Disruptions dans le Retail (Grab and go, immersion, personnalisation, logistique) et Smart City (véhicule autonome, dépolluant, données personnelles, Lidar)

Le retail, magasin physique et la ville vont vivre de profondes mutations dans les prochaines années.

 

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Le Retail vit une convergence du digital et du magasin physique (nommé aussi phygital) en facilitant la vie de ses clients (« Grab and go », l'automatisation de la logistique, la robotisation de la livraison à domicile). Le magasin physique se différenciera aussi de la vente en ligne en apportant aussi une  expérience plus immersive, personnalisée et participative.

 

La transformation du magasin reflète une convergence de tendances individuelles et de notre société :

  • simplifier la vie du client en éliminant les tâches ennuyeuses ou pénibles (transport, paiement...),
  • lui redonner confiance (transparence sur l'origine de ses produits, son mode de fabrication )
  • pour lui proposer une expérience personnalisée mais aussi sociale où il peux agir au lieu d'être spectateur (ateliers DIY en magasin plutôt qu'acheteur passif).

Le véhicule autonome est un trait d'union entre le retail et la smart city. Il fera la tournée des magasins pour récupérer vos courses voire avec le "store-to-home", amène le magasin jusqu'à vous mais apporte aussi bien d'autres services (l'e-santé, la Poste, des hôtels mobiles) qui peuvent profondément transformer la ville en particulier ses flux.

 

La Smart City ou la ville intelligente va apprendre à s'adapter à ses habitants communicant avec ses véhicules, ses piétons, son infrastructure  alors qu'aujourd'hui c'est généralement l'inverse.

 

Bien sûr, la question des données, sa centralisation via des plateformes et l'utilisation respectueuse des données personnelles restent centrales pour que ces usages puissent se développer et être acceptés. De nombreux exemples provenant du CES Las Vegas 2018 et le Mobile World Congress à Barcelone l'illustrent

 

La décision récente de faire payer l'utilisation Google Maps par les développeurs montre aussi la nécessité de ne pas s'appuyer sur un seul fournisseur qui fournit ses services gratuitement ...

 

 

Les principaux sujets abordés sont :

Retail

Smart Car to Smart City

  • Smart Car : Véhicule autonome sans volant et par vocation
    • Véhicule autonome, partagé et nouvelle source de revenus
    • Expérimentations avec Rouen Normandie et Transdev - Véhicules autonomes électriques à la demande sur routes ouvertes
  • Ford et la plateforme d’usages dans la ville
  • Arrêter le sur-mesure pour les territoires et passer à des solutions standards - Fiware
  • Toyota – Véhicule Autonome multi-services – Magasin, hôtel, FabLab
  • Voiture anti-pollution et Coût total environnemental d’un véhicule électrique
  • 5G – V2V (Vehicle to Vehicle)
  • Réduction des coûts du Lidar
  • Last but not least: Comment va-t-on respecter la vie privée ?

 

Conclusion

Retail

Le retail est en train de vivre un profond bouleversement, la frontière entre l'e-commerce et le commerce physique s'estompe fortement, les deux univers se nourrissent l'un l'autre.

 

Les 3 axes majeurs de transformation dans les points de vente sont la réduction des frictions qui mène à l'achat (en particulier le paiement), l'expérience immersive, la personnalisation de masse.

 

Un des problèmes de l'e-commerce est le très faible taux de transformation en achat (< 0,2% de clics sur des bannières de pubs pas converties en achat !) qui est bien supérieur dans le commerce physique. Un des problèmes du commerce physique est que sa zone de chalandise est bien inférieure à celle d'un site d'e-commerce et que nous avons nettement moins d'informations sur les clients que sur un site e-commerce (les deux sont certainement liés .

 

C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles, la tendance est à l'hybridation des deux mondes. De plus en plus d'acteurs issus du digital investissent dans le commerce physique ou réalisent des partenariats avec des acteurs majeurs. Amazon a racheté Whole Food Market et a réalisé un accord avec Monoprix, Google a réalisé un partenariat avec Walmart en particulier pour contrer Amazon Echo, Alibaba a réalisé un partenariat stratégique avec Auchan, Tencent avec Carrefour (pour le marché chinois). 

Réduire la friction en transformant un magasin avec le "Grab and Go"

Évidemment la raison pour laquelle nous souhaitons réduire les frictions du client c'est pour qu'il achète plus facilement et donc plus.

 

Amazon a créé Amazon Go son premier magasin Grab and Go (vidéo) à Seattle. A partir du moment où vous avez scanné pour rentrer, vous pouvez prendre (et remettre si nécessaire) les produits qui vous intéressent, et partir sans passer par la caisse. Attention, néanmoins, si vous prenez un produit pour quelqu'un d'autre, c'est vous qui payerez !

 

Néanmoins, Amazon a déplacé le point de friction à l'entrée. Il n'y a pas de queue à la sortie il peut y en avoir à l'entrée car il faut scanner l’application Amazon Go de son smartphone pour rentrer et pour passer les portiques. D'autre part, si vous n'êtes pas client Amazon, la friction est beaucoup plus importante que dans un magasin classique car vous devez créer votre propre compte sur Amazon avec vos coordonnées bancaires, télécharger l'application...

 

C’est la raison pour laquelle Amazon fait tant d’efforts pour avoir des clients réguliers et Premium qui une fois passé le premier point de friction, peuvent dépenser sans compter … enfin presque.

Monoprix (qui d'ailleurs a annoncé le rachat de Sarenza…  et a fait un pastiche de la vidéo d’Amazon Go, pour au final réaliser un partenariat avec lui sur la livraison de produits frais … ;) pousse de plus en plus l’hybridation. 

 

Quelques exemples : « Shop and Go », actuellement déployé dans 80 % du parc permet aux clients de laisser leurs emplettes en magasin, les courses sont emballées et livrées à domicile où s’effectue le paiement. 

Les e-commerçants, les logisticiens du « dernier mile » devraient proposer plus de solutions pour éviter les trajets retours à vide. Les casiers sécurisés et partagés dans les lieux publics pourraient aussi jouer ce rôle dans ce sens. La Poste propose ainsi une solution pour envoyer son colis directement à partir de sa boîte aux lettres.

Monop'Easy permet de payer avec son mobile sans passer par la caisse. « Shop & Give » permet de remettre gratuitement au livreur des produits alimentaires non périmés, des fruits et légumes ainsi que des piles et des ampoules usagées. C’est une excellente idée pour réduire le gaspillage.


Comment réduire les frictions ? Avec le "Sensor Fusion", en utilisant les capteurs et caméras pour identifier qui et quoi.

Le « Grab and Go » consiste à ce qu’un acheteur puisse prendre un produit et partir avec sans passer par la caisse (en payant ! sinon c’est puni par l’article 311-3 du Code pénal, trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende pour vol à l’étalage !)

 

Pour y parvenir, il faut savoir quel produit est pris (et potentiellement remis) et qui le prend. Une multitude de capteurs (poids, présence…) et caméras permettent d'interpréter les comportements des acheteurs, de les identifier ainsi que les produits choisis. Vous entrez dans le royaume du « Sensor Fusion », qui va combiner toutes les données et les interpréter pour répondre au fameux « Qui et Quoi » .

 

Ça tombe bien, une des applications majeures de l'intelligence artificielle (et des réseaux neuronaux) aujourd'hui est l'analyse et l'interprétation d'images et de vidéos (en plus de la reconnaissance vocale et du NLP utilisés notamment par Google Assistant et Amazon Alexa).

Aipoly équipe les magasins non seulement de caméras capables de déterminer la tranche d'âge, le sexe et l'humeur de la personne mais surtout les comportements. Bien sûr cela permet de faciliter le repérage d'éventuels voleurs mais aussi d’analyser le comportement des utilisateurs en face de produits, la prise en main d'un produit, la recherche d'informations sur le paquet.

 

De manière générale, la tendance est d'équiper le magasin pour avoir de plus en plus d'informations sur les clients de manière analogue à un site e-commerce.

 

D'ici quelques années, il y aura des dispositifs permettant de déplacer les produits (robots, rayons automatisés) qui permettront de faire de l'A/B testing directement en magasin afin de modifier le rayon en fonction du comportement des personnes.

Confidentialité des données personnelles 

Cela pose évidemment la question de la confidentialité de la vie privée, à partir du moment où il n'y a aucune donnée qui permet d'identifier la personne, cela est moins problématique. Dans la plupart des cas, les images sont soit analysées par un mini-serveur local voire même par la caméra, ce qui évite d’envoyer l’information.

 

Je redoute néanmoins le jour où le prix du produit sera fonction de la tête du client (ce qui se fait déjà sur les sites e-Commerce), néanmoins ça pourrait avoir un impact inattendu, avoir des prix qui correspondent au niveau de vie de la personne ce qui réduirait ainsi les inégalités... (tout dépend bien sûr des critères qui seront utilisés !).

 

Vu du commerçant, il serait intéressant de tracer l’historique des visites d’un client dans le temps (on peut par exemple lier un visage ou une morphologie avec une signature à quatre caractères alphanumériques (technique de hashage) qui empêcherait une identification mais permettrait de suivre un client lorsqu'il revient cf. article). Dans un magasin, cela permettrait aussi de savoir le nombre de personnes différentes venant dans celui-ci (en retirant le doublonnage.).

 

A l'image d'une clé RIB où on essaierai de retrouver le numéro d'un compte, il n'est pas possible de reconstituer à partir de ces 4 chiffres, le visage d'une personne. En revanche, si on a accès à une base d'images suffisamment restreinte associée à des identités et le hash de chaque image (possible en croisant différentes données comme le sexe, âge, localisation...), il serait alors possible de retrouver l'identité de la personne.

 

En revanche, cela peut être gênant vu du client final selon la durée de stockage des informations même si elles restent anonymes.

Différencier un magasin physique d'un site e-commerce avec une expérience immersive

Au-delà de faciliter la vie du client, le point de vente doit absolument apporter une expérience différente d'un site e-commerce, l'achat de produits banalisés sera de plus en plus l'apanage des sites e-commerce.

 

En revanche, le point de vente a des vraies cartes à jouer pour d'une part apporter une expérience immersive, très difficile ou trop chère à réaliser chez soi et personnaliser parfaitement son produit très facilement et très rapidement en fonction du client.

 

Créer une expérience immersive chez chaque particulier n’a pour la très grande majorité des cas que peu de sens économique (même si nombre d’entreprises proposent leurs machines à fabriquer des cosmétiques chez soi…), c’est donc une vraie barrière à l’entrée que de créer une expérience immersive. Il est beaucoup plus facile de la réaliser en magasin.  

 

Le produit n'est pas encore très folichon mais Sniffy associe affichage de vidéo et des odeurs. D'autre part, on ne vient pas au magasin pour voir des vidéos mais pour voir les produits les tester, je reste donc perplexe sur la réussite de ce produit. En revanche je crois beaucoup plus à l'association des odeurs ou d’autres sensations avec un environnement immersif.

Le magasin se transforme en showroom d'expériences difficile à reproduire chez soi. Woolrich a créé ainsi dans son magasin phare à Milan un « Extreme Weather Experience Room » où les clients peuvent tester leur Parka dans une pièce à -20°c, neige, glace vent inclus. (En revanche, pas top pour sur le plan énergétique …)

 

Le magasin doit ensuite transformer cette expérience en achat en magasin ou au pire après coup. 

En personnalisant ses produits

La réalité virtuelle permet d’avoir une première expérience d’un service (ex : voir ses vacances en réalité virtuelle) mais surtout de personnaliser un produit avant de le fabriquer (les véhicules, chaussures, vêtements personnalisés à votre goût).

 

La personnalisation peut devenir tellement précise et attendue par le client qu’il n’est pas possible pour l’utilisateur d’aller dans un autre magasin ou enseigne (cf. fonds de teint Lancôme et chaussures sur-mesure par Blueridge sur base de vos pieds scannés en magasin)

Réalité virtuelle pour voir son produit personnalisé avant sa fabrication 

La réalité virtuelle permet aussi de réduire la taille des magasins tout en proposant une variété de produits personnalisés beaucoup plus grande à l'image de ce que l'on voit sur les sites e-commerce. Cela peut d'ailleurs être un levier pour développer le commerce en centre-ville sur des petites surfaces.

 

De plus en plus de constructeurs automobiles comme Peugeot et Audi intègrent dans leur concession des dispositifs de réalité virtuelle pour personnaliser son véhicule directement en ayant une vision de plus en plus réaliste à l'intérieur et à l'extérieur du véhicule. (ci-contre une opération Marketing de Peugeot pour transformer une cabine téléphonique en concession grâce à la réalité virtuelle ;)

 

Même si cela doit prendre plus de temps au client pour choisir vu la multitude de possibilités cela doit aussi augmenter le taux de transformation du concessionnaire. 

Comme la fabrication d’un produit personnalisé en un temps réduit en magasin n’est possible que pour peu de produits, il est nécessaire de le présenter de la manière la plus réaliste possible en utilisant par exemple la réalité virtuelle / mixte ou des solutions de vidéo mapping comme Smart Pixels sur des produits physiques « blancs » dans des magasins.

 

On peut ainsi personnaliser ses chaussures (Berluti ou Nike selon vos moyens ;), ses chemises (pour l'instant sur un mannequin.) en boutique, et se faire livrer un peu de temps après chez soi ou en boutique.

À une taille plus réduite que le stand de Ford au CES, on peut imaginer une pièce ceinte d’écrans affichant des vidéos émettant des odeurs adéquates pour immerger les clients (plusieurs entreprises réalisent déjà ce type de prestation synchronisant vidéo et diffusion d'odeurs).

 

On peut aussi associer l'immersion via des lunettes 3D et la diffusion d’odeurs en fonction du lieu virtuel dans lequel on se trouve (une autre entreprise française réalise aussi cela). 

Personnalisation du produit avec une image imprimée associée à la vidéo personnelle

Une des manières de personnaliser des produits en magasin est simplement d'ajouter un sticker photo avec votre photo directement prise à l'achat ou que vous choisissez sur votre smartphone.

 

Cela paraît très basique sauf si vous associez à cette image, une vidéo de vous souhaitant Bonne Anniversaire via una application ad hoc.  Le principe est simple mais cela permet de très facilement apporter une touche de personnalisation et d'émotion à son produit.

 

C'est sur principe qu'est parti PostMii très récemment qui au-delà de sa première activité, impression sur place d'une photo lors d'un événement, soirée associé à une vidéo a choisi de le proposer aux boutiques cadeaux notamment. 

 

Il faut que la personne recevant le cadeau accepte de télécharger l'application PostMii pour avoir son message mais  la très grande majorité le font ... Dernier point, cela permet aussi au commerçant de récupérer les coordonnées du client (pas du destinataire car il n'a rien demandé !).

La personnalisation avec la fabrication chez soi

Au CES, beaucoup de startups proposaient de personnaliser ses cosmétiques (Romy, Emuage)  ses huiles essentielles (Oblend), parfums d’ambiance (Moodo) ou de parfums à porter( Nota-Nota)

 

Aujourd'hui, ils proposent leurs solutions en B2C ce qui me semble voué à l’échec.

 

C'est un peu la yaourtière des temps modernes mais pour les cosmétiques. En revanche, en B2B cela a tout à fait du sens, c'est une solution qui permet d'une part de proposer un produit complètement personnalisé à un grand nombre de clientes (ce qui amortit le prix de la machine) avec des marges nettement plus élevées. 

Le meilleur exemple à ce titre est le fond de teint Lancôme que vous pouvez directement personnaliser dans un certain nombre de boutiques en fonction de la couleur exacte de votre peau (il est aujourd'hui difficile de trouver le bon de fond de teint correspondant à sa peau, c'est la raison pour laquelle en général, les femmes changent peu de fond de teint par la suite).

 

Ce fond de teint Lancôme est vendu à 70 € Vs 35€ à 40€ pour les autres fonds de teint Lancôme (cf. article et photos).

Le Food, services et l’abonnement le nouveau modèle économique des magasins ?

Apporter une expérience immersive, personnaliser ses produits en magasin coûte cher et risque de transformer nombre de magasins en show room (visite en magasin, achat en ligne), ce qui pour des raisons économiques va réduire leur nombre. 

 

Il y a deux tendances pour compenser au moins partiellement ces coûts additionnels et inciter les clients à revenir régulièrement :

  1.  l’arrivée de nouveaux services directement intégrés dans les magasins, cohérents avec le point de vente et idéalement utilisant les produits en boutique (ex : restauration dans un hypermarché, coiffeur, manucure, esthéticienne dans une boutique de cosmétiques, ateliers de bricolage dans des GSB)
  2. le paiement d’abonnement / forfait pour accéder à certains services ou lieux

La personnalisation en magasin - DIY - Do-it-Yourself - Aroma-Zone

Alors que la fabrication chez soi n'est pas la voie la plus rentable et la personnalisation en magasin comme le propose Lancôme est assez onéreuse, il y a une troisième voie qui correspond à des aspirations de plus en plus fortes des clients le DIY ou Do-It-Yourself en magasin.

 

En effet, vu du client, il permet à celui-ci de prendre plaisir à fabriquer ses propres produits avec des ingrédients proposés par le magasin. A condition que le magasin joue la carte de la transparence sur l'origine des matières premières (répondant à un besoin accru de transparence lié à une méfiance aiguisée des consommateurs vis-à-vis des marques), cela contribue aussi à rassurer le client et même à créer un engagement beaucoup plus fort du client vers la marque. Le client devient fabricant de produits de la marque ! D'autre part, cela permet aux clients d'en rencontrer d'autres, d'avoir des activités sociales variées...

 

Pour la marque, les bénéfices sont multiples en plus de l'engagement et de la fidélisation. La première est que l'achat en ligne n'est pas à même de reproduire la même expérience ! Cela fait même venir des clients et les ateliers de fabrication étant souvent payants, c'est une source supplémentaire de revenus ! Quand on y pense, c'est un comble ;) Avant une marque payait des salariés pour assembler des produits, maintenant ce sont les clients qui paient pour les fabriquer. Le rêve pour une marque ;) Pour être honnête, la production par des clients est nettement inférieure à la production pour une finition souvent nettement moins bonne ... Ce qui fait qu'ils repartent avec des produits déjà faits par la marque. En revanche, la valeur émotionnelle pour les produits fabriqués par le client est nettement supérieure.

 

C'est l'approche d'Aroma-Zone qui propose à ces clients de réaliser leurs crèmes, rouges à lèvres ... dans leur magasin à St Germain à Paris avec des ateliers qui ne désemplissent pas.

L'abonnement au magasin pour offrir des services exclusifs - Wingtip

Un exemple intéressant est celui du magasin Club une WingTip à San Francisco (ancienne Banque d'Italie) qui est à la fois un magasin libre d’accès similaire au Printemps  Homme vendant aussi bien les vêtements, les alcools, vins, cigares. Il dispose d’un barbier logé dans un ancien coffre fort pour un accès destiné aux membres (125 dollars pour 4 visites par mois ou un accès illimité pour 200 dollars habitant dans les environs).

 

Les services proposés vont d’un accès à un superbe rooftop sur San Francisco, des salles privatisées, un simulateur de golf, un retoucheur et tailleur sur-mesure, une mini-cave personnelle mais aussi la possibilité de se voir prêter des produits de marques et d’échanger des montres (une Rolex contre une Breitling par exemple mais pas une Swatch ;)


J’imagine mal avoir un abonnement pour chaque magasin,  ça reviendrait vite cher !

 

On peut néanmoins imaginer un espace-membre aux Galeries Lafayette ou Printemps avec des services comme des coiffeurs, salons de massage, des cours de yoga, gym suédoise … avec des prix réduits ou intégrant certains services… et un abonnement a coût nul si les dépenses dépassent un certain montant. Ils proposent des services mais pas aussi élaborés.

 

Pour inciter les clients à les faire sortir de leurs tanières et de leurs écrans pour venir en magasin, les distributeurs et les marques vendues par ces distributeurs ne peuvent plus se contenter de vendre des produits, ils doivent apporter des services connexes afin de fidéliser les clients et les inciter à sortir de chez eux pour venir dans leur magasin.

 

Il y a aussi un impact collatéral potentiel, cela pourrait réduire le nombre d’indépendants sur tous ces métiers de services. En revanche, les groupements de franchisés pourraient en bénéficier pour devenir des shop in shop ainsi que les indépendants qui s’associent à une marque ou à un distributeur. 

Hôtellerie nouveau canal de distribution grâce à l'expérience client vécue 

Autre innovation commerciale, Sensorwake a réalisé un partenariat avec le groupe hôtelier asiatique HIS. De nombreux Sensorwake sont installés dans les chambres ce qui permet aux clients de les tester au réveil.

 

L'hôtel propose ensuite de vendre le réveil olfactif. Guillaume Rolland (CEO) m'a indiqué que le taux d'achat est très bon car les personnes ont pu tester et vivre l'expérience du produit avant.  Cela va dans la tendance de plus en plus forte de proposer l'expérience d'un produit ou d'une solution avant l'achat (alors qu'en général, on achète sur base d'avis et d'expérience d'autres utilisateurs puis on l’achète).

 

À ce titre, les groupes hôteliers peuvent devenir de vrais nouveaux canaux de distribution de produits car ils ont cette chance de permettre aux clients de vivre des expériences avec des produits qui n'ont pas acheté. En revanche, cela ne réussit pas pour tous les produits, AccorHotels aurait aussi fait des tests dans ce domaine qui n’auraient pas été concluants.

 

Le produit proposé doit être cohérent avec l’expérience à l’hôtel, on ne doit pas le trouver pas facilement ailleurs (ex : produits locaux), et même idéalement on peut le personnaliser (date, lieu, événement) si c’est un lieu de villégiature, à un prix consistent avec un achat coup de cœur.

 

D’autre part, l’achat doit être extrêmement facile, ce n’est plus le « Steal and Go » du fameux peignoir de bain de l’hôtel, mais du « Grab and go », directement mis sur la facture.

Avec AccorLocal, AccorHotels diversifie les usages de ses hôtels (et potentiellement accroît son « yield ») en devenant une plateforme de services locaux à destination des habitants proches grâce aux commerçants et indépendants en se fondant sur l’expérience de JohnPaul racheté récemment.

 

L’exemple typique, ce sont les cours de Yoga entre 18h et 20h dans des salles de réunion (période où elles sont vides).

Pour augmenter le taux d'occupation de ses suites, de nombreux hôtels à Las Vegas les propose pour réaliser des soirées « Corporate » (par exemple soirée KickstarterIndieGoGo ou Hardware Club ;) à des prix nettement inférieurs que la location d’une salle ou d’un restaurant avec un service traiteur, nettoyage ...

 

Ce serait intéressant de voir si les hôtels modifient la configuration de leurs salles et chambres pour devenir plus modulaires et fournir des services additionnels.


Fog manufacturing - Personnalisation de masse : Transformation de la fabrication 

La personnalisation de masse associée à l'exigence d'instantanéité des clients peut profondément transformer les circuits de fabrication des produits. Cela oblige à réduire fortement les délais et les distances entre le consommateur final et la production du produit.

 

J'appelle ça le fog manufacturing (cf. article) avec des unités en magasin qui personnalisent le produit, alors que les éléments standards ou banalisés (ex: une base de crème) peuvent être produits beaucoup plus loin.

 

Cela transforme aussi le mode de conception des produits qui doivent être conçus dès le départ comme modulaires. Les modules personnalisables peuvent l'être à proximité du client, dans un délai et un coût réduit.

 

C'est d'ailleurs le positionnement de Blue Ridge qui propose une solution permettant de scanner son pied et d'obtenir une chaussure sur mesure.

 

Dès le départ la chaussure a été conçue pour pouvoir s'adapter à chaque pied pour des coûts de fabrication d'une chaussure standard et non d'une chaussure sur mesure. C'est la customisation de masse.

 

Cette personnalisation pose néanmoins une question sur la réutilisation et recyclabilité. Un mug avec votre photo dessus a beaucoup moins de chances d'être réutilisé qu'un mug non personnalisé sauf si dès le départ la personnalisation est facile à enlever. C'est un vrai enjeu si on veut éviter un gaspillage encore plus massif de produits. En revanche, on peut s'attendre à ce que les produits personnalisés soient moins jetés ou gaspillées (pour des raisons émotionnelles, il est probable que vous gardiez plus longtemps votre mug personnalisé qu'un mug standard.)

Under the hood – Logistique et les robots livreurs

Alors que la friction liée au paiement se réduit de plus en plus aujourd'hui le principal point de friction est la livraison du produit ou le déplacement nécessaire pour acheter et obtenir le produit.

 

C'est l'une des raisons pour laquelle le véhicule autonome et les robots autonomes livreurs ont tellement le vent en poupe auprès des plus gros sites e-commerce.

 

Ce n'est pas un hasard si les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent Xiaomi) s'intéressent autant au véhicule autonome. Baidu ainsi présente son camion autonome Apollo qui lui permettra d'automatiser encore plus la chaîne logistique, réduire les coûts et les délais ( les 3*8 devienne les 1*24 !)

 

Alibaba a aussi pris une participation de 10 % dans Xiaopeng Motors qui a présenté son véhicule autonome au CES.

C'est aussi l'un des premiers usages présentés par Ford, où l'on voit le véhicule autonome faire la tournée des magasins pour récupérer les produits achetés en ligne sur le site e-commerce du commerçant local.

 

Il y avait aussi au CES, beaucoup de robots autonomes comme Twinswheel qui peut vous suivre à la trace ou Unsupervised.Ai qui propose un robot à la Boston Dynamics pour livrer sur les 50 derniers mètres. 


C’est ce que Toyota appelle le Real e-Commerce, le van e-palette équipé comme un magasin de chaussure (ou de vêtements) vient à votre domicile. Vous pouvez essayer les chaussures et les prendre avec vous ce qui débitera automatiquement votre compte.

 

 

e-palette est beaucoup plus modulable que Robotmart puisque vous pouvez aussi transformer ces véhicules en casino, en hôtel individuel en Fab Lab…

L'étape ultime semble être le magasin mobile autonome qui vient à vous.

 

RobotMart avait présenté son véhicule autonome primeur intégrant du Grab and go. Vous demandez via une application qu'il vienne chez vous, vous prenez les fruits et légumes qui vous plaisent. Avec un système de caméra et de capteurs, il est capable de savoir ce que vous avez pris et directement de ponctionner la somme correspondante sur votre carte de crédit.


Logistique – Robotisation des entrepôts et de la livraison

L'utilisation de ses robots en particulier dans les entrepôts permettrait de réduire la pénibilité du travail ainsi que  le transport de bagages dans des aéroports.

Dans le même registre, Eyesee a aussi présenté son drone capable de réaliser l'inventaire d'un entrepôt sur base des codes-barres sur les paquets.

 

De manière générale, il faut s'attendre à ce que les services associés au site e-commerce et physique soient de plus en plus mutualisés même entre concurrents afin d'avoir des effets de masse et réduire les coûts (ex: Monoprix a signé un partenariat avec Ocado, leader du e-commerce alimentaire outre-Manche qui construit un entrepôt automatisé, robotisé au nord de Paris pour livrer d'abord Paris, puis l'Ile-de-France, la Normandie et les Hauts de France et avec Amazon pour la livraison en 1 à 2h de produits frais à Paris ).

 

C’est aussi la raison pour laquelle, Alibaba mettait en avant ses solutions de production de contenus, de maison connectée, d’applications industrielles et autres, tournée autour de l’intelligence artificielle au CES à l’image de ce que fait Amazon avec AWS et ses solutions logistiques.

 

Les acteurs chinois devraient être de plus en plus présents en Europe et aux Etas-Unis, parfois en en réponse à l’hégémonie d’Amazon (cf. Accord entre Auchan et Alibaba et le lancement de Tmall Genie qui ressemble étrangement à Amazon Echo…pour passer commande sur Alibaba).

Smart Car to Smart City

Smart Car : Véhicule autonome sans volant et par vocation

Au CES Las Vegas, on n'est pas constructeur automobile si on n'a pas présenté sa voiture autonome ;)

 

Tout le monde avait la sienne même si la démocratisation de la voiture autonome ne devrait pas arriver au plus tôt avant 2025/2030 pour des raisons de coûts, d'infrastructures routières et de réglementation (pour info je commence une nouvelle étude avec les Echos à ce sujet, elle ira beaucoup plus loin sur le sujet que ce que j'avais présenté lors de ma première étude il y a 2 ans).

 

Aujourd’hui l’intérêt de proposer les services à l’intérieur d’un véhicule (ex: proposer de remplacer les essuies-glaces, déjeuner à proximité, visiter tel site) reste encore limité car il est utilisé moins de 10% du temps par an, en moyenne par 1,5 personnes  y compris le conducteur qui ne devrait se porter que sur la route …. ;) 

Dans ces conditions, il est difficile de vouloir distraire plus encore ce conducteur à moins que cela serve directement à sa sécurité (plus quelques services de conforts), c’est ce que propose Nissan qui avant de se débarrasser définitivement du conducteur, veut interfacer le cerveau et le véhicule avec le brain-to-vehicle (B2V) technology (en référence à la communication V2V vehicle-to-vehicle entre véhicules).

 

Un bandeau sur la tête permet de réagir plus rapidement (temps de réaction entre cerveau et les membres) et d'anticiper les mouvements. Pour des raisons de sécurité, il y aura un contrôle de plus en plus élevé sur la capacité du conducteur à conduire (éthylotest obligatoire, contrôle d'hypovigilance...) ce qui d'ailleurs incitera tout le monde à passer le volant ... à la voiture autonome. Cela semble gadget à ce stade car c’est une solution transitoire et un peu compliquée sauf à transformer le véhicule en cabinet médical….

Byton (société chinoise) reste sur le véhicule connecté et a fait autant de bruit que Faraday Future l'année dernière avec sa concept car. Il pousse la personnalisation de l'interface au maximum et abuse du geste pour commander son véhicule. L'omniprésence des écrans devient oppressante. Qui sait, au prochain CES, il n’y aura peut-être même plus de pare-brise et de vitres, remplacés par des écrans flexibles.

 

Il y a de fortes chances que Byton termine comme Faraday Future (aussi chinois) qui a disparu d'ailleurs des radars depuis. Autant sur le hardware, les sociétés chinoises sont capables de faire des prouesses, autant sur l'intégration du hardware et du software comme c'est le cas dans l'automobile ils ont d'énormes progrès à faire pour plaire aux consommateurs occidentaux. 

Véhicule autonome, partagé et nouvelle source de revenus 

Mercedes présente Smart Vision EQ Concept, son nouveau concept sans volant ce qui paraît logique à terme mais peut être perturbant (surtout si on fait face à la route car nous sommes dépossédés de la capacité d’agir sur le véhicule). ;)

 

Le véhicule autonome est par essence électrique (pardonnez-moi pour ce mauvais jeu de mots…) et surtout partagé.  Compte tenu de la faible utilisation des véhicules et du coût bien supérieur, ce serait un non-sens économique qu’un véhicule autonome reste individuel.

 

Pour amortir ce coût, il est donc essentiel de le partager. Cela pourrait même être un investissement financier, on investirait dans un véhicule comment on investit dans un logement pour louer. Un certain nombre d’intermédiaires pulluleraient sur des plateformes comme Drivy, à l’image de ce qui se passe sur AirBnb où des agents auraient pour charge de gérer une multitude de véhicules pour gérer la maintenance, la réparation, les formalités administratives… des véhicules.

Plus probablement, ce sera un marché qui servira de relais de croissance pour les constructeurs automobiles et les acteurs de l’after market (Norauto, Speedy, Feu Vert…). L’avantage d’investir dans un véhicule autonome plutôt qu’un logement est que la barrière à l’entrée est beaucoup plus réduite en termes de coûts, l’utilisation du véhicule est beaucoup plus faible que celle de logement, ses usages et sa zone de chalandise sont aussi beaucoup plus vastes de par sa mobilité. Pour le constructeur automobile, on peut imaginer des montages financiers où le prix du véhicule est payé par un crédit remboursé par les revenus tirés par le partage du véhicule et où il prendrait une commission à chaque étape. 

 

Une autre vitrine du véhicule autonome (ci-dessus un prototype de Nvidia) sera dès 2019 les RoboRace, les premières "Formules 1" de véhicule autonome qui utiliseront les mêmes circuits que les circuits de Formule E (Electrique). Les véhicules sont identiques (fondés sur la plateforme NVIDIA Drive Pegasus AI) en revanche le software et l'IA sera développés par chaque équipe.

Expérimentations avec Rouen Normandie et Transdev - Véhicules autonomes électriques à la demande sur routes ouvertes  

Rouen Normandie et Transdev présentait dans la partie Smart City, leur expérimentation utilisant 4 véhicules autonomes (Renault Zoé rendues autonomes) accessibles au public. Il permet de se rendre de la gare à un point proche du domicile (17 points d’arrêts) ou l'inverse en utilisant la voie publique.

 

On peut commander directement son véhicule à partir d'une application. Le trajet est gratuit (car c'est dans le cadre légal d'une expérimentation). Si deux personnes veulent utiliser le véhicule en même temps pour des directions proches, le trajet sera nécessairement partagé par les deux.

 

Cette expérimentation aura un conducteur à bord jusqu’à mi-2018 mais en sera dépourvu après … L’intérêt de celle-ci est multiple, explorer l’intégration d’un véhicule autonome sur une route ouverte aux autres véhicules, dans un cadre plus large de mobilité comme une « last-mile » navette, tester l’appétence des utilisateurs à ce nouveau mode de transport après les premiers effets de curiosité mais aussi face à des dégradations possibles … Beaucoup de questions trouveront une réponse pragmatique grâce à cette expérience terrain.

Ford et la plateforme d’usages dans la ville

Ford a juste montré deux véhicules, à côté d'écrans géants sur son stand nous immergeant dans la ville. Il est sans doute le constructeur automobile ayant été le plus loin dans l'intégration de la voiture autonome dans un environnement plus global, la Smart City (sur les vidéos en tout cas !).

 

Il propose de devenir une plateforme de services fondée sur la mobilité avec des services concrets pour le particulier ("car sales pickup" - votre véhicule fait la tournée des commerçants auprès desquels vous avez acheté vos produits qui les dépose au fur à mesure dedans). Ils vont même plus loin en imaginant comment un véhicule dont le conducteur aurait un malaise non seulement appellerait les secours tout en garant la voiture sur le bas-côté mais aussi pourrait modifier la signalisation des feux rouges pour faciliter l'arrivée de secours et réduire les risques d'accident.

 

La ville se réorganise, se reparamètre en fonction de chacun de ses constituants, véhicules, piétons, infrastructures …

Ce qui pose d'ailleurs plusieurs questions …

Qui va tout gérer ?

 

Ford se positionne pour devenir la plateforme de la ville et multiplie les partenariats (ex : Postmates pour livrer les colis)  mais qui au final est le plus légitime pour détenir cette plateforme, serait-ce un acteur privé, un GAFA ou tout simplement la ville ? 

Arrêter le sur-mesure pour les territoires et passer à des solutions standards - Fiware

Pour qu'il y ait un vrai développement de la Smart City, il faut que les entreprises qui développent des solutions puissent les utiliser dans de nombreuses autres villes et ainsi éviter de devenir dans une société de service, qui nécessite de réinventer la roue à chaque nouveau projet. 

Si les territoires ne prennent pas en main directement le sujet, le risque est que ce soit des acteurs privés comme Ford, des GAFA qui aient la mainmise sur le développement de la ville intelligente.

 

Or, les territoires ont un rôle majeur dans cette transformation, en revanche ils doivent être capables de cerner ce qu’ils sont capables de réaliser par eux-mêmes et ce qu’ils doivent déléguer à d’autres acteurs notamment privés.

 

Ils me semblent les seuls capables (en concertation avec la région, l’Etat) d’être garants de l’intérêt des citoyens et d’en piloter les différents acteurs autour de la Smart City. Ils doivent aussi accepter de ne pas développer des solutions sur-mesure spécifiques uniquement à leur ville (cf. article sur la Smart City) pour deux raisons : cela prendrait beaucoup trop de temps et cela coûterait beaucoup trop cher.


Pour que cela soit possible, il faut que les villes acceptent de réutiliser des solutions existantes qui réussissent plutôt que de partir du principe que leur ville n'a rien à voir avec les autres et donc doit avoir une solution qui leur est spécifique. Fiware est par exemple une plateforme digitale open source pour la Smart City financée par l’UE qui peut se combiner avec les standards proposés par OneM2M.

 

Elle a été adoptée par de nombreuses villes à l’étranger (Séville, Prague…) mais trouve très peu d’échos en France (St Quentin l’utilise). Si un écosystème de solutions de startups, PME/ETI… se mettait en place autour de ce standard (ou d’un autre ouvert), cela réduirait fortement les coûts de déploiement et délais, accroîtrait la sécurité (car testée par de nombreux acteurs). Aujourd’hui, les villes préfèrent encore se lier à des solutions propriétaires sur lesquelles elles s’engagent sur des longues périodes… Pourquoi ? ….

Toyota – Véhicule Autonome multi-services – Magasin, hôtel, FabLab

Toyota avait le concept le plus innovant dans le véhicule autonome avec son véhicule e-palette.  

 

Un des changements fondamentaux apportés par le véhicule autonome est non seulement l’absence de conducteur (ce qui réduira drastiquement le nombre de morts), mais aussi les conséquences de cette absence (en plus de la réduction du nombre de chauffeurs…).

 

Le véhicule a un espace disponible accru (il n’y a plus de volant, de pédales, de tableau de bord dédiés à la conduite) et cela permet de transporter et d'apporter des services en même temps (ou en temps masqué). Cela libère le transport en réduisant fortement son point mort : moins de coûts (pas de chauffeurs) et de contraintes humaines (temps pour le conducteur pour se reposer ou  faire autre chose ) donc un temps d’utilisation allongé.

 

Des services accessibles seulement sur certains transports communs (avion, train) deviennent accessibles au véhicule individuel et vans.


Le premier exemple est le « mobile hotel » qui permet de dormir dans un lit durant un long trajet. Evidemment, cela nécessite un changement de la réglementation pour autoriser les déplacements sans ceintures de sécurité.

 

Un véhicule autonome pourrait rentrer dans la catégorie des véhicules de services publics contraint par nécessité de service de s'arrêter fréquemment et qui ne nécessite pas de ceintures… Pour un « mobile hotel », c’est un peu compliqué à justifier ;) En revanche, on peut utiliser une flotte de « mobiles hotels « dans les lieux sans hôtels ou en sous-capacité ponctuelle.

 

Pourquoi ne pas imaginer commander son « mobile hotel » quand on part en voyage d’affaires ou des vacances en solo sur une courte période (il n’y a de place que pour un lit une place !) ? On pourrait y dormir, y travailler, il nous emmènerait sur nos lieux de rdv sans perdre de temps dans les transports.

Au-delà des services de livraison automatisée, le magasin mobile verra certainement le jour en premier (décrit plus haut). La fabrication (de pizzas et pas seulement livraison) et le Fab Lab mobile semblent plus compliqués à mettre en œuvre compte tenu de la spécificité de l’équipement à mettre dans e-Palette.

 

En poussant l’idée plus loin, Toyota imagine un « on demand city », où des véhicules autonomes apporteraient tous les services lors d’un événement par exemple un concert, (food truck, "mobile hotel", santé…). A long terme, cela pourrait être une idée pour desservir les zones rurales qui manquent de services (santé, Poste, hôtellerie mobile…)

 

Un principe essentiel d’e-Palette est sa fabrication modulaire sur une base identique (3 modèles de même hauteur et largeur), l’équipement intérieur est modulaire. Cela ressemble étrangement au concept de France Craft présenté il y a deux ans avec son véhicule électrique modulaire…

 

e-Palette est fondé sur une plate-forme ouverte Mobility Services Platform (MSPF), Toyota s’est associé à Amazon, Didi (concurrent d’Uber en Chine), Mazda, Pizza Hut et Uber pour développer de nouveaux services avec eux. Le lancement commercial d’e-Palette n'est pas pour demain néanmoins une première expérimentation sera présentée lors des Jeux Olympiques 2020 à Tokyo. 

 

 L'utilisation de véhicules et de robots autonomes de livraison sur la voie publique pose néanmoins des problèmes d'occupation de la chaussée ou du trottoir de piste cyclable sur lequel il va falloir commencer à réfléchir en termes de de sécurité, priorité...

 


Voiture anti-pollution et Coût total environnemental d’un véhicule électrique 

Hyundai présentait un oxymore technologique, enfin pour l'instant, un véhicule anti-polluant. Ce véhicule utilise des piles à hydrogène associées à un purificateur d'air. Les deux systèmes ne sont pas liés, et donc ce purificateur est applicable aux véhicules électriques habituels et réduirait la pollution extérieure.

 

Un véhicule électrique pollue beaucoup plus en amont qu’un véhicule à moteur à explosion (mais moins lors de son utilisation) et pollue aussi en aval, ce serait donc un minimum qu’il dépollue lorsqu'il est utilisé ;)

En amont, la fabrication d'un véhicule électrique pollue beaucoup plus qu'un véhicule à moteur à explosion en raison de la pollution provoquée par

  • l’exploitation minière nécessaire pour extraire du lithium et des métaux rares nécessaires à la batterie (sans compter les autres impacts écologiques)
  • la production d'électricité génère une pollution extérieure car elle provient au pire de centrales à charbon ou à pétrole et par des centrales nucléaires (pollution à long terme). Même les panneaux photovoltaïques et les éoliennes génèrent de la pollution liée à leur fabrication et à l’utilisation de batteries.

En aval, le recyclage des batteries est coûteux, polluant et potentiellement dangereux, leur réutilisation notamment pour stocker l’énergie (panneaux solaires, la maison) est une des voies pour augmenter leur durée de vie. Par exemple, le stade Amsterdam Arena abritera une installation de 280 packs de batteries de Nissan LEAF (le véhicule électrique du constructeur japonais) en guise de système de stockage d'électricité de secours.

Le Total Environmental Cost réduit si le véhicule autonome favorise les modes de transports « doux » et collectifs

 

Il semble impossible de créer un véhicule complètement propre, la première étape est d’évaluer le Total Environmental Cost en intégrant la fabrication, l'usage et la réutilisation d'un véhicule électrique et de ses composants en fonction de son type de batteries et du mode de production de l'énergie et par rapport aux véhicules à moteur à explosion.

 

Le développement du partage des véhicules, de l'usage par rapport à la propriété et finalement du véhicule autonome devrait réduire le volume de voitures produites par rapport aux véhicules actuels et donc la pollution. Le véhicule électrique doit être aussi un levier à l’usage de transports ayant un impact environnemental plus faible (en facilitant l’intermodularité entre des véhicules électriques et les trains, le vélo par exemple). Pour donner un exemple, si le véhicule autonome incite plus de personnes à prendre les transports en commun parce que cela simplifie les déplacements (ex : navette entre le domicile et la gare), cela réduire de manière globale le nombre de déplacements en véhicule individuel.

5G – V2V (Vehicle to Vehicle)

Le développement de la voiture autonome est tributaire de la communication directe entre véhicules et avec les infrastructures routières … sans passer par une plateforme Internet pour éviter les délais de latence. Il permet notamment le "see-through", voir ce que la voiture en face de vous voit.

 

Qualcomm en fait d'ailleurs un argument pour développer la 5G intégrant son protocole de communication (C-V2X, ou Cellular V2X) fondé sur le standard international 3GPP Release 14.

 

En creusant le sujet avec un des techniciens de Qualcomm, ce n’est pas tout à fait exact. En réalité, le C-V2X sera déjà disponible avec la 4G a priori en test en 2018. Avec la 5G, cela se permettra d’accroître encore plus les performances. Ahhh, les amalgames pour vendre une techno, les fabricants de puces sont incorrigibles. ;)  

A leur décharge, précisons que les délais de latence en 4G sont trop longs pour permettre une utilisation en temps réel pour réagir en cas de risque de collision qui est une des promesses de la 5G …

 

Petit rappel : V2X = Vehicle to Everything  et intègre : V2V, Vehicle-to-vehicle, V2I, Vehicle-to-Infrastructure, V2P : Vehicle-to-Pedestrian, V2D :  Vehicle-to-device and V2G, : Vehicle-to-grid.

Réduction des coûts du Lidar

Afin d'avoir une évaluation très précise des distances, une caméra ne suffit pas, il est indispensable d'embarquer des Lidar (utilisant des rayons laser pulsés ensuite réfléchis et captés), Velodyne et Quanergy se sont spécialisés dans ce domaine et réduisent de plus en plus les prix (de l’ordre de 10 000 € aujourd'hui, 75 000€ il y a 15 ans) et leur taille. Pour démocratiser cette technologie, il faudrait baisser selon les fabricants automobiles, réduire le prix à 250$ …

 

Avec la montée en puissance de la conduite assistée et des véhicules autonomes, on va certainement diviser leur prix comme cela s'est passé pour les accéléromètres avec le développement de la Wii de Nintendo puis les smartphones.  Mais pour réduire à court terme aussi drastiquement les prix, il n’y a pas trente-six mille solutions … mais une : réduire les fonctions qui font grimper les prix et pour les Lidars, c’est leur rotation (afin d’avoir une vision 360°).

 

La rotation pose de nombreux problèmes : mécanique, fiabilité de la mesure, fragilité et risque de panne. En les rendant fixes, cela non seulement réduit les coûts et la taille mais augmente aussi la fiabilité. Quanergy devrait parvenir à fabriquer des Lidars pour 250$ en Q3 2018 en les rendant fixes (solid-state LiDAR). 

Cela suggère une idée à tous ceux qui lancent leurs produits ou qui veulent disrupter un marché, plutôt que d’ajouter des fonctions, retirez-en et voyez comment cela peut ouvrir de nouveaux marchés inaccessibles auparavant.

 

C’est la démarche Blue Ocean et celle de Steve Jobs quand il a lancé le premier iPhone. Rappelons qu’il n’avait pas la 3G à son lancement à la différence de tous les smartphones concurrents, en revanche son design qui était alors l’attente majeure des utilisateurs était incroyablement meilleur que les autres.

Last but not least : Comment va-t-on respecter la vie privée ?

C'est la question posée (par exemple si on nous vole notre véhicule) par Michael Sandel (Harvard) lors de l'Opening Keynote à James Hackett (PDG de Ford) et à une salle comble.

 

Voici ce que je réponds ... (en vidéo) ;)

 

Il n'est pas question de transmettre toutes ses données tout le temps à tout le monde mais de ne transmettre que les données utiles pour fournir un service juste le temps nécessaire pour le rendre et uniquement aux acteurs nécessaires pour le faire.


Conclusion

À travers ces secteurs: Retail, Smart City et véhicule autonome, nous pouvons voir à quel point des nouvelles technologies comme l'Internet des Objets, l'intelligence artificielle peuvent profondément transformer les individus, les entreprises, organisations publiques, les modèles économiques.

 

Il y a toujours une phase d'adoption qui est beaucoup plus lente que ce que la technologie nous permet d'absorber. Il est essentiel d'utiliser ce temps pour que celles-ci apportent un réel bénéfice à tous, et réduire les risques de dérives.

 

Dimitri CarbonnelleContact

Fondateur de Livosphere 

Conseil en IoT, IA et Robots collaboratifs / Cobots