ChangeNow - Innovations Énergie, Eau, Biodiversité (yc compensation carbone, taxe carbone, énergies renouvelables)

Ce 3ème article sur les innovations à ChangeNow est consacré à l'énergie après un 1er article sur quelques paradoxes écologiques et sur comment produire de manière écoresponsable et un 2ème sur l'économie circulaire (la logistique, l'usage, la gestion des déchets (tri,déchets sauvages, recyclage, upcycling, compostage).

 

Notre consommation d'énergie est directement corrélée au PIB, production. Plus le PIB augmente, plus notre consommation d'énergie augmente. Comme aujourd'hui notre consommation d'énergie est le principal vecteur d'émissions de CO2, on peut dire que la croissance de notre PIB entraîne la croissance des émissions de Gaz à Effets de Serre ce qui accroît le réchauffement climatique...

 

Donc pour réduire notre impact, il faudrait ... Réduire notre croissance, non ? C'est un sujet tabou car notre société industrielle est fondée sur la croissance alors on essaie de trouver des solutions pour découpler croissance du PIB et croissance des émissions de GES mais actuellement personne n'a réussi ! Nous verrons ce qui l'en est ici ...

 

Les 3 autres articles sur les innovations durables sont : la Production écoresponsable, l'Economie circulaire et la Mobilité, santé, inclusion, finance durable et indicateurs RSE/ESG.

 

Sommaire (Lien direct vers les parties d'articles)

Énergie 

Eau, innovations pour réduire son gaspillage

 

Biodiversité, souvent oubliée mais indispensable

Conclusion

Énergie

Les innovations sont principalement incrémentales dans l'énergie en permettant d'augmenter l'efficacité énergétique. De nouvelles technologies ont aussi pour ambition de mieux tirer parti de l'énergie hydraulique en particulier du mouvement des vagues.

Production d'énergies renouvelables

Il y a 5 sources d'énergies renouvelables : l'énergie solaire, l'énergie éolienne, l'énergie hydraulique, la géothermie et la biomasse.

 

Les trois premières génèrent principalement de l'électricité et les deux dernières du chauffage (en particulier le bois pour la biomasse).

Energies solaires

L'AIE (Agence internationale de l'énergie) estime qu'avec les installations existantes fin 2018, l'énergie solaire représente 2,6 % de l'électricité produite dans le Monde (soit 585 TWh).

 

Pour se donner une idée du chemin à faire pour basculer totalement vers les énergies renouvelables, elle estime qu'elle pourra atteindre au plus 16 % en 2050. L'énergie éolienne représente elle 4,7 % en 2018.

Lambda Energy travaille sur un filtre réalisé en nanoparticules qui transforme les longueurs d'onde bleu et vert en rouge, ce qui augmenterait de 5 points le rendement photovoltaïque (rapport entre la production produite et la puissance du rayonnement (aujourd'hui limitée à 25 %) captée par les panneaux solaires.

 

Ils sont déjà parvenus à augmenter de 2 à 4 % avec leur prototype et utiliseraient des principes analogues aux quantum dots utilisés pour les TV...

Innoventum développe des solutions hybrides solaires et éoliennes avec un design qui s'intègre facilement dans un paysage ou une zone urbaine. Il commence à y avoir une levée de boucliers parfois justifiée contre les éoliennes, pour leur bruit, leur impact sur les oiseaux et chauves-souris et parce qu'elles peuvent défigurer le paysage.

La récente position d'Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire a d'ailleurs dénoncé leur développement anarchique.

 

Le design et l'intégration des moyens de production d'énergies renouvelables sont donc un enjeu essentiel si on souhaite une adhésion des riverains à leur implantation. Cela rappelle notamment l'éco-design qui a été utilisé par les sociétés télécoms pour cacher leurs antennes BTS (2G,3G,4G).

Enfin, Offgrid propose une solution deux-en une destinée aux pays en voie de développement. Elle utilise l'énergie solaire pour distribuer de l'électricité et rendre l'eau potable (par filtration) dans des lieux éloignés.

 

Cette solution est aussi particulièrement utile en cas de catastrophe naturelle.

Energie hydraulique

Les barrages hydrauliques représentent la très grande majorité de l'énergie hydraulique produite (10 % de l'électricité produite en France, près de 17 % dans le Monde). L'utilisation des vagues et des marées est un autre moyen de produire de l'énergie, mais plus difficile à transformer en électricité.

 

Leur énergie cinétique peut être captée en exploitant les courants de marée, qui peuvent être captés par des turbines, ou hydroliennes ainsi que leur énergie potentielle en exploitant les variations du niveau de la mer.

Cette dernière technique est utilisée dans les usines marémotrices comme la fameuse usine de la Rance mise en service en 1966, restée 45 ans, la plus grande usine marémotrice au monde avec une capacité de 240 MW.

Par comparaison, la majorité des centrales nucléaires françaises ont une capacité de production de 900 MW (les 4 plus puissantes ont une capacité de 1400 MW), les parcs éoliens de Fruges, le plus grand parc éolien en France avec ses 70 éoliennes a une capacité totale de 140 MW, le 1er parc solaire français Helio Boulouparis en Nouvelle-Calédonie a récemment mis en service une seconde tranche portant sa capacité à 30 MW avec 101 200 panneaux solaires sur environ 40 hectares )

 

Les sites adaptés au captage de l'énergie marémotrice sont peu nombreux et nécessitent des aménagements importants qui modifient notablement les équilibres écologiques dans des zones généralement fragiles. La Grande-Bretagne a aussi créé une centrale marémotrice utilisant les courants sous-marins.

SinnPower utilise le mouvement des vagues pour produire son électricité avec un système de flotteur.

 

EEL Energy offre une solution permettant de produire de l'électricité grâce à une hydrolienne biomimétique ondulant comme un poisson dans l'eau. L'intérêt de cette dernière solution est d'augmenter les zones accessibles à leur solution par rapport aux turbines.

 


Même si c'est enthousiasmant de voir de nouvelles solutions qui permettraient de produire de l'énergie renouvelable, ces dispositifs restent encore à l'état de prototype, leur déploiement de manière industrielle semble encore lointain et l'énergie produite et encore trop faible il a un coût trop élevé pour faire concurrence aux autres énergies renouvelables.

 

Néanmoins, il est toujours judicieux de poursuivre ces travaux, car ces solutions peuvent être tout à fait complémentaires à d'autres solutions dans certaines zones locales en particulier pour les îles.

Biomasse

La biomasse est source d'énergie renouvelable si la production de biomasse est supérieure ou égale à sa consommation. En France, elle représente plus de 40 % des énergies renouvelables. Via des techniques de combustion, la gazéification, la pyrolyse ou encore la méthanisation, elle peut produire de la chaleur et plus globalement de l'énergie. Le problème est que sa consommation produit du CO2.

 

Certes l'impact global pourra être nul ou négatif si les forêts captant le CO2 sont utilisées pour produire de l'énergie. Néanmoins, ce serait une supercherie que de transformer des forêts compensant les émissions de carbone en biomasse en disant que nous produisons de l'énergie renouvelable ! Soit on compense le carbone émis, soit on produit de l'énergie à partir de biomasse pas les 2 !

Paradoxe des énergies renouvelables

Accroître fortement l'utilisation des énergies renouvelables est loin d'être une solution simple et sans impact écologique.

Énergie solaire et éoliennes, intermittentes nécessitent des batteries

Etant des énergies intermittentes, les panneaux photovoltaïques et les éoliennes nécessitent des batteries (Li-Ion généralement) pour conserver l'énergie lorsque la production instantanée dépasse la consommation instantanée.

 

Or ces batteries nécessitent certaines « terres rares », dont le lithium et le cobalt extraits de mines qui peuvent être extrêmement polluantes.

Eoliennes réduisent la biodiversité des oiseaux et chauve-souris

S'ajoute un autre problème pour les éoliennes. Elles réduisent la biodiversité en tuant un certain nombre d'oiseaux et chauves-souris (entre 0,3 et 18,3 selon la Ligue de Protection des Oiseaux principalement des passereaux cf. son étude).

 

Sur les 97 espèces retrouvées, 75 % sont officiellement protégées en France. L'implantation des éoliennes dans ou à proximité des ZPS (Natura 2000) génère la plus grande mortalité.

 

La mortalité directe due aux éoliennes est au moins deux fois plus importante dans les parcs situés à moins de 1 km des Zones de Protection Spéciale (zones Natura 2000 au titre de la Directive Oiseaux) et elle y affecte bien plus qu'ailleurs les espèces patrimoniales.

Biomasse, émettrice d'oxydes d'azote

La biomasse venant de forêts renouvelées produit de l'énergie renouvelable mais aussi réduit la qualité de l'air car elle émet plus d'oxydes d'azote que les combustibles comme le gaz naturel et le fioul. (cf. les conseils de l'ADEME pour réduire les NOx émis par les chaudières à biomasse)

 

D'autre part, il faut s'assurer que les terres utilisées pour la biomasse ne réduisent pas aussi la biodiversité 

Energie hydraulique met en péril la faune et la flore des rivières

L'énergie hydraulique via ses barrages et ses turbines marémotrices mettent en péril la faune et la flore des rivières et des océans.

 

Selon la WWF, sur 21.387 centrales hydrauliques, près de 30% de ces centrales se trouvent dans des zones protégées, principalement dans des parcs nationaux et des sites naturels.

 

8.785 infrastructures supplémentaires sont prévues ou en construction qui menacent la biodiversité alors qu'elles produisent peu d'énergie (modifie le débit naturel d'un fleuve, bloquent les voies de migration des poissons, affectent la survie des espèces vulnérables et piègent les sédiments qui protègent les rives face aux inondations.).

 

L'activité bactériologique dans l'eau des barrages, surtout en régions tropicales, relâcherait aussi d'importantes quantités de méthane (gaz ayant un effet de serre 20 fois plus puissant que le CO2 ).

Nucléaire, énergie non renouvelable, risqué à long terme même si émet autant de CO2 que les éoliennes 

L'énergie nucléaire émet très peu de gaz à effet de serre (lié à la construction et exploitation de centrales et émet autant que les éoliennes). Elle n'est pas une énergie renouvelable car elle utilise l'uranium enrichi, ressource naturelle, même si les réserves actuelles suffisent pour au minimum une centaine d'année. Il rejette surtout des déchets radioactifs qu'on ne peut éliminer.

 

Leur retraitement à la Hague nécessite leur vitrification pour un entreposage en surface et ou leur stockage en couche géologique profonde. Les déchets radioactifs (comme Technétium 99 - article) ont des demi-vies de 200 à 300 000 ans, d'autres comme le Césium 235 a une demi-vie de quelques millions d'années. Leur radiotoxicité diminue avec le temps.

L'EPR (3e génération) recycle partiellement les déchets radioactifs et fournirait 22 % de plus d'électricité qu'un réacteur traditionnel à partir de la même quantité de combustible nucléaire et réduirait d'environ 15 à 30 % le volume de déchets radioactifs générés grâce à une fission plus complète de l'uranium, néanmoins leur construction est d'une bien plus grande complexité que les centrales de 2ème génération.

 

L'EPR de Flamanville qui a accumulé les déboires coûterait 12,4 Md € contre un coût initial estimé en 2006 à 3,3 Md € avec un retard de 10 ans (mise en service en 2022 au lieu de 2012). La construction de deux EPR jumeaux permettrait selon EDF de réduire le coût unitaire à 7,5 Md € pour les prochains EPR. En Chine, la construction de deux EPR s'est faite pour environ 12 milliards d'euros. Cela ne tient pas compte du coût de déconstruction...

Le réacteur à neutrons rapides (dont SuperPhénix était un prototype qui est en cours de démantèlement) permet de recycler aussi les déchets radioactifs néanmoins ils posent d'autres problèmes techniques et ne serait pas rentable par rapport à l'utilisation d'uranium enrichi.

Reste la fusion nucléaire qui pour le coup ne produit aucun déchet radioactif et ne commencera peut-être à être opérationnel d'ici 20/30 ans.

 

Le projet ITER qui permet de tester cette technologie n'a pas vocation à produire de l'énergie et émettrait son premier plasma en deutérium-tritium en 2035. Comme ce projet est financé par l’Union Européenne, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les États-Unis notamment, il n’est pas sûr que compte tenu des tensions géopolitiques, le projet ne manque pas de financement d’ici les 20 prochaines années...

Comparaison des coûts de production des différentes énergies

Pour l'électricité, Il est aussi nécessaire son coût de production reste compétitif avec les autres sources d'énergie. Selon la Cour des comptes, pour le nucléaire, il serait de 6 cents € /KWH (en 2013) qui augmente en raison des coûts de maintenance.

 

Les coûts seraient aussi supérieurs pour les centrales nouvelle génération (> 6 centimes € juste pour le coût de construction pour la centrale nucléaire EPR (GEN. 3) de Flamanville p26 ).

 

Pour l'éolien, il serait au minimum d'environ de 5,7 cent / kWh et 7,4 cent/kWh pour le solaire professionnel au sol à plus de 17 centimes pour le solaire résidentiel (ADEME).

Que faire ?

Il faut certes développer les énergies renouvelables mais croire qu'elles seront capables de répondre à nos besoins énergétiques actuels est une gageure car elles n'en souvent pas la capacité et auraient à grande échelle aussi des conséquences dramatiques sur notre planète (en particulier réduction de la biodiversité).

 

Le nucléaire pose des cas de conscience terribles entre une énergie produisant des déchets radioactifs, présentent des risques pour les populations à court terme et à long terme mais c'est une énergie que les énergies renouvelables ne peuvent aujourd'hui remplacer totalement en l'état.

 

Si l'arrêt de centrales nucléaires semble donc hasardeux comme nous le voyons en Allemagne dont l'électricité émet beaucoup plus de GES (312 g eq CO2/kWh et la part des énergies renouvelables peut passer de 75% à 15% de sa production énergétique en fonction de la météo compensée par des centrales thermiques) que la France (versus environ 50 g pour la France), la construction de nouvelles centrales semble aussi très hasardeux. Il faudrait immobiliser des capitaux très importants sur des projets à 20 ans minimum alors que ces mêmes sommes pourraient être utilisées de manière beaucoup plus agiles.

Réduction de la consommation

La principale solution qui tient la route est la très forte réduction de consommation d'énergie. J'en parle plus loin dans cet article.

 

 

Aujourd'hui, seule la terrible pandémie de coronavirus Covid-19 a eu un impact significatif et mondial sur la consommation d'énergie mais au prix de décès de milliers de personnes, d'un arrêt massif de l'activité et de déplacements. Cette baisse de consommation réduit la pollution de manière significative en particulier en Chine très consommatrice de charbon.

 

D'autre part, il faut espérer que cette pandémie ne dure pas et que sa fin ne provoque une forte reprise de la consommation d'énergie et l'émission de nouveau massif de GES ... 

Pilotage mix énergétique

La 2ème solution est d'augmenter notre capacité à piloter le mix énergétique localement en utilisant le moins d'énergie émettrices de CO2.

 

Concrètement, cela signifie être capable en cas de pic de consommation dans un secteur géographique de puiser dans des batteries à proximité, potentiellement de faire de l'effacement énergétique (réduire la consommation par exemple d'industries ou de chauffage pour l'effacement diffus) pour utiliser au minimum des centrales thermiques ou d'importer de l'électricité.

Développement des énergies renouvelables

Très restrictive au début, ses règles s'assouplissent depuis un arrêté de novembre 2019 qui permet à deux sites d'y participer à condition de ne pas être situé à une distance de plus de deux kilomètres et que la puissance totale de ce type d'installation ne dépasse pas les 3 mégawatts. Ils utilisent le réseau électrique usuel donc il est inutile de construire une infrastructure parallèle.

La 3ème solution est de développer les énergies renouvelables à condition qu'elles permettent de remplacer l'utilisation de centrales thermiques. Ce n'est pas évident compte tenu de leur intermittence et que le stockage par batterie n'a de sens que localement.

 

L'auto-consommation collective (partager l'énergie produite avec ses voisins non producteurs) devrait aussi être développée d'autant que cela permet de rendre des quartiers et des communes résilientes en cas de panne électrique.


Comme le prix de l'électricité est très bas (13 c/kWh comparativement à l'Allemagne à 30 c/kWh), elle se développe très peu (50.000 autoconsommateurs dans l'Hexagone, contre un million et demi en Allemagne).

 

Le surplus de consommation peut être revendu au prix du marché (en France environ 1 cent € jusqu'à 5 cent € en cas de pic en hiver) ou donné à titre gratuit à Enedis (utile quand il arrive que l'électricité ait un prix négatif ;) ex: ci-contre sur base des prix Spot RTE   )

 

 

 

En revanche, il n'y a pas de prix de rachat comme pour l'autoconsommation individuelle (pour <= 3 kWc 10 cent en auto-consommation, 18 cent si revente totale) . Il serait sans doute judicieux de donner aussi un coup de pouce au prix de revente pour l'auto-consommation collective.

Quelques repères sur la production d'énergie

Dans le monde, la production mondiale d'énergie primaire est d'environ 13 790 millions de TEP (2015). La part des énergies renouvelables dans la consommation finale mondiale d'énergie est estimée en 2017 à 18,1 %, dont 7,5 % de biomasse traditionnelle (bois, déchets agricoles, etc.) et 10,6 % d'énergies renouvelables « modernes » : 4,2 % de chaleur produite par les énergies renouvelables thermiques (biomasse, géothermie, solaire), 3,6 % d'hydroélectricité, 2 % pour les autres renouvelables électriques (éolien, solaire, géothermie, biomasse, biogaz) et 1 % pour les biocarburants; leur part dans la production d'électricité était estimée en 2018 à 26,2 %.

La consommation d'énergie finale en France de pétrole en 2017 est de 140,1 MTEP (tonnes équivalent pétrole), dont 24 % de l'électricité.

 

 

 

Les énergies renouvelables représentent environ 14 %. La biomasse-déchets représente 9,7 % principalement liée à la combustion de bois (environ 9 Mtep dont plus de 70 % en bois « domestique »). Le nucléaire représente 17 % de la production d'énergie, hydraulique 2,4 %, éolien 1,1 %, solaire 0,4 %.

Distribution d'énergie

Il y a de plus en plus de distributeurs qui proposent d'acheter de l'énergie verte (qui comprend aussi le biogaz, la co-génération) auprès de distributeurs énergétiques. Il est impossible de savoir si l'électricité que vous consommez provient d'une source renouvelable ou pas (ce sont des électrons !)

 

Néanmoins dans de nombreux cas, des distributeurs ne vendent pas de l'énergie dite verte (cf. liste de Greenpeace qui note les fournisseurs français).

 

D'une part, ils achètent de l'énergie carbonée ou d'origine nucléaire et d'autre part ils achètent des garanties d'origine à des producteurs d'énergie verte.

A chaque MW d'énergie verte produite est associée une garantie d'origine pour un MW. Le producteur d'énergie verte peut revendre son énergie verte à un distributeur (mais sans la garantie) et d'autre part, il peut vendre sa garantie d'origine à un autre distributeur qui en réalité n'achète pas d'énergie verte. Un client final qui achèterait de l'énergie de ce distributeur, n'utilise pas d'énergie verte mais sait que quelque part une quantité d'énergie verte a été produite !

 

Comme le précise le rapport de Carbone 4, en France seul 1 % des garanties d'origine émises en 2017 correspondent à des installations postérieures à 2015 (principalement hydrauliques). C'est dû notamment au fait que la législation française empêche de cumuler des aides publiques (comme les tarifs de rachat) et des garanties d'origine.

Startups / Organisations à ChangeNow

Enercoop est un des fournisseurs d'énergie « vraiment » verte, les plus connus avec un modèle coopératif (SCIC).

 

L'énergie provient exclusivement de producteurs indépendants exclusivement d'énergies renouvelables.

Elecocité offre aussi de l'électricité verte (l'évaluation n'a pas encore été faite par GreenPeace) et propose qu'une partie de vos consommations financent un projet d'énergies renouvelables (comme EEL Energy)

Distribution dans les pays en voie de développement ou difficiles d'accès

Pour faciliter l'accès des populations dans les pays en voie de développement à l'énergie, de plus en plus de distributeurs proposent un accès à l'énergie « pay-as-use », Oorja propose ainsi d'y déployer l'usage de panneaux photovoltaïques et de vendre à l'usage l'énergie produite.

Stockage de l'énergie

Une problématique majeure des énergies renouvelables est leur intermittence de production qui nécessite un stockage spécifique. Il existe de nombreuses manières de stocker l'énergie : mécanique comme les barrages hydroélectriques, électrochimique (piles, batteries, vecteur hydrogène), électromagnétique (bobines supraconductrices), thermique (chaleur latente ou sensible).

 

L'enjeu est de parvenir à réduire au maximum les pertes entre production et consommation de l'énergie notamment en réduisant les intermédiaires. Le solaire thermique qui chauffe l'eau est beaucoup plus efficace qu'un panneau photovoltaïque qui transforme les rayons du soleil en électricité qui elle-même chaufferait l'eau.

Le stockage mécanique via des STEP (stations de transfert d'énergie par pompage)

Cette solution nommé aussi pompage-turbinage utilise l'électricité pour remonter l'eau lorsqu'elle est peu chère (et donc la demande est faible) et la relâcher en actionnant les turbines de la centrale hydraulique lorsqu'elle est beaucoup plus chère. Elle est source de fortes rentrées financières pour la Suisse mais aussi pour EDF qui a sept STEP en service soit 10 % de la capacité hydroélectrique française (5e pays en puissance installée après la Chine, le Japon, les Etats-Unis et l'Italie).


En effet, lorsque la production d'électricité est excédentaire son prix peut devenir négatif, on gagne de l'argent à tous les coups en pompant l'eau vers le réservoir du haut et quand on ouvre les vannes ...

 

Cela pose néanmoins des problèmes sur la biodiversité car il y a des fortes variations du niveau de l'eau en aval.

En raison de l'omniprésence de l'électricité, le stockage électrochimique est la solution la plus pratique comme l'a montré le développement des batteries rechargeables lithium-ion.

 

Elles posent néanmoins des problèmes car il faut exploiter des mines de lithium et de cobalt qui peuvent être très polluantes. D'autre part le recyclage des batteries Li-Ion reste encore trop faible. La réglementation européenne (Directive 2006/66/CE ) n'oblige qu'à recycler ces batteries à 50 % de leur poids contre 90 % pour les batteries au plomb.

Batteries à hydrogène, Fuel Cells / Piles à combustibles

L'autre solution sont les batteries à hydrogène (fuel cells ou piles à combustibles). Elles ne rejettent que de la vapeur d'eau et sont produites à partir d'une ressource quasi-inépuisable l'eau.

 

La transformation de dihydrogène en énergie cinétique (du réservoir à la roue) est supérieure à l'essence (45 % versus 20 %).

 

 

Sa production pose des problèmes de rendement et écologique. Elles peuvent être produites par électrolyse de l'eau qui a un rendement faible comparé à l'essence (20 % versus 80 à 90 % pour l'essence du puits au réservoir), par thermolyse mais aussi à partir d'hydrocarbures ce qui émet fortement du CO2 (séparation du carbone et de l'hydrogène et production de CO et de CO2 en parallèle du dihydrogène). Cette dernière solution bien qu'absurde sur le plan écologique est la plus couramment utilisée...

 

Aujourd'hui, les piles combustibles utilisent principalement du platine, très cher et rare qui aurait vocation à être remplacé par la palladium moins rare.

EH Group Engineering présentait ainsi sa pile à combustible.

 

Au-delà des problèmes d'efficacité énergétique, l'une des raisons qui empêche l'utilisation massive d'hydrogène est la nécessité de créer des infrastructures spécifiques en parallèle des infrastructures existantes (stations-services et recharge électrique) sans compter les bisbilles entre opérateurs (ex : fermeture du réseau Corri-Door de 189 bornes en France en raison de des dissensions entre Izivia et EVBox).

Réduction de la consommation d'énergie et d'émissions CO2

Stratégie Bas Carbone en France plutôt Stratégie énergies renouvelables .

La France a mis en oeuvre une stratégie Bas Carbone (cf. article) en investissant 6,7 Md€ en 2016 et 9Md€ en 2017 (dont 3,7 Md€ pour aider à l'implantation d'éoliennes et de panneaux photovoltaïques en 2016 et 5,7 Md€ en 2017), l'impact a été ... d'augmenter les émissions de gaz à effets de serre (GES) ... et l'objectif d'ici 2028 est de stabiliser les émissions de CO2 !

  

C'est assez logique car 75 % de l'électricité provient du nucléaire. Bien que loin d'être parfait avec ses déchets et risques (cf. plus haut), il produit autant d'émissions de CO2 que les éoliennes. Comme les éoliennes et l'énergie solaire sont des énergies intermittentes, elles nécessitent des moyens de productions complémentaires en particulier le gaz qui augmentent les émissions de CO2 !

C'est ballot, ils se sont trompés sur le nom de la stratégie ! L'objectif de cette stratégie bas carbone n'est pas de réduire les émissions de carbone de la France mais d'investir dans les énergies renouvelables. Il aurait été préférable que le nom de la stratégie corresponde à la réalité. On évite de faire prendre des vessies pour des lanternes !

 

D'autre part, on aurait lancé en parallèle une vraie stratégie bas carbone. Quand on lit la stratégie proposée par le gouvernement, elle semble limpide et pertinente, malheureusement le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) a constaté que nous ne sommes pas du tout en ligne avec les objectifs.

Nous voulions réduire les émissions de CO2 des secteurs les plus émissifs et nous les avons augmentés (cf. article) : dans les transports (plus 6 % par rapport à l'objectif avec 136 MTeCO2); le bâtiment : la construction, l'entretien et le chauffage (plus 11 % avec 88 MTeCO2), l'agriculture (plus 3 % avec 90 MTeCO2 dus pour l'essentiel aux oxydes d'azote des engrais et au méthane émis par le bétail)...

 

 

 

L'industrie en revanche est presque en ligne avec les objectifs, à 1 % près après avoir diminué de 45 % ses émissions depuis 1990. Nous devons poursuivre nos efforts pour réduire notre consommation énergétique tout en dissuadant les surconsommations.

Il faut néanmoins se méfier des fausses bonnes idées. Remplacer un véhicule diesel de moins de 5 ans par un véhicule électrique neuf consomme émet beaucoup plus de CO2. C'est encore pire si vous achetez votre électricité en Allemagne. C'était la raison pour laquelle j'avais proposé que la prime de conversion devienne une prime de covoiturage où le nouveau véhicule bénéficiant de la prime doive obligatoirement réaliser du covoiturage. (cf. article).

 

La production d'énergie ne représente que 11 % des émissions de gaz à effet de serre en France, en raison d'un mix de production électrique dominé par le nucléaire et l'hydraulique.

Loi énergie et le plan de rénovation énergétique des bâtiments

Pour être honnête, la loi énergie et le plan de rénovation énergétique des bâtiments devrait permettre de réduire la consommation énergétique et les émissions de CO2..

 

Ils ont pour objectif d'inciter les propriétaires de logements classés F ou G (7,5 millions de logements) au sens du diagnostic de performance énergétique (DPE) à réaliser les travaux d'isolation avec des aides pour les ménagers le plus modestes. 

14 milliards d'euros de soutien public en investissement et en primes sur le quinquennat seront alloués à ce plan, complétés par plus de 5 milliards d'euros de certificats d'économie d'énergie directement utilisés pour financer des travaux de rénovation énergétique.

 

En 2018, la majorité des logements construits sont performant en terme de consommation d'énergie (avec une chute néanmoins très forte du nombre de constructions). Cela s'explique en grande partie par les réglementations successives (RT 2005 puis RT 2012) qui ont imposé des normes pour les nouvelles constructions. Quand on compare à 1996, le changement est assez important pour une période de plus de 20 ans.

Financement privé innovant de rénovation énergétique des bâtiments

Des dispositifs innovants de financement pourraient compléter ce plan, par exemple favoriser les investissements d'acteurs privés dans la rénovation énergétique en se finançant sur une part de la réduction de la facture de la consommation d'énergie.

 

Un logement de 75 m2 de classe F dépense environ 300€ par mois en électricité, Si nous souhaitons qu'il passe en classe C (90€ / mois). il faudrait isoler deux murs extérieurs (soit environ 42 m2 = 2*8,7 m * 2,4 m de hauteur sans tenir compte des fenêtres pour un appartement carré) pour un coût moyen de 160 € / m2 et deux murs intérieurs (42 m2) pour un coût moyen de 60 € / m2 . Le coût total de l'isolation serait de 9240€.

 

Sans même tenir compte des primes de l'Etat (ex : 20€/M2 pour l'isolation des murs par l'intérieur pour les ménages aux revenus modestes), l'investisseur pourrait gagner un taux d'intérêt de 3,1 % par an sur 6 ans (net d'inflation de 1,5%) en réduisant la facture énergétique de l'occupant de 20% (soit 504 € par an = 20%*210*12 mois, l'investisseur gagnerait 12096 € au total soit un taux annuel brut de 4,6%). Au bout des 6 ans, l'occupant bénéficierait de la totalité de la baisse de facture.

Innovations dans la réduction de consommation d'énergie

Ecojoko

Pour réduire la consommation énergétique, la première étape consiste à se mesurer, il existe de nombreuses solutions dans le domaine du Smart Home. Ecojoko présente sa solution connectée pour connaître à tout moment sa consommation et les équipements qui consomment.

 

Il utilise l'IA pour distinguer les signatures électriques des différents équipements grâce à un capteur placé sur le disjoncteur.

Pour être capable de décomposer un signal global (par exemple le courant électrique mesuré à partir du capteur placé sur le disjoncteur) en multiples signaux distincts ( courant du réfrigérateur, de la télé, des appareils en veille), on utilise généralement des transformées de Fourier (on décompose une fonction en une multitude de fonctions sinusoïdales, ce qui la rend plus simple à manipuler). On fait l'opération inverse de l'animation ci-jointe en testant de nombreuses hypothèses ;)

 

L'IA est sans doute utilisé en combinaison avec les transformées afin d'évaluer ses coefficients et doit être associé avec une période d'apprentissage rapide et personnalisé au consommateur.

 

Le problème de ce type d'équipement est qu'on y fait attention les premiers mois puis on l'oublie. S'il n'est pas connecté avec le chauffage, les différents équipements de la maison pour gérer leur alimentation, son bénéfice s'amenuise rapidement. Les 25 % de réduction annoncé est dans la très grande majorité des cas très surestimée.

Climatisation, facteur aggravant du réchauffement climatique climatique

Un autre problème majeur du réchauffement climatique est la climatisation, qui consomme beaucoup d'énergie et émet du CO2 ce qui augmente le réchauffement climatique ...

 

Selon une étude de la revue Nature , le changement climatique devrait accroître la demande énergétique de 11 à 27 % en cas de réchauffement modéré et de 25 à 58 % en cas de réchauffement "fort", principalement due à la climatisation. Le taux d'équipement en climatiseurs devrait passer de 1,6 milliard d'unités aujourd'hui à 5,6 milliards en 2050 ce qui représente la consommation actuelle de la Chine en électricité ! 

 

Le schéma ci-contre présente le scenario RCP 8.5 du GIEC qui est souvent considéré comme le scénario "Business-as--usual", on ne fait pas de changement radicaux à nos modes de consommation (ce qui est actuellement malheureusement la tendance. La température augmenterait de 4.3°C d'ici 2100 versus le scénario RCP 2.6, qui semble inaccessible d'une augmentation de 1.8°C d'ici 2100.

Ubiblue 

Ubiblue utilise une solution fondée sur l'effet magnétocalorique (changement de température d'un matériau magnétique soumis à un champ magnétique externe) alors que la plupart des solutions de climatisations sont fondées sur la compression de gaz réfrigérant. Sa solution permettrait de réduire de 50 % la consommation énergétique et élimine les émissions de hydrofluorocarbone, généralement utilisé.


Autre technique, Equium a créé un équipement qui transforme la chaleur (100 kW à 200°c) en froid (50kW à 5°c) grâce à une technologie fondée sur la thermoacoustique sans consommation électrique.

Il y a une technique plus simple pour réduire la température des bâtiments et moins utiliser les climatiseurs ... peindre les toits en blanc ce qui augmente leur albedo et donc leur pouvoir réfléchissant.

 

C'est qu'à fait notamment Los Angeles (cf. article). Cool Roof réalise une étude du toit pour vérifier la possibilité de peindre en blanc (les toits en PVC ne peuvent être peints) et crée une peinture spécifique (biosourcée, anti UV, anti-encrassement, anti-champignons).

Joulia propose lui une douche qui utilise la chaleur de l'eau évacuée pour réchauffer l'eau froide propre et réduit donc la consommation d'eau chaude.

 

De manière générale, les industriels vont petit à petit intégrer la dimension d'éco-conception afin de réduire la consommation énergétique. Le problème est que cela prend énormément de temps pour avoir un impact massif.

Aeroshield a trouvé une solution pour isoler les fenêtres avec une efficacité 50 % supérieure aux fenêtres à double vitrage en remplaçant l'air par un aérogel. Il serait aussi plus léger et moins épais qu'un triple vitrage.

Saurea innove en créant un moteur photovoltaïque  qui est capable de faire tourner une roue sans utiliser de balais (qui s'usent), sans électronique et sans aimants. La puissance est encore faible (s'il est associé avec d'autres panneaux, moteur allant jusqu'à 250 watts) mais il permet de servir de pompe à eau, turbine de ventilation ou brumisateur.

 

En cachant par un obturateur les cellules photovoltaïques au fur et à mesure, on crée un phénomène similaire à l'électro-aimant. Les cellules servent d'alimentation et pour la commutation des phases du moteur afin de créer l'énergie mécanique.


Greenspector est une solution permettant de mesurer et améliorer la consommation énergétique des applications et sites web services à l'attention des développeurs.

Est-ce que la Compensation Carbone est du Greenwashing ?

Compensation carbone peut donner bonne conscience à tort

Plusieurs startups comme Climateseed ou Reforest'action montrent comment compenser Les émissions de CO2.

 

En général ce sont des plateformes qui financent des projets de développement d'énergies renouvelables, de reforestation avec une dimension souvent inclusive pour les populations locales.

Cela pose néanmoins un double problème, Tout d'abord, ça déresponsabilise les émetteurs de CO2, en transformant une externalité négative en responsabilité externe.

 

Cela permet de s'acheter une bonne conscience à moindre frais sans réaliser de changements internes pour réduire véritablement ses émissions.

 

Bien sûr, les projets peuvent avoir un impact positif notamment sur la diversité et être inclusif mais la compensation carbone, c'est comme une cerise sur le gâteau sans le gâteau !

 

En revanche, s'il y a une vraie stratégie de réduction des émissions avec des objectifs ambitieux, c'est la compensation carbone est un plus. Sans cette stratégie principale, la compensation carbone est du greenwashing.

Reforestation ne compense qu'après une longue durée, que pour une période limitée et peut ne servir à rien

Deuxième problème lié aux projets de reforestation, que j'aborde plus longuement ici est que les émissions de CO2 sont déjà réalisées et sont compensées qu'après la croissance complète des arbres.

 

Une fois qu'ils ont dépassé leur phase de croissance, ils ne consomment que marginalement du CO2. Pour absorber de nouveau du CO2, soit il faut couper les arbres et les utiliser pour des usages durables (construction de maisons par exemple), soit il faut trouver de nouvelles terres à replanter (ce qui peut aussi créer une concurrence de terres).

 

On peut même arriver à des situations absurdes où on ira planter du peuplier partout au détriment d'autres espèces car ce sera l'un des arbres qui captent le plus de CO2. Pourquoi ne pas imaginer des arbres génétiquement modifiés aussi comme le prévoit Joanne Chory qui a imaginé une plante capable d'absorber 20 fois plus de CO2 que les autres plantes ! En termes de biodiversité, ce n'est pas l'idéal... Et pourquoi ne pas d'abord réduire ses émissions avant de chercher à les compenser !

Evidemment si on utilise le bois comme biomasse pour générer de l'énergie, on perd tout le bénéfice des captations de CO2 !

 

Enfin comme l'a montré la perte de 90% des arbres plantés en Turquie (11 millions en 4 mois !), le manque de suivi des forêts replantées font perdre totalement l'intérêt de la reforestation.

REDD+, le quantitive easing appliqué au climat !

Il existe aussi des solutions encore plus greenwashing : les REDD+ qui consiste à attribuer des crédits carbone si on préserve les forêts, on évite d'aggraver notre impact sur le climat (interdit sur le marché européen mais autorisé en Californie). Moins je détruis, plus j'ai des crédits.

 

Le comble de l'absurde avec les REDD+ est qu' il manque de solutions pour compenser les émissions de CO2 pour l'aviation, alors on crée de nouveaux REDD+. Pour augmenter leur nombre, il suffit d'augmenter le potentiel de destruction ! C'est du quantitive easing appliqué à la planète. A la différence de la monnaie, le potentiel de destruction n'est pas infini.

C'est vrai que pour ces financiers, le concept de « Fini » est quelque chose qui les dépasse complètement jusqu'au jour où ... ! (cf. aussi article de Carbone 4 sur la compensation des émissions de CO2 par l'aviation)

 

Il serait judicieux de revenir sur terre avec un peu de bon sens paysan. Il faudrait appliquer un fort facteur réducteur aux compensations CO2 attribuées aux actions de reforestation aujourd'hui (en les fondant sur des chiffres vérifiés sur le terrain) et ne pas intégrer les REDD+ évidemment. Il faut aussi éviter toute compensation qui accapare des terres utilisées pour d'autres usages naturels ou qui réduit la biodiversité.


Est-ce que la Compensation Carbone est du Greenwashing ?

Augmenter le prix du CO(émissions de CO2)

Aujourd'hui seule une crise comme le coronavirus Covid-19 a obligé les Etats et les entreprises à réduire drastiquement les vols avec l'acceptation des citoyens. Néanmoins, à long terme, il semble peu probable que ceux-ci soient prêts à prolonger l'expérience de confinement après cette crise planétaire pour réduire leurs émissions de CO2.

 

Le meilleur moyen de réduire les émissions de CO2 sans avoir des mesures coercitives est le prix (en l'occurrence le prix de la tonne de CO2 (cf. article Carbone 4)  L'explosion du trafic aérien est fortement liée à la baisse des prix, l'inverse devrait donc être exact.

 

Le problème est que cela deviendrait complètement inégalitaire puisque seules les personnes riches pourraient se payer les vacances aux 4 coins du monde alors qu'auparavant « tout le monde » y avait accès. Comme l'esprit humain a une très forte aversion à la perte, cela ne facilite pas les choses.

 

Il y a deux mesures qui pourraient être prises pour réduire fortement les émissions de CO2 en minimisant l'impact inégalitaire.

Taxe / détaxe carbone selon l'impact environnemental

La première consiste à imposer aux produits ayant des alternatives écologiques une taxe carbone / une détaxe en fonction de leur impact environnemental.

 

L'Allemagne a ainsi décidé d'augmenter la fiscalité sur les billets de 74 % pour les court et moyen-courriers et de 41 % sur les longs courriers. En parallèle, ils ont baissé les taxes sur le secteur ferroviaire, assez peu développé outre-Rhin et bien moins émetteur de carbone en la passant de 19 % à 7 %.

 

Concrètement, cela représente une taxe de 13 euros sur les vols intérieurs et européens (14 € en GB), 33 euros pour les moyen-courriers et environ 60 euros (86€ en GB) pour les longs courriers. Élisabeth Borne a annoncé une écotaxe sur les billets d'avion mais beaucoup plus faible car plafonnée à 18 euros par billet. Une autre voie serait de taxer le kérosène qui en est exempté en raison de la convention internationale de Chicago sur l'aviation civile internationale que la France a ratifié en 1944 mais c'est très long à négocier !

 

Ces taxes suscitent évidemment une forte opposition des compagnies aériennes en particulier américaines qui les accusent de contrevenir au régime de compensation et de réduction de carbone pour l'aviation internationale (CORSIA). On voit que transformer des secteurs ne va pas se réaliser du jour au lendemain ...

Ces taxes pourraient s'appliquer à tous les secteurs. Des vêtements fabriqués en Asie subirait une taxe proportionnelle au CO2 pour les fabriquer et les transporter jusqu'à leur lieu de consommation. Inversement la recette de cette taxe servirait à réduire les prix des produits à faible impact environnemental (produits près du lieu de consommation en particulier).

 

Cela nécessiterait une traçabilité des différents composants qui n'est pas toujours évidente afin d'éviter des cas où le produit serait assemblé en France mais dont les composants proviendraient du monde entier.

 

L'avantage de cette solution est de favoriser aussi la production et l'emploi local. Par simplicité, on peut utiliser des canevas standards (pour calculer les émissions en fonction du mode de transport et de la distance sans connaître la consommation précise du bateau transporteur) pour calculer les impacts environnementaux. Nous pourrons affiner les modèles au fur à mesure.

 

Néanmoins, en raison de la libre circulation des marchandises en Europe, il sera sans doute difficile de la mettre en place sur la partie transport pour les produits européens.

Récemment Jeff Bezos a constitué un fonds de 10 milliards de dollars pour faire face au réchauffement climatique destiné à des scientifiques, ONG, activistes.

 

Une idée qui aurait beaucoup plus d'impact sur la planète serait justement qu'Amazon applique ce type de taxe / détaxe aux produits qu'ils vendent.

Compte Carbone par foyer

Les émissions de CO2 sont étroitement liées à la croissance au PIB et donc à la croissance de la consommation. Aujourd'hui, nous n'avons pas reçu malgré toutes les bonnes volontés à découpler les deux.

 

Pour réduire les émissions de CO2, il faut réduire la consommation et pour un grand nombre de produits et services, la consommation est élastique en fonction du prix. Plus vous augmentez un prix, plus vous réduisez sa consommation (à quelques exceptions près comme les produits de première nécessité ou certains produits de luxe à faible élasticité). (Ci-contre le compte CO2 mais qui a un principe différent car en payant vous investissez dans des actions de réduction de CO2
 

Cela pose d'ailleurs un énorme problème car notre société est fondée sur la croissance et pas sur une stagnation ou une réduction de la consommation. Pour être caricatural, vous aurez beaucoup plus de facilité à augmenter le salaire de quelqu'un de 10 % et les prix de 15 % que de baisser son salaire de 10 % et réduire les prix de 15 % alors qu'économiquement la 2ème option lui est nettement plus favorable.

Une idée serait que chaque foyer ait un compte personnel d'émissions de CO2 non transférable et non transformable en monnaie (afin de responsabiliser chacun et d'éviter les transferts abusifs). A chaque achat, nous paierions en euros et en émissions CO2. Si notre compte Carbone est à zéro, nous pouvons le recréditer avec un prix de la taxe carbone suffisamment élevé pour dissuader des émissions de CO2.

 

Voici quelques exemples, un ménage composé de 2,3 personnes consomme 17 tonnes équivalent CO2 (teq CO2) soit 7,4 teq CO2 par personne. Normalement l'objectif serait d'atteindre 2 tonnes par personne voire 1,7 teq CO2 selon Jean-Marc Jancovici pour atteindre un réchauffement climatique maximum de 2°C.

Imaginons que nous accordions un budget initial de 2 teq CO2/personne (multiplié par le nombre de personnes dans le foyer) et que chaque mois nous accordions un crédit supplémentaire de 0,2 teq CO2, nous nous rapprocherions du but. Nous pourrions d'ailleurs réduire au fur et à mesure réduire l'allocation mensuelle.

 

D'autre part, nous pourrions faire payer des crédits carbone additionnels par exemple 100€ / teq mais ce prix pourrait être croissant en fonction du nombre de crédits supplémentaires demandés par mois.

 

Pour un vol Paris-New York, il y a de nombreuses différences de calcul sur les émissions de CO2 : on peut tenir compte que des émissions liées uniquement au trajet ou intégrer aussi l'amont (ex : l'extraction du carburant, au raffinage et à son trajet du puits au réservoir de l'avion) et les autres effets liés à l'altitude comme les NOx (oxyde d'azote) et les traînées de condensation ( "lignes blanches").

 

Partons sur celui de la DGAC, qui calcule un A/R pour 1 teqCO2. Si vous achetez un billet A/R pour New-York, si votre compte présente un solde > 1 teq CO2, vous ne payez rien en plus en revanche s'il ne vous reste que 0,5 teq CO2, vous paierez en plus 50 € (0,5*100€).

 

Le solde initial, le crédit mensuel, le calcul des émissions de GES doivent bien sûr être ajustés pour tenir compte des impacts sociaux néanmoins mettre en place ce compte serait un signal très fort et un levier d'action pour modifier nos comportements.

 

Pour mettre en place ce compte Carbone, nous pourrions commencer par une phase test, où chaque foyer aurait un compte virtuel où il pourrait se familiariser avec. Durant cette phase test, aucune somme ne serait réellement perçue en revanche elle permettrait à chacun de visualiser son utilisation. Il faudrait aussi que de plus en plus d'industriels et d'entreprises de service réalisent un double affichage euros et émissions GES et puissent créer des solutions simples pour débiter ce compte. La voie législative serait utile pour inciter chacun à le faire.

 

On peut aussi imaginer que des actions solidaires ou pour la société civile comme le ramassage de déchets sauvages à titre individuel, des actions auprès des collectivités pour réduire les émissions GES permettent de recréditer ce compte Carbone.

 

Ce compte ne résout pas tout, car il ne tient pas compte des impacts négatifs ou positifs qu'on peut avoir sur la biodiversité, la pollution ... indépendamment du réchauffement climatique. Une idée pourrait être de créer des équivalences pour que ces actions soient intégrées dans ce compte.  Soyons francs, on mélange des choux et des carottes mais si on veut avoir une vision globale de nos impacts, il vaut peut-être mieux cela plutôt que d'avoir une multitude d'indicateurs qui risque de perdre tout le monde.

 

Dans ce cas, nous pourrions modifier le terme de teq CO2 en monnaie "Planet", unité universelle qui représenterait l'impact négatif maximum de chaque individu mais aussi entreprise sur notre planète. En revanche, il est essentiel selon moi que ce compte en "Planets" ne puisse être transféré ou monétisable en euros...En revanche, on peut l'alimenter grâce à des euros ou des actions ayant des impacts forts sur notre planète.

Eau, réduire son gaspillage

Au niveau individuel, Oopla propose un petit kit permettant de réduire sa consommation d'eau, Hydrao a créé un pommeau de douche connecté qui change de couleur en fonction de sa consommation d'eau.

 

Le mode d'alimentation est astucieux puisqu'il utilise la pression de l'eau pour actionner une dynamo, source d'énergie pour modifier la couleur du pommeau et le connecter à son smartphone.

 

 

Je suis assez sceptique sur la réduction effective de consommation d'eau chez des particuliers. A moins de passer des plombes à réfléchir sous la douche, la durée d'une douche, en particulier un matin quand on va travailler, variera peu à cause de la couleur du pommeau de douche.

 

En revanche sur le plan collectif, cela pourrait avoir du sens si c'est associé avec une durée limitée d'eau chaude afin d'indiquer qu'il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de cette durée. Il y a d'autres solutions plus simples comme un timer sonore aussi ...


Pour collecter de l'eau, de nombreuses startups utilisent l'humidité de l'air pour la transformer en eau potable. Au CES Las Vegas, Watergen et Zero Mass Water présentaient leur solutions.

 

Pour cette dernière, elle n'a même pas besoin d'être accordée au réseau électrique car elle est alimentée par des panneaux solaires qui condensent l'eau de l'air.

 

Space Apes présentait son prototype à ChangeNow avec un autre principe. Ils utilisent un adbsorbant en silicone. Ils seraient capable d'extraire l'eau sous forme liquide en concentrant de rayons de soleil pour réchauffer les adsorbants et augmenter la pression interne ... A voir si cela est industrialisable, d'autre part l'eau ne semble pas vraiment potable ..

Pour éviter de gaspiller de l'eau ou de la traiter inutilement, on commence à voir des circuits courts permettant d'utiliser l'eau de pluie pour arroser les plantes et les pelouses. C'est plus compliqué à mettre en oeuvre car il faut un dispositif spécifique pour collecter l'eau et ensuite la raccorder au système d'arrosage. Il est impossible de créer un réseau parallèle à l'eau potable sauf si elle est locale ou qu'il y a des besoins massifs d'eau non traitée dans un large espace (ex : terrains agricoles).

 

My Water propose lui des fontaines à eau publics afin d'éviter l'achat de bouteilles en plastique.

Biodiversité, souvent oubliée mais indispensable

Impacts de la chute de la Biodiversité : favorise les épidémies comme coronavirus Covid-19

De nombreuses startups présentaient aussi des solutions pour favoriser la biodiversité. Cela paraît moins urgent que le réchauffement climatique, malheureusement la chute de la biodiversité a un impact aussi important, voire supérieur, que les impacts négatifs du dérèglement climatique.

 

Cette chute favorise l'émergence de pandémies (le nombre d'épidémies a été multiplié par 10 en une centaine d'années) et de maladies comme le coronavirus Covid-19 en rapprochant les populations humaines et les animaux domestiques d'écosystèmes sauvages, en favorisant l'émergence de germes qui auront beaucoup plus d'impacts sur des populations homogènes que des populations à forte biodiversité.

 

La biodiversité et de manière générale la diversité sont les premiers facteurs de résilience de tout écosystème et système, les réduire nous rend plus fragiles.

On estime que les services mesurables de la biodiversité s'élèveraient à 50 % du PIB mondial soit environ 23 500 milliards d'euros par an. Les exemples les plus connus sont la pollinisation des abeilles, l'absorption de CO2 par la végétation, la protection contre l'érosion des sols,le filtrage de l'eau...

 

L'estimation exacte est très complexe en raison des nombreuses interactions et effets de réseau que peuvent avoir la préservation ou la perte de biodiversité.

 

La biodiversité est aussi un filet de sécurité pour l'humanité et l'environnement. Face à des maladies, des environnements dégradés, de fortes variations de chaleur... une diversité des solutions naturelles évite que nous mettions tous les oeufs dans le même panier et facilite l'adaptation globale. Une solution naturelle actuelle qui n'est peut-être pas adaptée à notre environnement actuel le sera peut-être beaucoup plus demain, si nous éliminons cette ressource naturelle, c'est une chance en moins de s'en sortir demain.

Biodiversité en ville

Urban Canopée, présent aussi au CES Las Vegas avec ses faux « arbres », armatures hébergeant des plantes grimpantes, crée des « ilots de chaleur »

 

Urban Forests utilise lui la méthode Miyawaki, pour créer des espaces végétaux denses en très peu de temps grâce à un écosystème vertueux entre les plantes. Ils nécessitent peu d'entretien, en revanche ils ne produisent pas de fruits ou de légumes sauf si on plante aux alentours des arbres fruitiers ou des vergers.

 

L'intérêt est principalement de créer rapidement des espaces à forte biodiversité.

Innovations dans la biodiversité

La startup Hostabee veut contribuer à la biodiversité avec sa ruche connectée pour suivre l'évolution des colonies d'abeilles et prévenir les risques.

 

La propagation de ruches qui a priori semble être une bonne idée montre aussi les limites de l'intervention massive des hommes à ce sujet. La forte croissance des populations des ruches et donc des abeilles domestiques fait concurrence aux abeilles sauvages qui ont moins de fleurs à butiner (diminution de plus de 50% de l'abondance des abeilles sauvages dans un rayon de 900 mètres autour des ruchers par rapport aux densités mesurées au-delà de cette distance selon l'INRA).

 

Une solution simple consiste à augmenter les distances entre les différentes ruches afin de réduire cette concurrence existant aussi entre les abeilles domestiques. Le concept de mégapole pour les abeilles est donc contre-indiqué, peut-être devrions-nous nous en inspirer en ces temps de Coronavirus - COVID 19 ...

Beeodiversity utilise les abeilles comme capteur de biodiversité en analysant le pollen rapporté à la ruche (grâce à une trappe à pollen).

 

La mesure est la première étape pour mettre en place des actions concrètes pour améliorer la biodiversité car elle permet de s'assurer de leur pertinence et de changer de cap si nécessaire.

Conclusion

Nous voyons que les domaines de l'énergie, de l'eau et de la biodiversité sont loin d'être simples. Chaque élément, acteur a un impact sur l'autre qui a des répercussions sur un autre ...

 

A l'image du jeu de la vie, il est très difficile de Conway, même en connaissant les éléments et règles de base, il est très difficile de prédire comment un écosystème va évoluer. Une chose est sûre, il est très rare qu'une solution unique résolve tous les problèmes. En revanche, les solutions locales et de bon sens sont souvent beaucoup plus pertinentes même si cela va à l'encontre de notre envie irrépressible du  "One Size fits all problems".

 

Il sera très difficile aussi de bouleverser nos modes de consommation pour réduire nos besoins énergétiques même si on commence à en avoir un avant-goût avec la pandémie coronavirus Covid-19.  Néanmoins, il est préférable d'anticiper et prévenir afin d'atténuer les impacts futurs et plus largement d'agir.

 

Si vous souhaitez avancer sur ces sujets, sensibiliser vos collaborateurs, les former ou réaliser des projets sur l'économie circulaire ou la RSE.

  • je réalise pour des entreprises, des missions pour "sourcer" des innovations, les évaluer, concevoir et construire des solutions avec les partenaires développant ces solutions qui répondent aux problématiques des entreprises clientes et les déployer. 
  • je réalise des débrief / conférence ainsi que des formations spécifiques à vos métiers pour identifier les innovations, tendances et disruptions dans ce domaine notamment , n'hésitez pas à me contacter :) Contact

 

Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere

 

Conseil en Innovation (IA, IoT, RSE / Économie circulaire ) - Contact - contact@livosphere.com

 

Conférences, Formation, Architecte et réalisation de projets innovants :  De la recherche d'innovations, de startups à leur déploiement et accompagnement dans vos projets ( de la recherche d'innovations / nouvelles technologies au déploiement de celles-ci dans votre entreprise)