Avant de commencer mon debrief du CES Las Vegas (fin janvier), comme chaque année, je fais quelques prédictions sur les tendances, les événements, les ruptures que j’anticipe pour l’année qui suit.
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Je brosse un tableau très large car les nouvelles technologies (IoT, IA, robots, blockchain…) auront des impacts sociétaux et même civilisationnels de plus en plus majeurs.
2018 pourrait se résumer pour moi en trois mots : inflexion, confusion et confrontation … 2019 et après seront le début de la transformation dans le bon sens du terme 😉
Inflexion car nous sommes à un point où les nouvelles technologies accessibles au plus grand nombre vont profondément bouleverser notre quotidien en plus et aussi en mal (selon les intentions de ceux qui l’utilisent)
Confusion nous allons perdre beaucoup de nos repères fondamentaux : humain / non humain, réel/virtuel, vivant/inerte, créations humaines / créations d’IA, vrai/faux car les technologies brouilleront les frontières
Confrontation entre les États qui voudront reprendre la main face au GAFA, entre GAFA/BATX, nouveaux et anciens, individus et entreprises/acteurs publics, créateurs, diffuseurs de contenus et opérateurs télécoms.
Enfin, Confrontation avec notre société Formule 1 face à notre propre planète qui nous obligera à devenir une société tout-terrain pour que la technologie soit au service de la résilience et non seulement de la performance.
Voici les différents éléments de l’article (avec des liens directs), il est très long (plus de 12 h de vol jusqu’à Vegas, ça aide 😉
IA dans nos vies :
- Prolifération des agents/assistants intelligents
- Confusion entre la création humaine et celles provenant de l'IA (avec des manipulations politiques)
- Premières répercussions massives sur l’emploi de l'intelligence artificielle
- Premières retombées scientifiques majeures de l’IA
- Les évolutions de l’IA
- La simulation numérique du monde réel au secours de l’IA
- Développement de l‘IA symbolique
- Le développement des méta-IA et l’intégration de multiples IA
IoT - Internet des Objets
- Le soufflé retombe pour les agents vocaux intelligents mais la voix spécialisée se décline dans les équipements
- De plus en plus de puissance et d’ intelligence » embarquée
- Des objets émotifs, Plus d’interfaces naturelles et d’objets digitaux
- Centre-villes autorisés seulement aux véhicules autonomes
- Énergie et transmission : Développement des réseaux bas-débits en B2B et du chargement sans fil QI
Intégration et assemblage des nouvelles technologies (IA, IoT, Blockchain, Robots)
- Les nouveaux rentiers grâce aux entreprises autonomes (DAO et IA)
- Usine 4.0 - Customisation de masse avec le Fog Manufacturing : des délais extrêmement raccourcis entre attente d’un client, création et production d’un produit et livraison
La confrontation des plaques tectoniques : Etat, GAFA/BATX, Anciens/Nouveaux, individus, Notre Planète
- Le Techlash des États envers les GAFA
- Course aux armements digitaux et IA des États
- Combat de titans entre GAFA et BATX
- Bataille d’Hernani entre l’ancien monde et le nouveau monde
- Combat homérique entre contenant (telcos), contenu et diffuseurs (Google, Facebook…)
- Customer et Citizen Empowerment en devenir face aux entreprises et acteurs publics
- Nous face à notre planète – d’une société Formule 1 à une société tout-terrain
Je vous l’avoue, je suis quelque peu bavard et verse souvent dans les digressions mais c'est l'occasion de mettre un peu de matière pour étayer mes prédictions.
Inflexion
Inflexion car nous vivons une période où les nouvelles technologies (Intelligence artificielle, IoT, programmation génétique avec CrispR, robots ) deviennent accessibles au plus grand nombre
- pour le meilleur (meilleure santé, meilleure gestion de nos ressources énergétiques, de la pollution …),
- pour le pire (cyberguerre, bio-hacking, armes autonomes, dopage intellectuel, manipulation des opinions publiques ) et
- pour le « impossible à prédire » (intégration massive d’IA comme assistant dans nos vies, augmentation de l’être humain, modification in vivo de nos gènes et de nos descendants avec CrispR…).
L’enjeu pour beaucoup d’acteurs n’est pas tant l’accès aux technologies mais l’accès aux données qui utilisent ces technologies. La bataille pour être le premier point de contact de l’utilisateur sera féroce car celui-ci sera La Plateforme (ou ubérisera…) qui « dispatchera » les différents services mais aura la plus grande marge, légitimité auprès du consommateur et ne deviendra pas une commodité.
Confusion
Confusion car nous perdrons des repères fondamentaux et millénaires pour l’être humain, les technologies vont brouiller les frontières :
- entre l’humain / nonhumain (en raison de l’intégration de puces dans nos corps, d’appareils remplaçant des organes défaillants et de la perte de perception de notre supériorité sur le reste avec une IA qui nous dépassera dans plus en plus de domaines),
- entre le réel / virtuel (cf. avec des objets qui imiteront la texture, la couleur, les odeurs de vrais objets avec qui nous interagirons naturellement par la voix, le geste, la montée en puissance de la réalité virtuelle/augmentée et surtout de la réalité mixte : Hololens… et tout simplement le mélange entre IRL et IVL ),
- entre les vraies et fausses émotions (interactions avec des objets/robots simulant des émotions), vrai / faux ( vrai news / fake news qui paraîtront de plus en plus vrais)
- entre le vivant et l’inerte (l’intégration de cellules biologiques dans des objets et vice versa )
- entre l’authentique, crée par l’Homme / de l’artificiel, crée par la machine (cf. Création de vidéos artificielles, voix artificielles),
- entre le point de vente et le lieu de fabrication (avec le fog manufacturing moins radical que ce qui précède ;)
Confrontation
Cette confusion créée pour beaucoup d’acteurs, une formidable opportunité de rebattre les cartes ou au contraire est une terrible menace de tout perdre. États, GAFA/BATX, entreprises, individus … vont se confronter, nous assisterons aux chocs de plaques tectoniques, de tremblements de terre digitaux, sociétaux et mêmes planétaires.
Nous sommes à un moment de crise au sens étymologique du terme (κρίσις, krisis – moment de choix, de décision ) où tout peut basculer dans un sens ou un autre mais où l’humanité devra faire ses choix.
Étant un éternel optimiste, ce n’est qu’une période de transition qui devrait aboutir à une profonde transformation de nos sociétés d’ici 3 à 5 ans. De toutes les manières, c’est notre planète qui au final sifflera la fin de la récré (11000 ans depuis les débuts de l’agriculture sur 4Md soit moins de 4 mn sur toute une scolarité, études supérieures incluses. ;)
Il y a de fortes chances que les États reprennent la main vis-à-vis des GAFA, entreprises, (Techlash via la réglementation …) soit de manière autoritaire comme cela se passe dans certains pays soit de manière concertée. Une Europe unie pourrait avoir un rôle majeur si nous ne voulons pas être écrasés par la Chine, l’Inde désormais 5ème puissance mondiale avant la GB et la France, les Etats-Unis, les autres BRICS (Brésil, Russie, Afrique du Sud) et l’Afrique (qui va connaître une très forte croissance), rien n’est joué…
Intelligence artificielle
Prolifération des agents/assistants intelligents
Un des grands intérêts de l’IA est de transformer des données complexes en décisions simples ou en actions automatiques.
Le nerf de la guerre étant l’argent, les GAFA investissent massivement dans l’IA pour nous faire acheter plus en supprimant le maximum de frictions (en facilitant le choix et le paiement), en étant présent au bon moment (achats contextuels en fonction du lieu, du moment, des personnes avec qui vous êtes) et en s’adaptant à vous (personnalisation de services et même de produits, cf. fog manufacturing ci-dessous ) qu’on pourrait traduire par : Sell the personalized product, to the right person at the time.
Fini le temps des bannières publicitaires avec des taux de clics inférieurs à 0,1% (cf. article sur Amazon), on va chercher des taux de transformation et d’achat de 10%, 20%, 50% voire 99% (il y aura toujours des récalcitrants !) d’autant plus facilement que nous fournissons toutes les données nécessaires. Un "Do you want to buy X" se transformera en « Yes, you can » et même « now and forever » … si on tient compte des services comme Amazon Replenishment Service qui automatiquement vous commande votre lessive dès que vous n’en avez plus en détectant via votre machine à laver connectée que votre réservoir de 5 litres n’a plus qu’un litre dans le ventre.
L'intelligence artificielle fleurira dans un très grand nombre d'applications comme Facebook Messenger, WhatsApp et sur les sites web d’Amazon, Google (recherche, Youtube, photos...) pour nous pousser de la pub contextuelle, achetable en un clic. C’est devenu très commun avec WeChat (cf. intervention TED sur le futur du shopping en Chine) qui intègre tout – messagerie instantanée, services, paiement. Il y a juste un petit souci, nous pousser à surconsommer, est-ce vraiment raisonnable quand nos ressources planétaires viennent de plus en plus à manquer … La réponse d’Angela Wang à la fin de ce TED est éloquente à ce sujet !
Confusion entre la création humaine et celles provenant de l'IA (avec des manipulations politiques)
Aujourd’hui, nous arrivons en très grande majorité à distinguer ce qui a été imaginé par l’homme de ce qui a été « imaginé » par une machine même si aujourd’hui, il est plus difficile de distinguer ce qui est fait par l’homme de ce qui est fabriqué par la machine.
En 2018, nous verrons de plus en plus de contenu « créatif » venant de l’IA, pas encore réellement original mais cela viendra. Aujourd’hui, les créations d’IA ressemblent plus à des mashups ou de l’interpolation d’images, sons, de vidéo. Des couches cachées d’un réseau neuronal extraient un style, les appliquent à des images, du texte ou des vidéos pour créer une nouvelle image dans le style d’un peintre, compositeur….
En 2018, nous verrons une explosion d’oeuvres d’IA créatives, dont nous serons incapables de distinguer des œuvres humaines. Vous en voulez un avant-goût …
Des scientifiques ont créé des œuvres en utilisant des réseaux neuronaux créatifs (CAN - Creative Adversarial Networks). À la différence des GAN (Generative Adversarial Network) qui font des « copies » d’œuvres existantes, les CAN produisent des oeuvres perçues comme nettement plus créatives. D’ailleurs, ils ont montré que des êtres humains n’étaient pas capables de faire la distinction entre ces créations et celles créées par des êtres humains (exposées à Art Basel 2016 et des œuvres d’expressionnisme abstrait).
Dans le même registre, Aiva est la première IA, compositrice enregistrée par la SACEM, comme vous l’entendrez, la musique conviendrait parfaitement pour des musiques de film... Vous avez sans doute entendu parler de Daddy’s Car composé sur base de chansons des Beatles il y a la version Bach pour les férus de classique. (projet Flow Machines de Sony CSL Research Lab avec un financement européen).
Pensez-vous qu’Alpha Go pourrait devenir créatif. Le fameux paradoxe du singe savant et la bibliothèque de Babel de Borges pourraient prendre tout son sens avec l’IA…
Il suffirait qu’elle soit capable de générer une quasi infinité de textes, de couper les branches non créatives et « absurdes », par exemple en mesurant l’entropie de Shannon (ni trop faible car peu originale, ni trop forte, car trop aléatoire et donc ayant trop peu de sens) ou faisant appel d’abord à des humains pour juger de la créativité puis en simulant via de l’Adversarial IA ce jugement. On applique grosso modo la méthode utilisée par Alpha Go Zéro (bottom-up) pour créer du contenu. La méthode top-down est plus proche du premier Alpha Go qui a battu Ke Jie, champion du monde de GO…) !
Pour un artiste, l’IA permet de démultiplier sa capacité créative mais aussi de béotiens. A partir d’une simple photo ou de quelques mots-clés, on pourrait créer un chef-d'œuvre digne de Degas ou de Van Gogh… enfin la plupart des gens le croiront.
On peut même imaginer d'ici quelques années que Spotify ou Deezer créent de vraies playlists personnalisées avec des musiques, des chansons créées de toute pièce et à la volée basée sur nos préférences avec des textes et mélodies qui nous sembleront complètement inédits. Sacré challenge à venir pour les artistes.
Petite question pour les juristes, à qui va les droits d’auteurs si un réseau neuronal utilise des chansons ou des œuvres protégées pour créer des chansons complètement originales, comment les répartit-on Est-ce toujours du plagiat Comment d’ailleurs pourrait-on le savoir dans le cas où un réseau neuronal puise dans des milliers d’artistes
La réponse viendra peut-être d’une IA qui déterminera si l’IA incriminée intègre ou non tel ou tel artiste (Cf. article sur les limites de l'IA…)...
Il aura une course à l’IA, entre une IA créant du faux contenu, et une IA cherchant à le détecter et l’éliminer, une surenchère incessante à l’intelligence en perspective … où Google, Facebook en particulier seront en première ligne.
Il y aura une recrudescence de fraudes où des personnes se font passer pour des amis ou des proches en reproduisant leur voix, en créant de fausses photos ou vidéos pour créer un faux sentiment de confiance.
Vous voulez le tester par vous-même, faites le test sur cette page vous me direz si vous distinguez la voix humaine de la voix d'une IA.
Bien sûr, le versant noir est la création de faux contenus pouvant se faire passer pour du vrai, la fausse vidéo de Barack Obama montre ce dont l’IA est capable. Il sera de plus en plus difficile de reconnaître ce qui est vrai, de ce qui est partiellement vrai et de ce qui a été créé de toute pièce. On arrive notamment à créer des voix qui ressemblent à celle d’êtres humains.
Il ne nous reste plus beaucoup de temps avant que toute création ne soit soupçonnée d’être au moins partiellement produite par l’IA. Je profite de ces derniers instants pour vous exposer une création 100% Human Inside…
Un jour, il n’y a pas si longtemps, une amie titillait mon imagination avec une photo et un commentaire "La terre est bleue comme une orange." ... "on doit être hors saison"...
Avant qu’une IA ne me pique l’idée, je choisis de prendre le poème d’Eluard et la chanson de Cabrel de les mixer avec un zeste de moi pour les deux dernières lignes.
La terre est bleue comme une orange
On doit être hors-saison
Sorti d'un rêve étrange
J'en garde le frisson
Dans les brouillards salés
L'aube se passe autour du cou
Que mon écharpe nouée
Du froid se joue
Les murs, les jardins, les rues
Un collier de fenêtres
on croit connaître
on se voit perdu
Ils ne vous donnent plus à chanter
Sa chanson vide "où es-tu "
Qu'une âme veuille l'entonner
Elle ne sera entendue
Tout mon courrier déborde
Tous les secrets tous les sourires
Si nos lettres s'accordent
pour nous les offrir
Les guêpes fleurissent vert
Au seuil de ton pavillon
Tout le soleil sur la terre
On doit être hors-saison
Combien de temps avant quelques étincelles créatives ne soient considérées comme d’une banalité confondante car tellement faciles à reproduire pour une IA
Bravo en tout cas à celle ou celui qui parviendra à créer la première IA mixant poèmes et chansons. Prévenez- moi quand vous l’avez réalisée !
Premières répercussions massives sur l’emploi de l'intelligence artificielle
Difficile de ne pas en parler, l’IA détruira des emplois (il en créera aussi bien sûr ;).
Les banques, les sociétés d’audit, les distributeurs (surtout en raison de la montée de l’e-commerce) devraient donner les premiers coups d’envoi aux plans de départs massifs dus à l’IA. Pour éviter que de trop nombreux ex-salariés restent sur le carreau, l’enjeu est non seulement de favoriser la formation professionnelle au sein des entreprises mais au-delà d'inciter et former ses salariés à apprendre à apprendre (cela commence d’ailleurs à l’école comme je le précise dans cet article).
Pour réduire l’impact d’une perte d’activité, il faut faciliter et encourager les activités rémunérées annexes ou connexes et le passage d’une activité à un autre (avec l’auto-entrepreneuriat, les revenus issus de l’économie du partage, l’autoconsommation, le troc de services …) .
L’entreprise deviendra de plus en plus une plateforme ouverte avec une vision et des projets réunissant internes et externes où le salariat exclusif diminuera au profit de formes flexibles de travail. Les couvertures sociales de chaque forme de travail devront se rapprocher du salariat pour faciliter le passage d’une forme à une autre.
Un exemple : favoriser les contrats de travail multi-entreprises où il serait très facile de basculer d’une entreprise à une autre en fonction de l’activité en particulier pour les bassins d’emploi restreints. Cela nécessite néanmoins une polyvalence et une flexibilité des salariés.
Premières retombées scientifiques majeures de l’IA et en politique mais l’AIpotism n'est pas pour tout de suite !
L’IA commence à devenir une aide précieuse pour les scientifiques, on devrait avoir une pluie d’avancées majeures en sciences :
- dans l'astronomie (la compréhension des trous noirs et trous blancs comme l’illustre la découverte d'exoplanètes par Google autour de l'étoile Kepler-90
- la physique (sur la théorie du Tout qui unifierait les interactions fondamentales, la potentielle découverte des gravitons - n'oublions pas que le CERN stocke aujourd’hui plus de 200 pétaoctets (soit 200 000 disques durs de 1 téraoctet) de données générées notamment par le LHC lors de collision de deux protons. Beaucoup des données que pourraient ingurgiter une IA, qui ne sont certainement pas analysées pleinement aujourd’hui),
- la génétique (aussi bien pour découvrir les gènes responsables de maladies génétiques, établir des liens entre génétique et l’intelligence humaine, trouver les ancêtres de LUCA – Last universal common ancestor qui serait vieux de 3,5 à 3,8 Mds d’années…)
L’IA pourrait faire son entrée en politique économique (de manière cachée au départ) pour étudier, simuler les impacts de décisions politiques mais aussi de manière pragmatique pour débusquer les fraudes fiscales.
L’AIpotism ou IApotisme n’est pas encore d’actualité mais qui sait dans 20 ans nous serons peut-être gouvernés par une forme de despotisme éclairé par l'IA (ci-contre Frédéric II de Prusse en exemple;) , nous n'aurons peut-être même plus le choix, car devant la complexité de notre monde et des répercussions que l’homme aura sur lui, seule une IA pourra vraiment y faire face ;)
Les évolutions de l’IA
La simulation numérique du monde réel au secours de l’IA
Une des prochaines « frontiers » que l’IA va dépasser en 2018 est la « compréhension » du monde physique.
Comme l'expose très justement Yann Lecun, l'intelligence artificielle, pour être précis, les réseaux neuronaux nécessitent énormément de données or autant pour le GO, il est facile de jouer contre soi-même des millions et des millions de parties afin d’entraîner un réseau neuronal, autant reproduire et apprendre du monde physique à partir d'expériences réelles semble matériellement impossible.
Pour donner un exemple, apprendre à marcher avec un réseau neuronal semble impossible pour une intelligence artificielle car le temps d'apprentissage sera beaucoup trop long néanmoins il y a une solution qui pourrait pallier au moins en partie à ce problème : la simulation numérique.
Une entreprise comme Dassault Systèmes (3DS) est devenue spécialiste pour reproduire virtuellement les effets physiques et mécaniques (en intégrant la gravité, les effets de lumière…) d’un très grand nombre d'objets physiques, ainsi que de structures telles que des bâtiments et même des villes (reconstitution de Paris à travers les âges par 3DS). Même si ces simulations ne reproduisent pas à 100 %, la réalité, elles permettent néanmoins d'avoir une très bonne approximation qui pourrait être utilisée largement par les IA. L'apprentissage sur le terrain pourrait se faire dans un deuxième temps, il permettrait d'affiner le réseau neuronal tout en contournant la limitation physique initiale.
Les GAFA/BATX (équivalents chinois des GAFA : Baïdu Alibaba Tencent Xiaomi) useront et abuseront des simulations pour comprendre et modéliser le monde physique.
Développement de l‘IA symbolique
Aujourd'hui la plupart des développements d’IA tournent autour des réseaux neuronaux (IA connexionniste) et du deep learning. Ils sont parfaitement adaptés pour percevoir, classifier interpréter les images des sons, des vidéos.
Mais comme j'avais expliqué dans un récent article, ils ont des défauts intrinsèques. Le premier est la quantité de données nécessaires pour l’entraîner. Tout le monde s’affaire pour la réduire ou plutôt pour générer de nouvelles données à partir de données actuelles (forme de PCR quantitative, processus d'amplification exponentielle de l’ADN mais pour l’IA ;) En effet, il est plus simple de générer des données imaginaires (avec l’Adversarial IA) à partir d’un nombre réduit de données que d’utiliser directement un nombre réduit de données.
Néanmoins, il reste d’autres défauts tels que l'incapacité à expliquer leur raisonnement, le biais de confirmation … qui les rendent peu adaptées pour prendre des décisions. L’IA symbolique ou formelle (l’IA à la papa diront certains car un peu reléguée aux oubliettes face à la déferlante du Deep Learning) n’est pas adaptée pour traiter et classifier des très grands nombres d’images… en revanche, elle l’est beaucoup plus pour prendre des décisions car elles peuvent justifier leur choix ( obligatoire d’ailleurs dans le cadre de la RGPD / GDPR Règlement général sur la protection des données.)
Les réseaux bayésiens, les systèmes experts apprenants, les arbres de décisions et "random forest" sont quelques unes des techniques de l’IA symbolique qui devraient fortement se développer en 2018.
S’il fallait comparer l’IA symbolique avec les réseaux neuronaux, c’est un peu comme si vous compariez l’algèbre moderne à l’arithmétique ou la géométrie classique à la géométrie analytique (comparaison imparfaite néanmoins car l’algèbre moderne couvre aussi la diagonalisation des matrices utilisées dans les réseaux neuronaux …).
L’IA symbolique peut être utilisée pour des assistants de preuve mathématique qui ont servi à formaliser la démonstration pour le théorème des quatre couleurs, en 2005 et la conjecture de Kepler en 1999.
Le développement des méta-IA et intégration de multiples IA
Comment choisir la bonne IA parmi cette foultitude d’IA avec des capacités différentes à traiter des problèmes de nature multiples et des contraintes différentes ? Il suffit de faire appel à notre ami magique, l’IA de nouveau !
Eh oui, une IA pourrait avoir le rôle de superviser de multiples IA, c’est d’ailleurs un des rôles de l’IA d’Alpha Go (pas Alpha Go Zéro qui n’a qu’un seul réseau neuronal ... qui est d’ailleurs plus performant… sauf si Alpha Go Zéro encapsule une forme d’IA régulatrice dans son réseau neuronal mais cachée dans l’une de ses couches neuronales …)
On peut imaginer une multitude de couches d'IA différentes composée d’un réseau neuronal générant des "randoms forests" (arbres de décision dont les noeuds seraient eux-mêmes composés de mini-réseaux neuronaux), le tout supervisé par une méta-IA symbolique ou un algorithme génétique.
On pourrait aussi inverser : un méta-réseau neuronal (adversarial IA, double système d’IA avec un générateur de données et un discriminateur) gérant une multitude de réseaux neuronaux, voire des IA mutants intégrant de multiples IA concurrentes et complémentaires à l’image d’un corps humain qui élimine les anti-corps et absorbe la nourriture. Nous ne sommes qu’aux prémices de l’IA, pas sûr d’ailleurs que nous soyons capables de bien comprendre leur évolution !
IoT - Internet des Objets
Le soufflé retombe pour les agents vocaux intelligents mais la voix spécialisée se décline dans les équipements
En 2018, nous verrons une chute d’usage des agents vocaux intelligents (en particulier Google Home).
À l'image des SmartWatch après un buzz et un succès commercial d'achat, la fort baisse des ventes risque de pointer son nez d'ici 6 mois. A l'image du lapin Nabaztag et de Mother de Sen.se, la fréquence d’usage de ces agents vocaux devrait fortement diminuer après quelques mois d’utilisation car aujourd'hui ils sont beaucoup trop génériques. Aujourd'hui, le premier usage (30%) est pour écouter la musique puis commander sa maison '20%), enfin réaliser des achats 10%)
Amazon Echo tirera son épingle du jeu pour la partie achat, le Home Pod d’Apple devrait avoir un destin similaire à l’Apple Watch, importantes ventes au début mais usage réel faible en dehors de la fonction enceinte.
En revanche, il devrait y avoir un développement des agents vocaux spécialisés au sein d'objets connectés comme dans l’électroménager, la télévision pour des usages spécifiques et simples comme j'en ai parlé dans l'article suivant.
De plus en plus de puissance et d’ « intelligence » embarquée
De plus en plus d’industriels préféreront embarquer la puissance de calcul et l’« intelligence » dans des processeurs plutôt que la déporter dans le cloud pour de multiples raisons :
- délai de latence beaucoup plus réduit, plus de résilience en cas de panne réseau,
- moins de risques concernant la confidentialité et le hacking des données et
- plus de facilité à gérer les données en regard de la GDPR
sachant que le coût des puces et leur consommation d’énergie se réduisent de plus en plus pour une puissance croissante.
Des objets émotifs
Le rapport aujourd'hui entre les humains avec les objets est encore très utilitaire (moins le cas en Asie et Afrique qui ont des cultures animistes bien plus développées qu’en Occident).
On verra de plus en plus d’objets exprimer de fausses émotions et sentiments pour créer de l’empathie, de l‘attachement de la part de l’utilisateur. Même si c’est encore tôt, l’intelligence artificielle sera mise à contribution pour créer ces émotions et s’adapter à nous.
Je suis curieux de voir comment l’IA va apprendre à nous manipuler et si comme au GO, les techniques comme le pied dans la porte, la culpabilisation… seront découvertes toutes seules et les nouvelles techniques qu’elle va développer à l’image des coups imaginés par Alpha Go Zéro !
Pour info, la meilleure manière d’échapper à la manipulation, c’est d’en connaître les techniques ;)
Autre moyen pour développer les émotions, avoir un design se rapprochant d’êtres vivants. Aïbo, le premier robot de Sony, Nao avec sa tête plus grande que le corps pour nous faire penser aux bébés l’illustrent. Je pense notamment que les agents vocaux intelligents sous forme de cylindre feront place au fur à mesure à des robots ressemblant à des animaux pour susciter plus d’interactions.
Plus d’interfaces naturelles et d’objets digitaux
Les interfaces naturelles comme la voix, le geste se développeront, ce qui sèmera de plus en plus la confusion entre le réel et virtuel, le physique et le digital.
Nous verrons de plus en plus d’objets écrans (avec des écrans souples), qui changent de couleur, de motif voire même de texture (comme le montre la startup française Hap2U qui modifie la texture d’un écran grâce à des ondes acoustiques.).
Au début, beaucoup de ces objets seront des gadgets néanmoins, quelques-uns devraient sortir du lot, ceux qui répondent à de vrais usages, où cela a du sens d’intégrer du digital à l’objet.
Centre-villes autorisés seulement aux véhicules autonomes
Des villes commenceront à n’autoriser que les véhicules électriques et autonomes dans leur centre-ville (mais cela pose des problèmes à la fois lors de recharges simultanées par exemple vers 19h, de la capacité à produire de l’électricité décarbonée et d’avoir des solutions de stockage massif d’électricité)
Énergie et transmission
Développement des réseaux bas-débits en B2B
Les réseaux d'objets connectés en B2B se développeront de plus en plus massifs, le NB-IoT fera petit à petit son apparition, mais ce sont surtout des objets connectés en Lora et SigFox qui seront déployés en 2018.
La 5G (bas débit car il y a plusieurs 5G …) pour l'IoT ne devrait pas apparaître commercialement avant 2023 (en étant optimiste) même s'il y aura beaucoup de tapage médiatique de la part des fabricants de puces (comme Qualcomm et Intel) et d’infrastructures réseau (Huawei, Nokia, Ericsson).
Les raisons principales sont que les gains apportés sont très faibles par rapport aux autres technologies (Lora, Sigfox, NB-IoT et LTE-M), le gain financier pour les opérateurs ridiculement bas (un abonnement annuel inférieur à 10€ !) et un coût de déploiement et de maintenance en infrastructure beaucoup trop cher (fog /edge computing), avec une myriade de petites bases stations à maintenir pour réduire les délais de latence notamment. En revanche, la 5G à très faible délai de latence destinée aux véhicules autonomes devraient commencer à se déployer sur les autoroutes (là où c’est le plus intéressant d’avoir des véhicules autonomes :)
J’en ai parlé l’année dernière et cela tarde mais je crois que le Bluetooth 5.0 devrait mettre au rebut la plupart des protocoles propriétaires et plus ou moins ouverts dans la maison (Zigbee, Zwave, Enocean, Thread..) car d’une part les puces coûtent très peu chères, elles sont intégrées dans les smartphones, le BLE 5.0 est many-to-many (le BLE 4.0 était one-to-one – appairage seulement de deux devices) et il est mesh (réseau maillé).
Le développement du chargement sans fil QI
À l'image du micro USB et USB-C, la norme QI va devenir un standard de fait dans la recharge.
Apple a intégré la recharge par induction QI sur iPhone X, iPhone 8, et iPhone 8 Plus et la norme devrait se diffuser de plus en plus pour simplifier la recharge.
Intégration et assemblage des nouvelles technologies (IA, IoT, Blockchain, Robots)
Les nouvelles technologies s’intégreront et s’imbriqueront de plus en plus entre IA, IoT, robotique, Blockchain, génétique. Theranos a complètement échoué dans les tests sanguins automatisés mais d’autres startups prennent la relève. Eligo BioScience dirigé par Xavier Duportet n’utilise pas encore de robots associés à l’IA pour réaliser ces tests biologiques mais mon petit doigt me dit que d’ici 2, 3 ans, cela deviendra une évidence.
D'autre part, surviendra la première implantation de puce neuronale destinée à des malades d'Alzheimer pour augmenter leur mémoire. Une question se pose néanmoins autorisera-t-on les malades d'Alzheimer à avoir plus de mémoire que les autres êtres humains ?
Les nouveaux rentiers grâce aux entreprises autonomes et DAO
Il devient possible de créer des entreprises autonomes générant du CA automatiquement. Un site e-commerce proposera de personnaliser votre produit, personnalisation qui aboutira directement à une mini-usine qui fabriquera et transmettra directement le produit au client via un logisticien avec un support dédié en cas de problème.
Il « suffit » de construire un mashup de briques logistiques, de production, d’e-commerce connectées via des API… En ajoutant de l’IA et de la DAO (Decentralized Autonomous Organization, une organisation fondée sur le blockchain fonctionnant grâce à un programme informatique qui fournit des règles de gouvernance à une communauté) , vous pouvez même créer une plateforme collaborative automatisée.
Cela pourrait même être un nouveau placement financier ! En revanche, une entreprise autonome peut aussi selon sa construction générer automatiquement du déficit !
Usine 4.0 - Customisation de masse avec le Fog Manufacturing
- la customisation de masse via le fog manufacturing (production décomposée en plusieurs parties, éléments standards produits de manière centralisée et plus on se rapproche du consommateur, plus les quantités produites par unité de production sont faibles, plus la personnalisation est élevée. On devrait ainsi voir l’arrivée de mini-sites de production en France (le frog manufacturing diront les anglais ;) pour se rapprocher des clients.
Potentiellement, un point de vente peut devenir un lieu de production pour la personnalisation finale. Lancôme propose son fonds de teint fondé sur un scan en magasin de l’incarnation de votre peau sachant que trouver le bon fond de teint est extrêmement fastidieux (70€ ! ) bien sûr beaucoup plus élevé.
- l’utilisation de Cobots et de robots industriels flexibles qui permet très rapidement de changer une production voire de personnaliser à la demande …
- l’éco-conception pour dès le départ anticiper la réutilisation et le recyclage du produit
Le défi pour les entreprises est de livrer des produits personnalisés aux utilisateurs de manière quasi instantanée (tout en évitant une surconsommation des ressources by the way).
Pour résoudre cette quadrature du cercle, il y a plusieurs moyens :
- la VR/AR et le vidéo mapping (comme le fait Smart Pixels pour Nike et Berluti pour personnaliser leurs chaussures) qui permet de visualiser un produit personnalisé avant qu’il ne soit fabriqué,
Le choc des plaques tectoniques - la confrontation
Comme je le disais en introduction, 2018 sera l'année où de nombreuses plaques tectoniques (les États, les GAFA/BATX, les citoyens et utilisateurs, notre planète vont se percuter et provoquer des tremblements de terre numérique, sociétaux voire civilisationnels.
Le Techlash des États envers les GAFA
Evasion fiscale des grands groupes, bitcoin, collecte massive de données personnelles par les GAFA, influence des citoyens (via des médias concentrés , les fake news…), recherche et mise en œuvre de nouvelles technologies (blockchain, IoT, Intelligence artificielle, génétique …) menées par des sociétés privées alors qu’elles transformeront profondément nos sociétés : … montrent que les États ont nettement perdu de leur pouvoir et influence face aux entreprises en particulier les GAFA.
Mais les États ne vont pas se laisser faire … L’espérance de vie d’un Etat est nettement plus grande qu’une entreprise privée ce qui lui permet d’agir sur le long terme (certes, les élections influent sur un pays, mais il y a une inertie beaucoup plus grande ce qui a aussi ses avantages !), il peut agir de conserve avec d’autres États sur le plan international et mondial et actionner des leviers puissants en particulier la loi, sur lequel nul autre acteur ne peut agir directement.
Les États feront leur grand retour en 2018 via la réglementation (fiscalité et financement, travail, environnement, solidarité nationale, alimentation…), leurs prérogatives régaliennes (sécurité des individus, défense nationale, le contrôle des mouvements de population…). Le GDPR qui réglemente la protection des données personnelles et les premières amendes records aux GAFA. 100 Me à Facebook concernant son rachat de What’s App, 2,4 Md€ à Google pour abus de position dominante concernant Google Shopping et 1,1 Md € pour redressement fiscal (au final rejeté par le Tribinal administratif de Paris). Ce n’est que le début … 2018 sera l'année où des amendes supérieures à 5 Md$ seront infligées à des GAFA.
Je parie sur une réglementation sévère sur les bitcoins et autres monnaies virtuelles (je prédis qu’il devrait chuter à moins de 5000 USD, minimum ;) Je vois mal les États accepter de se faire piquer un de leurs prés carrés les plus chers : l’argent ! Les ICO (initial coin offering, levée de fonds en Bitcoin) sont déjà interdits en Chine, ce n’est qu’un début.
Course aux armements digitaux et IA des États
La nouvelle arme de dissuasion et potentiellement destruction massive est le hacking et la cyber-guerre. Chaque État va tester les défenses de ses ennemis et alliés.
Il est possible qu’on assiste à des pannes géantes en raison de ce type d’attaque. L’arrivée de l’IA à ce sujet va certainement accélérer cette course (cf article). Ce n’est pas anodin, si Vladimir Poutine a dit que l'Etat qui deviendra le leader en IA sera celui qui dominera le monde (cf article sur les risques des armes autonomes)
L’influence et les risques de déstabilisation via les divulgations d’informations secrètes, fausses… sont loin d’être terminés. Cela devrait avoir deux effets, accroissement de la protection mais aussi un effet positif : plus grande « honnêteté » des entreprises (moins de corruption, de travail d’enfants de discriminations..).
Comme les secrets ne le demeurent de moins en moins longtemps, que quelqu’un va fuiter l’information, tant qu’à faire, on évitera de prendre des risques qui peuvent mettre en péril votre entreprise parc qu’un conciurrent, un État a décidé de saborder votre entreprise. Cela n’empêche pas la divulgation de fausses informations mais il est toujours plus facile de se battre contre des calomnies que des vérités à cacher.
Il est aussi possible qu’on voit apparaître les premiers dopages intellectuels dans des États ayant des régimes dictatoriaux ou proches... Cela devrait d'ailleurs poser de très grands dilemmes éthiques pour les États démocratiques qui ne pourraient normalement lutter à armes égales ;)
Combat de titans entre GAFA et BATX
2018, sera aussi le théâtre de combats homériques entre les GAFA et les BATX (GAFA chinois – Baïdu, AliBaba, Tencent (Wechat), et Xiaomi), d’une part les GAFA pour s’étendre doivent plus s’implanter en Chine et inversement pour les BATX (qui investissent de plus en plus dehors de la Chine : la tentative échouée de rachat de MoneyGram par Alibaba, les participations croisées entre Spotify et Tencent, les accords entre Baidu et QNX BlackBerry pour la voiture autonome.
On peut s’attendre à ce qu’un des 8 parmi les GAFA et BATX mette un genou à terre (forte chute des résultats, plan de départs massifs, rachat par un autre GAFA/BATX).
Bataille d’Hernani entre l’ancien monde et le nouveau monde
La première bataille entre les anciens et les nouveaux est celle de la Net Neutralité, assurée depuis toujours elle a permis le développement fantastique des GAFA. Mais la roue a tourné, puisque la FCC s'est prononcée mi-décembre pour la fin de ce principe obligeant les fournisseurs d'accès internet (FAI) à traiter tous les contenus en ligne de la même manière.
Cela signifie concrètement que les telcos vont faire payer les GAFA pour utiliser leurs tuyaux et leur assurer une bonne qualité de service alors qu’avant ils ne pouvaient le faire avant. Cela pose de nombreux problèmes, notamment que potentiellement n’importe quel site internet devra payer les telcos pour pouvoir être vu correctement par les internautes. La facture pourra alors être répercutée sur les clients ... sauf si vous prenez les services préconisés par votre opérateur ! Typiquement, les opérateurs pourraient proposer des forfaits intégrant les services/contenus avec qu'ils ont des partenariats commerciaux et un package plus cher si vous prenez d'autres services, contenus ... Voyez les risques de distorsion de concurrence et de "risque de "silotisation" d'Internet. Cela donne un pouvoir énorme aux opérateurs telcos au détriment des GAFA d’où d’ailleurs leur action légale contre le FCC pour empêcher l’abandon de la Net Neutralité
En 2018, cette bataille montrera la réussite triomphante ou la chute brutale des nouveaux face aux anciens qui font de plus en plus et de mieux en mieux la résistance (Tesla contre les offres constructeurs automobiles, Sigfox contre les opérateurs télécoms, Uber contre les taxis, AirBnB Vs les groupes hôteliers, GAFA / Telcos, producteurs de contenus…)
Certains disrupteurs ayant le vent en poupe passeront du Capitole à la Roche Tarpéienne, périront ou se feront avaler par un ancien et d’autres au contraire se renforceront. Les Etats et les acteurs publics via la réglementation en particulier sont de puissants arbitres de ces combats pour favoriser ou freiner (comme on l’a vu pour Sigfox, Uber, AirBnB…)
Comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, il y aura aussi de la casse pour toutes les entreprises trop dépendantes des GAFA comme on l’a vu avec la forte des résultats de Criteo en raison de la politique anti-cookies d’Apple (chute de 22% de son CA). …
D'autre part, les startups en France vont de plus en plus s'associer voire être rachetées par des grands groupes en particulier dans l'IoT très consommateur de cash. Netatmo ainsi risque fortement d'être racheté par Legrand car il y a un réel intérêt pour Legrand qui est déjà actionnaire (minoritaire) de Netatmo et pour Netatmo qui comme pour toute startup IoT a besoin de cash et de circuits de distribution.
Autre question, est-ce que la marque Netatmo disparaîtra comme Withings après le rachat par Nokia ou pas si cela arrive ? Dans un premier temps, je pense que c'est préférable de la garder pour être garant des partenariats avec d'autres groupes. Legrand a intérêt à maintenir les partenariats de Netatmo avec d'autres entreprises comme Velux ou Muller (chaudières) et de développer un éco-système ouvert. Comme les frontières se brouillent entre les activités des acteurs dans le smart home (Legrand, Somfy, Delta Dore),
Combat homérique entre contenant (Telcos : AT&T, Vodafone, Orange…), contenu (Disney, Time Warner, ligues de Sports...) et diffuseur (Facebook, Youtube, Netflix…)
Les coups de butoir sur la net neutralité aux États-Unis fin 2017 sont un prélude aux combats de titans en 2018 entre contenant (Telcos), créateur de contenu et diffuseur.
Déjà, des méga-fusions commencent à avoir lieu au sein de chaque division ( Disney rachetant Fox dont 21st Century Fox), les telcos (gestionnaires de tuyaux ;) rachètent des producteurs de contenus (ex: ATT rachetant Time Warner-AOL , Comcast rachetant NBCUniversal, des diffuseurs sont convoités par des telcos et gestionnaire de contenus ( Yahoo racheté par Verizon, Hulu possédé par ComCast, Fox, Comcast et Time Warner) et les GAFA sont à l’affût des contenus emblématiques (Amazon rachète les droits de tennis en Grande-Bretagne, et les droits d’adaptation à la TV du « Seigneur des Anneaux « pour 200 M$, Youtube s’accord avec Universal Musics et Sony pour lancer son offre de musique en ligne, discussion entre la Ligue de Football et Facebook et Amazon).
Cela crée d’ailleurs de sacrés conflits d’intérêts (en particulier Disney et Comcast) qui peuvent aboutir à des cartels. Ce n’est pas pour rien que le Département de Justice US essaie de bloquer ou de revoir des rachats AT&T/Warner, Comcast / NBC Universal.
En revanche, je ne vois pas de telcos réussir à intégrer des créateurs de contenus car leur stratégie est profondément orthogonale avec celle des créateurs de contenus ( les résultats récents d’Altice plaident en ce sens et nous verrons ce qui résulte du rachat de Time Warner par ComCast).
L’objectif des producteurs de contenus est de le diffuser au maximum alors que celui des telcos, ayant une infrastructure limitée (bande passante, réseau fibre et ADSL) est de valoriser au maximum le contenu (avec une logique de Yield Management en évitant du contenu largement diffusé ailleurs et favorisant le contenu exclusif).
A moins d’être une entreprise assumant sa schizophrénie et donc de séparer complètement les deux entités productrices de contenus et gestionnaire de tuyaux, ça ne marche pas. La tentation est trop grande pour le gestionnaire de contenu de rendre son contenu exclusif. On pourrait voir en Netflix ou HBO, une exception. Ce n’est pas le cas.
D’abord, ils sont diffuseurs et ont une logique proche des créateurs contenus, être diffusés le plus possible pour pousser du contenu. Ensuite, ils ne rachètent pas des sociétés qui créent du contenu, ils créent du contenu exclusif pour leurs abonnés sachant qu’ils ont une base client suffisamment grande pour le faire. La logique est similaire aux chaînes comme TF1 et Canal Plus qui produisent du contenu propre en plus du contenu acheté par des droits (films, sports).
Customer et Citizen Empowerment en devenir face aux entreprises et acteurs publics
En 2018, on commencera à voir plus de Customer / Citizen Empowerment auprès des entreprises et acteurs publics. En agrégeant leurs données et leur voix, ils représentent un pouvoir d’achat et électif qui peut changer le comportement d’entreprises et d’acteurs publics.
Mais cela prend du temps d’agréger tout ce monde, qui sait en 2018, nous aurons peut-être droit à des class actions retentissantes visant des GAFA ou des marques célèbres.
Déjà, Intel doit faire face à des 3 class action à la suite du Failles Meltdown et Spectre car ils n'ont pas communiqué suffisamment rapidement dessus?
Nous face à notre planète – d’une société Formule 1 à une société tout-terrain
Nous sommes face à une montée des catastrophes naturelles en 2017 et des situations extrêmes sur le plan climatique liée ou amplifiée par l’Homme, nous faisons face à de plus en plus d’attaques de cybersécurité (WannaCry…), à des mouvements migratoires massifs qui peuvent impacter durablement notre « way of life ».
Nous avons créé une société Formule 1 avec des routes conçues pour la vitesse, le problème est qu’aujourd’hui nous créons massivement des nids de poule qu’il sera de plus en plus difficile à éviter, d’où la nécessité de passer à une société tout-terrain (électrique !), comme je l’avais proposé il y a quelques années dans cet article.
Concrètement, il y a de fortes chances malheureusement qu’en 2018, une grande capitale ou une ville de plus de 2 millions d’habitants n’aient plus accès à l’électricité, l’eau et/ou aux télécoms pendant 1 mois ou plus et que cela s’empire avec le temps.
La technologie a aujourd’hui un objectif de performance, d’efficacité, avec ce type de catastrophes, nous prendrons conscience qu’il faut basculer à une technologie de résilience pour surmonter ce type de crise , car nous serons au pied du mur (c’est déjà le cas néanmoins !).
Pour donner un exemple concret, si vous n’avez plus d’électricité dans votre maison et que vous avez un voisin avec un panneau solaire, il ne pourra vous dépanner au-delà d’une distance de quelques rallonges électriques, car le réseau électrique actuel est centralisé et ne permet pas de partager l’électricité dans un quartier (peer-to-peer trading) et encore moins en partageant les coûts. L’utilisation notamment de la blockchain est une des briques permettant le déploiement de ce type de réseau (nommé aussi mini-grid).
L’IA embarquée, les réseaux locaux maillés comme Lora sont aussi des technologies qui permettraient d’assurer un premier niveau de services associés à des solutions low tech (nous pourrions nous inspirer des pays en voie de développement et de l’innovation Jugaad ).
Autant nous savons faire face à des urgences mais actuellement, au-delà de quelques semaines, si nous ne parvenons pas à rétablir le réseau usuel, nous sommes fortement démunis, et cette situation devrait arriver de plus en plus souvent. Comme d’habitude, c’est une fois au pied du mur que nous réagissons, et en 2018, selon moi, nous serons massivement au pied du mur, voire le nez cassé contre la paroi.
Conclusion
Vu comme ça, 2018 ne semble pas une année des plus roses, je dirai que c’est une année où nous prendrons massivement conscience de la nécessité de modifier nos modes de vie.
Comme toujours, nous saurons surmonter ces crises même si on perdra quelques plumes. Il faut anticiper l’étape d’après ce bouleversement et faire en sorte que les chocs futurs soient plus amortis et que nous puissions nous relever plus rapidement par la suite.
N'hésitez pas à réagir à ce trop article sur les parties qui vont intéressent.
Dimitri Carbonnelle
Fondateur de Livosphere
Conseil en IoT, IA et Robots collaboratifs / Cobots