ChangeNow - Innovations Mobilité, Santé, Inclusion, Finance Durable et Indicateurs RSE/ESG

Ce 4ème article sur les innovations à ChangeNow est consacré à 4 thèmes différents : Mobilité, Inclusion, Finance Durable et les indicateurs RSE. (English version)

Dans la mobilité, les innovations présentes permettent de pouvoir choisir les transports les plus écologiques en tenant de nos contraintes (The Treep), d'investir et d'utiliser des véhicules partagées (Pony)  mais aussi de partager l'énergie des véhicules avec les les infrastructure (ex: Gare avec Solarcamp).

 

Dans la santé, la réalité virtuelle aide à apprendre les premiers gestes de secours (D'un seul geste) et réduisent les prix des diagnostics à très bas coût (Unima).

 

Dans l'inclusionIsahit aide les femmes à avoir des activités rémunérées tandis que Lulu dans ma rue participe à l'inclusion sociale  en développent une conciergerie solidaire de quartier (bricolage, ménage...) sous forme d'EITI.  Stirrup aide les sans-abris à trouver un logement grâce à des logements vacants prêtés en échange d'un déduction fiscale similaire aux dons alimentaires (Phénix). Lifiled  et SolarPak  aident les habitants des pays en voie de développement à avoir accès à Internet ou à être éclairés.

 

Dans la Finance Durable, il faut s'y retrouver parmi les nombreux labels : ISR, GreenFin ... Bayseddo aide à financer des projets durables. Les critères RSE, ESG, ODD de l'ONU deviennent des indicateurs majeurs pour les investisseurs. Le choix de BlackRock par la Commission européenne pour définir les critères RSE / CSR pour ses investissements est contreversé. Est-ce à dire que cette dernière met en pratique les préceptes de Michael Corleone ?  Qui sait .... Les indicateurs RSE peuvent être aussi opérationnels et être intégrés dans des tableaux de bord comme ceux de Zei.

 

Les 3 autres articles sont sur les innovations dans la production écoresponsable,  l'économie circulaire, l'énergie, l'eau et la biodiversité

Sommaire

Mobilité : avion, voiture, train, vélo

La SNCF présentait la quantité de CO2 émise selon le mode de transport ... Évidemment, le train est le plus économe avec 7,2 g par voyageur par km, mais le moins économe ne serait pas l'avion (172 g) mais la voiture avec 213 g par voyageur par km...

 

Les chiffres de la SNCF sont un peu biaisés mais sont globalement corrects en ordre de grandeur. Un véhicule neuf en France émet environ 112g CO2 / km quel que soit le nombre de passagers (c'était 176 en 1995, la moyenne du parc est de 223 g/ CO2 / km ) pour un taux d'occupation de 1,1 pour de courtes distances et 2,2 pour de longues.

 

L'avion émettrait 285 g de CO2/passager/km pour l'avion selon l'UE avec un taux d'occupation 88 personnes (ce qui est sous-estimé). Avec une occupation de 111 personnes plus proches de la réalité, on serait à 225 g CO2 /km/passager en avion. D'autre part, les Français (de plus de 15 ans) réalisent environ 4 700 km en avion alors que les voitures particulières parcourent environ 13 000 km par an.

 

Pour ces raisons, de manière globale, les transports sur route (en incluant aussi les camions) représentent 74 % des émissions de CO2 de transport en France, versus 12 % pour l'avion (malgré notre perception bien plus négative pour l'avion). Le TGV aurait une émission de CO2 de 3,2g / km / passager et les trains grandes lignes 10,8 enfin les autocars seraient à 58,5.

 

Les quatre clés pour réduire l’impact des transports par ordre d’importance sont

  • Eviter les déplacements inutiles (ex : livraison à domicile d’une multitude de produits versus l’achat groupé en magasin pour des modes de transports identiques)
  • Privilégier les transports moins polluants (train versus avion ou voiture)
  • Mutualiser l’utilisation des transports (augmenter le taux d’occupation par du covoiturage, réduire les vols à moitié remplis)
  • Réduire les émissions de CO2 et polluants pour chaque mode de transport

A ce titre, je vous recommande l'excellente conférence de Carbone 4 sur les restrictions nécessaires sur l'aviation si nous souhaitons atteindre une réduction de 5% par an des émissions de CO2 condition nécessaire pour limiter le réchauffement climatique.

 

Il part aussi du constat que 15% des voyageurs effectuent 2/3 des trajets et donc les restrictions côté consommateurs toucheront une partie de la population assez réduite comparativement à leur impact.


Des mesures comme fermer les lignes aériennes là où le train met moins de 4h30, interdire l'aviation d'affaires (consommation > 20 fois à la classe éco), restreindre les programmes de fidélité (5% des vols dont 50% n'auraient pas été effectués sinon) sont certaines de leurs préconisations réalisées avec des ingénieurs aéronautiques et des anciens pilotes.

 

D'autre part, les agro-carburants auraient un impact minime (sans compter les risques de déforestation) et les compensations carbones sont dans très majoritairement du green-washing (cf. article ).

Utilisation excessive de l'avion dans le transport aval dans le luxe

Emissions de CO2 pour le transport en aval de la production pour LVMH selon l'activité
Emissions de CO2 pour le transport en aval de la production pour LVMH selon l'activité

En fonction des secteurs et des marges unitaires par produit, le transport aérien peut pour des raisons de coûts être pertinent ou non.

 

Dans le domaine du luxe, le transport aérien représente en aval de la production l'un des principaux contributeurs aux Gaz à Effet de Serre.

 

Pour LVMH, le transport aérien en aval (Scope 3 - 546 teq CO2) représente environ 50% des émissions totales de CO2 directes du groupe (Scope 1 et 2 : 1089 teq CO2 dont 40% liées à la production de cuir, 16% la viticulture, 15% la production d'emballages en verre).

 

On voit que la très grande majorité des émissions de CO2 sont liées aux livraisons de parfums et cosmétiques et à la mode et maroquinerie (83%). La Fast Fashion et notre impatience à vouloir en même temps livrer partout le même produit dans un temps très réduit a un impact direct sur les émissions de CO2 alors qu'à la différence des produits alimentaires, ils sont durables. D'autre part, 89% des émissions de CO2 liées au transport en aval sont dues au transport aérien  ce qui est énorme.

 

L'exemple le plus caricatural sont les montres qui sont par définition des biens extrêmement durables et dont les émissions de CO2 représentent 99% des émissions de COde l'activité Montres et Joaillerie. 

 

J'ai eu l'occasion de croiser Antoine Arnault à ChangeNow et il est très intéressé par le transport maritime à faible émission de carbone (cf. article à ce sujet). C'est certainement parce que LVMH a bien conscience de l'urgence de traiter ce sujet.

Innovations dans la mobilité

The Treep permet de réserver en ligne en combinant plusieurs modes de transports et calcule votre empreinte carbone. C'est pertinent lorsque les différences entre des modes de transport sont proches en termes de prix ou de durée. La recommandation de trajets alternatifs pour des prix et/ou des durées analogues avec une forte réduction d'émissions de CO2 dans les sites de réservation devraient se propager sur les sites majeurs de réservation en ligne.

 

Pour que cela devienne une tendance de fond, il faudrait faciliter le transport multimodal de porte-à-porte (en intégrant le paiement unique en intégrant les transports à vélo, trottinette, le covoiturage). Une solution additionnelle serait d'avoir une fiscalité incitative / dissuasive en fonction du CO2 émis par les différents modes de transport.

Pony propose de développer une solution de partage de trottinettes et de vélos fondé sur l'investissement participatif. Vous achetez un vélo (220 €) ou une trottinette électrique (720€) et bénéficiez de 50 % de revenus sur tout trajet réalisé par votre équipement. Le vandalisme serait aussi nettement inférieur par rapport aux opérateurs qui mettent leur matériel à disposition.

 

Ce modèle économique de co-investissement pourrait être une vraie tendance de fond car il permet à des particuliers d'investir des sommes raisonnables pour un service de proximité qui bénéficiera à la communauté et leur bénéficiera aussi financièrement. Living Packs a un modèle économique similaire. Les entreprises comme Pony ou Living Packets doivent néanmoins s'assurer de la gestion des sinistres, volumes, réparations.

Pour réduire les émissions de CO2, Tousfacteurs propose une solution de livraison par vélo (pour les livraisons du dernier km).

 

Zéphyre offre une solution pour installer votre borne de recharges électriques.

 

Solarcamp projet incubé à The Camp en association avec SNCF Gares & Connexions expérimente une solution beaucoup plus innovante utilisant les batteries de véhicules comme unité de stockage pour la gare.

 

Les voyageurs qui laissent leur véhicule sur le parking indiquent leur date de retour ainsi que le niveau de charge souhaité à leur retour. Pendant leur absence, leur véhicule sera utilisé pour stocker et distribuer de l'énergie provenant de panneaux photovoltaïques. En échange, l'utilisateur recevra un paiement en monnaie virtuelle qui pourra servir à payer le parking, louer un véhicule à Paris, ou acheter d'autres services. Ces modèles mixtes peuvent avoir un réel effet vertueux sur le plan environnemental.

Une maquette de Zeleros Hyperloop était aussi présentée.

 

Néanmoins, comme il est nécessaire de créer des infrastructures spécifiques qui actuellement ressemblent à de gros pipelines opaques,, je suis sceptique sur le développement massif de cette technologie.

Santé

Innovations dans la santé

Dans la santé, D'un seul geste utilise à très bon escient la réalité virtuelle, vous apprenez les gestes qui sauvent en cas de crise cardiaque avec un casque VR en les combinant avec un vrai mannequin.

 

J'ai compris l'intérêt de la solution en étant plongé dans une situation où une personne fictive se trouve victime d'un arrêt cardiaque. Même en sachant que c'est juste virtuel, on a une montée d'adrénaline qui permet de se rapprocher d'une situation réelle et donc de nous y préparer.

 

Avec la « distanciation sociale », la réalité virtuelle devrait avoir de plus en plus de succès car elle se rapproche le plus de la réalité tout en permettant d'éviter le contact.

 

Ce dispositif ne remplace pas le formateur qui reste présent car il valide les gestes pratiqués et assure un débrief permettant d'être prêt à agir en cas d'urgence. La réalité virtuelle permet ici d'accélérer et développer plus largement la formation avant cette étape. Enfin, l'expérience terrain restera toujours essentielle,

Unima développe lui des diagnostics à très bas coût de tuberculose avec un résultat en 15 mn. La solution combine des solutions simples de diagnostic, un papier réactif et le smartphone pour analyser via la caméra les résultats du diagnostic. Avec la pandémie COVID-19, on a commencé à voir ce type de diagnostic se développer avec des tests utilisant une autre technologie Crispr-Cas 12 (cf. article).

 

Le test SARS-CoV-2 DETECTR permet de détecter en 40 minutes le virus contre 4h avec la technique PCR. Ces réactifs pourraient être utilisés pour toutes sortes de maladies afin de circonscrire rapidement les personnes touchées.

Développer des outils de diagnostic sur le plan européen

4 axes pourraient être choisis :

  • le développement rapide de réactifs viraux et bactériaux sur base des premières souches détectées (en utilisant pourquoi pas des technologies comme Crispr Cas-12 ou Cas-13),
  • la recherche des meilleures manières d'utiliser ces réactifs (papiers sur base de sang..., dispositifs électroniques mis à disposition de pharmacies ... ),
  • l'industrialisation de diagnostics à bas prix sur base de ces réactifs de manière décentralisée,
  • le développement d'applications permettant une interprétation correcte des résultats du diagnostic et enfin la diffusion large de ces dispositifs.

Une des techniques est potentiellement d'utiliser une combinaison de réactifs plutôt qu'une seule.

 

Pour réduire les coûts de fabrication, il serait judicieux que les licences pour produire ces tests soient gratuites (voire en open source) ou à très bas prix.

Inclusion

Innovation dans l'Inclusion numérique

Il y avait de nombreuses startups sur le thème de l'inclusion. Des entreprises comme Kiitos Technologies a vocation à développer la Tech dans la bande de Gaza.

 

Isahit est une plateforme dite « socialement responsable » d'outsourcing de tâches digitales (labellisation de données pour l'IA notamment). A la différence d'Amazon Turk, les tâches sont exclusivement réservées aux femmes avec une répartition plus équilibrée des revenus, 60% reviennent à la personne, 35% à la plateforme et 5% à une fondation qui a vocation à financer des projets d'accès à Internet, des espaces de coworking.

 

Le risque à éviter est de tomber dans l'exploitation de personnes en les sous-payant ou en leur faisant réaliser des tâches répétitives sans leur donner l'opportunité d'évoluer vers des métiers plus enrichissants humainement et financièrement. D'autre part, de plus en plus de ces tâches seront réalisés par des IA ce qui laissera un créneau de plus en plus réduit aux microtâches.

Inclusion de quartier

Lulu dans ma rue a une approche plus humaine et novatrice en proposant de la conciergerie solidaire de quartier (bricolage, ménage...) sous forme d'EITI, entreprise d'insertion par le travail indépendant. Cela permet à des « personnes éloignées de l'emploi » de reprendre une activité professionnelle « à la carte » sans devoir s'engager sur des CDD, CDI qui peuvent être plus contraignants pour certaines personnes.

 

C'est une première marche vers le retour à un emploi plus stable pour celles et ceux qui ne veulent pas directement intégrer une entreprise. Une convention a été signée entre l'Etat et Lulu dans ma rue afin d'expérimenter durant 3 ans ce dispositif et l'évaluer avant de l'étendre plus largement.

Smiile propose de partager, louer, donner du matériel, des locaux ..., de réaliser du covoiturage entre voisins avec un réseau social local.

 

Cocottarium propose d'utiliser l'élevage de poules pour éduquer les enfants à la coopération et la responsabilisation.

Utiliser le prêt de logement (don déductible fiscalement) pour loger les SDF

Stirrup

Le concept le plus innovant dans l'insertion est celui de Stirrup qui permet aux sans-abris d'être logés grâce au prêt de logements vacants sur une période déterminée. Comme le logement est prêté et non loué, il est considéré comme un don et donc est déductible des impôts à hauteur de 66% du loyer médian pratiqué.

 

Le principe est identique au don alimentaire réalisé par des points de vente à des associations d'aide aux plus démunis et qui constitue le modèle économique de startups comme Phénix et incite les distributeurs à distribuer leurs invendus plutôt qu'à les détruire (perte pour eux de 40% seulement de la valeur de la marchandise si le don alimentaire a été réalisé au plus tard 3 jours avant la DLC ).

 

Concernant Stirrup, l'autre intérêt est pour le propriétaire car cela lui évite d'avoir des périodes de vacances longues sans contrepartie financière.

Stirrup

Concernant Stirrup, l'autre intérêt est pour le propriétaire car cela lui évite d'avoir des périodes de vacances longues sans contrepartie financière.

 

Il y a plusieurs raisons pour lesquels des logements vacants ne sont pas loués alors qu'ils sont habitables, un début de travaux de rénovation tardif, une succession, le souhait pour des agences immobilières de ne pas mettre trop de logements sur le marché pour éviter une diminution des loyers et donc de leur commission, pour ne pas réduire la valeur d'un bien à la vente (car un bien loué est vendu moins cher car il faut attendre que les occupants partent du logement ...) ...

 

L'intérêt de Stirrup est de proposer pour une période fixée à l'avance de prêter un logement à des sans-abris ainsi qu'à de jeunes adultes (anciens mineurs isolés, jeunes ayant bénéficié d'aide sociale à l'enfance). Comme les occupants ne sont pas locataires mais occupent à titre gratuit, la loi sur les locataires (comme le maintien dans le logement durant la période d'hiver même en cas d'impayés) ne s'applique pas. Stirrup prend des assurances spécifiques en cas de dégradation. D'autre part, Stirrup demande aux occupants de verser une somme minimum sur un compte afin qu'ils puissent épargner pour faciliter l'obtention d'un logement après la période de gratuité dans le 1er logement.

 

Sur le plan juridique, cette location à titre gratuit constitue un contrat de prêt à usage (nommé commodat).

 

Actuellement Stirrup s'adresse plus à des promoteurs ou des propriétaires institutionnels, car ils ont un volant de logements en vacances qu'ils peuvent mettre à disposition de Stirrup pour des durées de 6 à 9 mois. Les particuliers sont plus hésitants en raison de la crainte des dégradations et du risque d'avoir besoin du logement avant le terme du contrat.

Inclusion dans les pays en voie de développement

Lifiled,SolarPak,Echale,The Skateroo

Lifiled met en place des lampadaires électriques en Afrique qui donne accès à Internet via le LIFI (LED qui transmettent des données via leur clignotement à très haute fréquence imperceptible à l'oeil)

 

SolarPak propose un cartable solaire qui se recharge durant la journée et donne accès à de la lumière aux enfants pour qu'ils puissent travailler le soir (3 h environ).

 

Echale, startup mexicaine, construit des maisons pour les mal-logés sur base d'eco-blocks produits sur place avec 90% de matériaux locaux.

 

Microdon, à l'image de la fondation à but non lucratif Epic créé par Alexandre Mars propose à ses clients de réaliser des microdons (type arrondi à l'€ supérieur) lors d'achats à des associations caritatives.

 

The Skateroom a une dimension plus artistique en associant des artistes qui créent des éditions spéciales de skateboard (responsable 😉 )

Finance durable

Plateforme d'investissement dans des projets inclusifs ou environnementaux

Pour parvenir à réaliser ces projets, il est nécessaire d'avoir du financement. La plupart sont des plateformes reliant investisseurs et projets.

 

Bayseddo propose une plateforme d'investissement permettant à des agriculteurs au Sénégal d'être financés par des investisseurs à travers le monde.

 

Positive Energy met en relation investisseurs et porteurs de projets d'énergie renouvelable.

 

KIssKissBankBank, plateforme collaborative de financement présentait aussi ses financements dans des projets durables.

ISR - Investissements socialement responsables et les labels

Label ISR Label GreenFin

De manière plus générale, petit à petit, le gouvernement, via la loi PACTE, encourage les souscripteurs à financer des investissements socialement responsables (ISR) respectant les critères ESG (environnementaux et sociaux de gouvernance).

 

Tous les assureurs ont l'obligation de proposer au moins une UC (unité de compte) investie en fonds solidaires (contenant de 5 à 10 % de titres d'entreprises solidaires) et/ou labellisés ISR ou Greenfin (ex- label Teec, transition énergétique et écologique pour le climat).

 

Il existe d'autres labels tels que Finansol et CIES, il serait judicieux d'harmoniser ces labels pour les rendre plus accessibles aux investisseurs en particulier individuels. Comme première étape, le gouvernement pourrait proposer une liste de critères détaillés et harmonisés entre les labels, chaque label pourrait alors prendre en compte ceux qui le concernent afin qu'on puisse comprendre les différences entre chacun.

 

D'autre part, il serait pertinent de créer différents niveaux de labellisation à l'image des Nutriscore, Crit'Air, Diagnostic de Performance Energétique utilisés pour le grand public. Cela faciliterait l'entrée des entreprises dans le premier niveau du label et inciterait celles qui ont obtenu le premier niveau de label à progresser dans les niveaux.

 

Avec la multiplication des fonds se disant responsables, l'AMF (Autorité des Marchés Financiers) a commencé à y mettre de l'ordre en publiant une première doctrine en matière d'information des investisseurs. Il sera ainsi nécessaire de faire figurer dans les documents réglementaires des objectifs mesurables de prise en compte de critères extra-financiers (RSE)

Indicateurs RSE / CSR (RSE en anglais pour Corporate Social Responsability)

Indicateurs RSE / CSR publics Vs internes et opérationnels

Indicateurs RSE / CSR

Pour s'améliorer, il est nécessaire de se mesurer avec des critères identiques tout le long de la vie de l'entreprise. Pour se comparer avec d'autres entreprises, il faut que ces critères soient aussi identiques, au pire similaires entre entreprises.

 

Pour y parvenir, il faut définir des indicateurs objectifs, les recueillir régulièrement avec une granularité et précision suffisante grâce à un processus de collecte normalisé et auditable par des organisations externes et indépendantes (dès lors qu'on souhaite réaliser des comparaisons entre entreprises).

 

Il est aussi essentiel de bien distinguer les indicateurs destinés à devenir public (qui lèvent le voile sur les pratiques de l'entreprise mais ne peuvent être trop détaillés afin d'éviter la divulgation d'informations confidentielles) et les indicateurs opérationnels qui doivent être beaucoup plus précis afin de finement quantifier et analyser les points d'amélioration, les progrès et reculs. Ces indicateurs opérationnels sont en général des sous-indicateurs d'indicateurs RSE (ou CSR en anglais pour Corporate Social Responsibility ) destinés à devenir publics.

Les 17 SDG, ODD de l'ONU

L'ONU a dressé 17 objectifs de développement durable (ODD ou Sustainable Development Goals, SDG) définis par l'ONU et a lancé son SDG Action Manager, un tableau de bord permettant à chaque entreprise de piloter et améliorer ses 17 objectifs.

 

Ces objectifs permettent de voir les externalités positives de chaque entreprise, néanmoins ils ne représentent pas nécessairement le coeur de l'activité de l'entreprise.

  

D'autre part, ces ODD peuvent être contradictoires , par exemple l'objectif 8. Decent work and Economic Growth est en contradiction avec le 13. Climate Action, car l'activité économique est étroitement corrélée à la consommation d'énergie ( la deuxième permet la première car nous sommes dépendants de machines utilisant de l'énergie) qui est-elle même responsable d'émissions de CO2 (car la majorité des sources d'énergie dans les pays en voie de développement sont très peu de carbonées).

Objectifs Life de LVMH (Rapport RSE 2018) versus SDG ODD ONU
Objectifs Life de LVMH (Rapport RSE 2018) versus SDG ODD ONU

Même si un peu enfoui dans le rapport RSE, les entreprises communiquent sur les actions qu'elles mènent sur chacun de ces indicateurs.

 

Ici, LVMH montre qu'à la fois en raison de ses activités et priorités, elle mettra plus l'accent sur la consommation et production responsable et l'action sur le climat que sur la réduction de la pauvreté ou des inégalités.

Notation RSE des entreprises

Vigeo Eiris, à l'origine française est devenu l'agence de notation experte en critères ESG, environnementaux et sociaux de gouvernance. Elle a créé les indices Euronext-Vigeo qui regroupe les 120 entreprises mondiales ayant les plus fortes notations ESG, et l'indice CAC gouvernance qui classe les entreprises du CAC 40 selon leur notation (cf. 2017 et 2019)

 

Le rachat (à plus de 50%) par Moody's de cette agence française dirigée par Nicole Notat ne doit rien au hasard, car ces indicateurs deviennent obligatoires dans l'évaluation d'une entreprise.

Classement RSE CAC 40

BlackRock utilise les critères RSE / CSR pour ses investissements

Les investisseurs deviennent de plus en plus attentifs à ces critères. renforcer le poids des critères ESG dans ses choix d'investissement. Il exige des entreprises qu'elles divulguent publiquement des informations détaillées sur les résultats, les engagements de développement durable (Sustainability Accounting Standards Board (SASB) et les risques liés au changement climatique (TCFD Guidelines).

 

 

Il vient aussi d'adhérer au Climate Action 100+, qui réunit plus de 200 investisseurs à travers le monde (dont Axa, BNP Paribas, CDC ...) et qui cible les industriels étant les plus gros émetteurs de Gaz à Effet de Serre dans le monde directement (nommé Scope 1) et indirectement ( nommé Scope 2 et 3 définis par GreenHouse Gas protocol) afin qu'ils réduisent fortement les émissions de GES. 

 

Parmi les entreprises françaises visées, il y a Airbus Group, EDF, ENGIE, LafargeHolcim (franco-suisse), Total et parmi les entreprises connues : ArcelorMittal, BASF, Bayer, Boeing, BP, Caterpillar, Exxon, Fiat Chrysler, Ford, GE, General Motors, Honda, Nestlé, Nissan, Panasonic, PepsiCo, Procter & Gamble, Shell, Siemens, Volkswagen, Volkswagen.

BlackRock Le Monde

Néanmoins, BlackRock n'a pas une politique très cohérente à ce sujet et fait aussi du greenwashing. Compte tenu des impacts financiers qui sont aujourd'hui tangibles, il n'a pas trop le choix que de basculer vers le GreenActing ...

C'est sans doute la raison pour laquelle, il a vertement fustigé lors de l'AG, Siemens qui a contribué à construire les infrastructures destinées à la création de la nouvelle mine de charbon Carmichael en Australie. D'autre part, la Commission européenne vient de confier une étude sur la finance durable au gestionnaire d'actifs BlackRock.

 

L'eurodéputée EELV Marie Toussaint s'insurge contre le choix en indiquant que « C'est comme confier à Al Capone la lutte contre le grand banditisme ». Si c'était l'unique étude que ferait la Commission européenne sur le sujet, Marie Toussaint ne serait pas loin de la vérité. La Commission européenne n'a néanmoins aucune obligation vis-à-vis de suivre les préconisations de cette étude.

 


En revanche, ce serait très étonnant que cela soit la seule. La Commission européenne souhaite peut-être avoir une multitude de perspectives et appliquerait peut-être à la lettre une parole de Michael Corleone dans le Parrain 2 « Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis. »

 

Si BlackRock préconise des actions en termes de finance durable, il lui sera plus difficile par la suite de refuser à lui-même d'appliquer ce qu'il a conseillé, d'autre part si BlackRock veut garder un peu de crédibilité dans ce domaine, il ne peut se contenter de proposer des solutions édulcorées...

 

Le rapport étant public et la pression d’eurodéputés, nous éclairera sur la validité ou non de ce choix dans les prochaines semaines.

Tableau de bord RSE opérationnel avec Zei

Zei tableau de bord

Afin d'avoir une vision plus opérationnelle de ses engagements RSE, Zei présentait un tableau de bord intégrant de nombreux indicateurs différenciés en fonction du secteur.

 

Vous pouvez vous créer un profil (voici le mien 😉), vous soumettez votre pourcentage de progression (en fonction de critères définis par Zei), votre objectif de progression, les fournisseurs avec lesquels vous travaillez et les justificatifs démontrant votre situation actuelle.

 

Zei peut vous aider dans cette démarche et pourra valider vos éléments déclaratifs. D'autre part, il propose des solutions de partenaires pour vous aider dans votre démarche. Le principe est judicieux, même si certains indicateurs devraient être améliorés.

Par exemple, plus vous avez un fort pourcentage de location du parc de matériel informatique, meilleur est votre score. Or, la location de matériel incite à le renouveler plus souvent et donc a un impact négatif sur l'environnement à la différence d'un achat avec un faible taux de renouvellement.

 

Un meilleur indicateur serait l'ancienneté du parc potentiellement pondérée par la performance énergétique du matériel, plus il est ancien meilleur serait votre score. Cela remet en cause l'envie des salariés d'avoir toujours le matériel dernier cri mais il faut savoir faire quelques sacrifices pour la planète ... 😉

 

Le modèle économique de Zei est fondé sur la création d'indicateurs et de tableaux de bord personnalisés pour les entreprises. Zei ne perçoit pas de commission sur les solutions potentiellement proposées par leur plateforme ce qui est préférable pour éviter d'être juge et partie.

 

Ce modèle économique est assez difficile à rendre rentable selon moi, car vous devez avoir une masse critique d'entreprises qui s'inscrivent sur la plateforme. C'est possible si c'est gratuit. Il faut que la part d'entreprises payant pour des services personnalisés et le montant d'abonnement soient suffisamment élevés pour maintenir une plateforme dont la majorité des utilisateurs ne paieront pas.

 

Pour que le service soit personnalisé, il faut des individus pour le faire (à moins d'utiliser de l'IA mais c'est encore un peu tôt vu l'hétérogénéité des informations) ce qui coûte cher et peut être difficile à faire payer. Enfin, il est difficile de gagner de l'argent avec ses partenaires sans perdre sa neutralité.

Autres outils d'évaluation RSE

SGEvT Tereval

La SGEvT met à disposition Tereval, une plateforme destinée à aider les collectivités à mieux décider sur base d'informations géolocalisées. Aujourd'hui, fondé sur la digitalisation du PLU, plan local d'urbanisme, il permet de facilement visualiser les travaux, infrastructures ... sur un territoire.

 

Kermap utilise les images satellitaires pour visualiser les zones végétales des villes et les quantifier, ces cartes sont d'ailleurs accessibles en ligne.

 

MoralScore (pas présent à ChangeNow) veut guider les consommateurs dans leurs achats et a pour ambition lui de devenir le Yuka de l'engagement en notant les entreprises (sans leur demander leur avis).

Conclusion

Un points essentiel pour que les entreprises, organisations soient plus respectueuses de l'environnement et des femmes et hommes qui les composent est qu'elles se mesurent de manière objective. Cela leur permet de se fixer des objectifs, de se comparer aux autres, de voir ce qui peut être amélioré, les initiatives qui fonctionnement et celles qui échouent.

 

Plutôt que de cacher leurs défauts, elles doivent apprendre à communiquer dessus en expliquant à la démarche qu'elles adoptent pour y remédier mais aussi être ouvertes aux idées qui peuvent les aider.

 

On voit aussi que les innovations dans la mobilité et l'inclusion ne sont pas seulement technologiques mais aussi d'usages, de modèles économiques. 

 

Si vous souhaitez avancer sur ces sujets, sensibiliser vos collaborateurs, les former ou réaliser des projets sur l'économie circulaire ou la RSE.

  • je réalise pour des entreprises, des missions pour "sourcer" des innovations, les évaluer, concevoir et construire des solutions avec les partenaires développant ces solutions qui répondent aux problématiques des entreprises clientes et les déployer. 
  • je réalise des debrief / conférences ainsi que des formations spécifiques à vos métiers pour identifier les innovations, tendances et disruptions dans ce domaine notamment , n'hésitez pas à me contacter :) Contact

 

Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere

 

Conseil en Innovation (IA, IoT, RSE / Économie circulaire ) - Contact - contact@livosphere.com

 

Conférences, Formation, Architecte et réalisation de projets innovants :  De la recherche d'innovations, de startups à leur déploiement et accompagnement dans vos projets ( de la recherche d'innovations / nouvelles technologies au déploiement de celles-ci dans votre entreprise)

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