même si les parents sont analphabètes grâce à la sage femme pour qu’en Afrique, être humain soit synonyme de citoyen.
iCivil Africa a déjà permis à 2900 enfants d'avoir une existence légale dès leur naissance au Burkina Faso,
Handicap
"Le sommet de la reconnaissance c'est l'indifférence à ce que nous sommes."
Il y avait beaucoup de startups et de projets pour faciliter la vie de ceux qui ont un handicap et alléger son poids.
Comme le met en exergue Raphaël Enthoven dans une de ces chroniques le Fin Mot de l'Info « le sommet de la reconnaissance c'est l'indifférence à ce que nous sommes » faisant référence à Galia Wolloch, présidente de l'organisation de défense des droits des femmes Naamat qui félicitait le général de division Sharon Afek pour sa promotion. (1ere nomination d’un général gay israëlien) en précisant « J'aimerais que nous arrivions au jour où une telle nouvelle ne serait plus une nouvelle . »
Le droit à l’indifférence vis-à-vis de son handicap (le handicap ne devient plus discriminatoire en termes d’emploi, d’accès au logement … ) est un enjeu majeur dans l’utilisation des technologies face au handicap. L’objectif serait qu’une personne handicapée puisse avoir des capacités analogues à n’importe qui avec un minimum de contraintes additionnelles à un coût acceptable (si elle le souhaite évidemment.)
Startups dans le handicap
Pour les déficients visuels et malvoyants, Virtuoz créé par Feelobject leur permet de se repérer dans un espace public comme un musée grâce à une carte imprimée en 3D.
Une fois posée sur un petit appareil, la carte est identifiée et permet de savoir l'emplacement des accès, boutique, toilettes via les écouteurs. En appuyant sur chaque icône, l'appareil donne un descriptif sonore.
Microsoft Seeing AI permet de transformer toute image avec son smartphone en une description auditive, reconnaître les visages (identifiés auparavant avec leur consentement), de lire le texte (documents, carte de visite, panneaux), reconnaître les billets, les produits à partir du code-barre vu par la caméra ou les descriptions de scènes.
Project Ray propose initialement un smartphone destiné aux personnes malvoyantes et développé une application qui simplifie l'accès aux fonctions du smartphone, ils utilisent aussi deux stickers sous forme de bouton NFC pour faciliter la navigation.
Google a sorti dernièrement Google Lens avec des applications similaires.
Pour les malentendants Roger Voice sous-titre les appels et donc réalise du speech to text en bilatéral (sans que son interlocuteur n'ait à télécharger une application quand il reçoit un coup de fil d'un malentendant).
Helpicto lui est dédié aux personnes ayant un trouble du langage lié à des pathologies de type autisme, dysphasie, ou encore Alzheimer et utilise l’IA pour faciliter la communication avec l’entourage.
Solutions pour le Handicap, cheval de Troie de l’homme augmenté ?
Nous en sommes encore loin, mais l’homme et la femme augmentées commenceront par aider les personnes ayant un handicap à avoir des aptitudes similaires à ceux qui n'ont pas d'handicap..
Se pose la question de savoir s’il faut limiter ou non la capacité de ces augmentations.
Plusieurs exemples, ne pas avoir d'avant-bras et avoir une prothèse qui décuple la force de ses bras et les rendre modulaires (perçeuse, tronçonneuse, arme ce qui m'évoque un personnage de dessin animé … Cobra) , être non voyant et voir en UV et infrarouge (cf. L'homme qui valait trois milliards ...), avoir Alzeihmer et avoir une mémoire bien supérieure au commun des mortels, est-ce souhaitable, à éviter ou à interdire ?
Dans le cas où il n’y a pas d’interface entre l’intérieur du corps (ex : un nerf) et cette prothèse externe, la question ne se pose pas, car cette prothèse peut être considérée comme n’importe quel outil et peut pour la plupart être utilisée par des personnes valides.
C’est le cas de David Aguilar qui a crée sa prothèse en Légo (cf vidéo). Il me disait qu’il n’avait pas envie de la brancher à son cerveau directement car il craignait de se faire hacker.
Le cas du médicament « robot » qui s’avale et se rejette via les voies naturelles rentre selon moi dans le périmètre du médicament ou de la drogue (s’il a un des impacts délétères sévères sur le corps humain, il est préférable de les interdire !.) Un exemple e-Celsius de BodyCap qui donne la température interne corporelle utile pour le suivi des opérations chirurgicales.
S’il y a une interface entre l’intérieur et l’extérieur (entre un nerf et un capteur électronique par exemple) nécessitant une altération pérenne du corps humain (ex : via une intervention chirurgicale), c’est plus compliqué …
D’un côté, on pourrait dire que ce serait qu’un juste retour des choses que les personnes handicapées puissent à leur tour largement dépasser les capacités des personnes valides. De l’autre, c’est prendre le risque d’inciter chacun à potentiellement se mutiler pour bénéficier de cet avantage. Dans le BTP, une personne ayant perdu son bras pourrait être bien plus efficace qu’une personne valide dans quelques décennies.
Que ferait une personne valide qui a un travail manuel dans le BTP toute sa vie et veux y poursuivre sa carrière ?
A priori, je pencherai pour que dans le cas d’une « prothèse » qui nécessite une altération pérenne du corps humain, on ne puisse pas dépasser les limités humaines. (cf article, j'avais une position encore plus tranchée d'interdire l'intégration de puces dans le corps humain hors cas médicaux et sans augmentation, mais ça semble illusoire vu le développement certes encore marginal d'Implant Party où pour 21€, on peut se faire implanter une puce NFC ! )
Mais est-ce réaliste ? Peut-on brider les capacités de ces prothèses et qu’est ce qui définit les limites des capacités humaines ? Est-ce une moyenne, médiane, le Top 10%, le maximum possible ?
Dernier point, comment éviter le hacking électronique en particulier si cela touche le cerveau ?
A ce stade, il est très difficile d’avoir une position figée car certainement notre société va évoluer et accepter ce qui semblait inacceptable auparavant mais potentiellement l’inverse aussi.
En revanche, je suis contre la position de Moran Cerf qui incite à cette augmentation humaine en se fondant sur la plasticité du cerveaux qui permettrait d'atteindre les rêves ... et cauchemars les plus fous (cf article sur USI - Future professionnel Humanity). Il parle notamment de la capacité du cerveau à intégrer des ailes pour voler.. ce qui sur le plan physique et sans assistance d'un moteur est absurde compte tenu des muscles nécessaires pour décoller ...
Autres innovations : Lidar, CrowdInvesting dans des sacs de livraison
J’ai vu beaucoup d’autres innovations intéressantes dont Jarriquez qui est un Lidar mobile et permet de cartographier quel que soit la luminosité avec une précision de 2, 3 cm sur 60m.
J’ai aperçu rapidement quelques personnalités du Ministère des Armées intéressées par cette innovation
Golbriak Space lui permet grâce à des micro-satellites de communiquer par voie optique en peer-to-peer et de gagner un temps précieux pour les communications entre deux parties très éloignées ou n’ayant pas accès à un réseau télécom terrestre.
Living Pack est une innovation d’usage et de modèle économique en proposant aux voyageurs entre deux gares de transporter des sacs certifiés par les douanes de recevoir 10 euros à chaque trajet.
Pour éviter le transport de matières interdites, vous voyez ce que vous transportez, le sac est géolocalisé et les coordonnées de l’envoyeur (qui paye 18€ pour une livraison dans les 3h), destinataire et transporteur. Vous pouvez même investir dans un sac (80€) à chaque voyage, vous gagnez 2€ !
C’est de l’investissement direct dans la sharing economy ;)
Une startup dans le domaine des transports pour les matheux : dY/dX (formule de la dérivée pour calculer la vitesse ;) en espérant que leur dY/dX2 ne tombe pas à zéro (l'accélération) !
Startups et Grands groupes
Petite digression, un des retours négatifs de Viva Technology est le startup washing de certains grands groupes au détriment de startups.
Oui bien sûr il y a des start-up washing comme il y a eu du greenwashing du AI washing et aujourd’hui du blockchainwashing. Il vaut mieux du start-up washing que pas de startup du tout et c'est souvent la première phase d'une intégration plus importante comme on le voit dans le domaine du green et plus récemment de l'AI.
Il ne faut pas oublier que les grands groupes n'ont pas une vocation philanthropique, et que ce tremplin médiatique pour les start-ups fait place au fur et à mesure à une sélection beaucoup plus rigoureuse en choisissant des startups ayant en une vraie valeur pour les entreprises. A l’image de l’explosion cambrienne des espèces animales, il y a 530 million d’années, après une phase de pullulement, il va y avoir une sélection croissante des startups les plus aptes à prospérer ce qui leur permettra de les transformer en scale-up.
Il est beaucoup plus facile de créer sa start-up qu'avant. Si on est dans un domaine un peu « trendy », ce n'est pas trop compliqué d’avoir du « buzz ». En revanche, c'est nettement plus compliqué de réaliser des partenariats commerciaux pérennes avec des entreprises. La marche pour créer son entreprise est plus basse, ce qui fait mécaniquement que la marche suivante est plus haute pour avoir un modèle économique pérenne toutes choses égales par ailleurs.
Alors certes les startups ne vont pas avoir le tapis rouge devant elles, mais si elles ont la niaque, qu’elles vont à la rencontre de leurs clients potentiels, écouter et chercher à leur apporter une vraie valeur, elles auront plus de chances de réussir que si elles restent planqués sur leur 2 x 2 m.
Evidemment, si vous imitez ce jeune startupper (2mn33) face au micro de Guillaume Meurisse (qui a fait un spécial Viva Tech !!) croyant que le pitch est à l'image de la fameuse Brioche Pasquier doit être fourrée de termes indigestes, il y a de fortes chances que vous vous preniez rapidement une tôle, voire y finissiez car ça frise la pub mensongère.
A force de jouer du pipeau, on risque d’être mis au violon ;)
Lorenzo Croati s'en sort beaucoup mieux à cet exercice :)
Conclusion
Pour finir, plutôt que de résumer ce que j'ai dit avant, je vous propose un moment rock à la fin de Viva Tech avec le groupe Alb qui a l'art de combiner le rythme à la vidéo ... Je vous laisse découvrir !
Et un petit baby foot .. enfin petit ...
Merci aussi à Hugo Artman qui est stagiaire chez Livosphere, m'a accompagné à Viva Tech et travaille avec moi sur de nombreux projets :)
Si vous souhaitez avoir plus d'informations sur des startups, découvrir les autres innovations que j'ai trouvées, ou savoir comment celles-ci s'appliquent à votre domaine, n'hésitez pas à me contacter :)
Dimitri Carbonnelle
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