CES Las Vegas 2020 : Retours IA, Robots, Résilience, transport, 5G, VR, Cybersécurité

Le CES 2020 vient de s'achever, Voici mes retours sur cette nouvelle édition. (In English, click here)

 

Le CES Las Vegas est en perte de vitesse, il y a moins d'exposants, de visiteurs que l'année dernière. Le consumérisme à tout prix dont le CES était l'icône commence à montrer ses premières faiblesses. Gary Shapiro à la tête du CES en viendrait même à dire que cette baisse est salutaire ...

 

Si vous êtes intéressé(e) par une nouvelle tendance de fonds, les innovations et startups RSE et dans l'économie circulaire, vous pouvez lire mes articles à ce sujet à la suite de ChangeNow : Économie circulaire , paradoxes écologiques, productions (micro-algues, locales...)

 

Pour revenir au CES, dans les keynotes, on parle de plus en plus des impacts néfastes sur notre société (emploi, vie privée...) et environnement des technologies, même si ça se reflète encore très peu parmi les exposants, des signaux faibles montrent que la Technologie sans conscience n'est que la ruine de l'Homme ...

 

De grands acteurs comme Intel et Qualcomm ont soit disparu soit fortement réduit la voilure au CES. Pour la France, il y a moins de startups françaises, moins de grands groupes exposants accueillant des startups (seul Village by CA et La Poste ) notamment à cause de Viva Tech qui attire plus les grands groupes.

 

En bref, les tendances :

  • IA : " Pervasive  AI " ou IA qui devient omniprésente avec des usages de reconnaissance visuelle et sonore, de personnalisation mais aussi de nouvelles interfaces Brain to Command (NextMind) et des avatars intelligents...un peu flippant (Neon.Life). Heureusement, il y a aussi des solutions pour les personnes ayant un handicap (Brainco : prothèse de main, aide pour les mal voyants)
  • Robots : Beaucoup d'exosquelettes (pour s'entraîner au sport : Samsung ou bosser : Sarcos), pour compenser des handicaps et le lancement de la vague de robots sociaux qui auront toujours du chemin à faire avant d'intégrer nos "chez-nous" mais Samsung avec Ballie font du forcing pour y entrer .
  • Résilience : Les technologies de résilience (production individuelle de nourriture : MyFood, énergie: O'Sol, eau : Zero Mass Water et Watergen produisent de l'eau à partir de l'humidité de l'air...) pointent leur bout du nez.
  • Énergie : Infrastructure de recharge électrique pour le parc de véhicule qui s’étend et permet à des véhicules de devenir des canaux de distribution d'énergie  (avec des chargeurs bidirectionnels pour alimenter la maison à partir de son véhicule)
  • Mobilitéde plus en plus multimodal ( pour le dernier km), V2X (communication entre véhicules et avec l’infrastructure de la ville qui devrait se développer), des flopées de navettes autonomes qui embarquent des capteurs, IA qui vont bénéficier aux véhicules semi-autonomes. de nouveaux drones avec passagers .
  • 5G : Développement de la 5G principalement en B2B « Critical IoT » (industrie, santé, véhicule connecté) car beaucoup moins d’intérêt en B2C. Les USA pourrait avoir une stratégie de contournement de Huawei sur la 5G.
  • VR : plus immersive avec des vêtements haptiques (pour simuler le toucher), des accessoires pour sentir la chaleur, des chaussures pour faciliter les déplacements à 360°,
  • Parallel TV : futur révolution de la TV... personnalise l'affichage d’une TV sans lunettes 3D (ex: vous voyez votre nom, votre porte d'embarquement... sur l'affichage d'un aéroport mais vous seul le verrez, les autres verront leurs propres infos !)
  • Cybersécurité : une forte percée de la biométrie (surtout empreintes digitales), en revanche peu de blockchain
  • Gadgets : Smart Potato, connaître émotions de votre chien, miroir qui affine votre taille ...

« Pervasive AI » ou IA disséminée partout

Massification

Grosso modo, les principaux usages de l'IA sont d'augmenter l'efficacité, de mieux personnaliser, d'aider à la décision et d'explorer de nouveaux champs.

 

L'exploration à l'exception des recommandations est encore bien trop peu connue du grand public alors que cela donnerait une toute autre image de l'IA, d'ouverture plutôt que enfermement dans un comportement normé.

 

Il y a une "Consumerization" / Massification de l'IA, elle s'intègre de manière invisible dans nos applications et objets. Les usages sont principalement la reconnaissance visuelle et sonore. De nouvelles interfaces Brain-to-Command (BCI) comme NextMind utilise l'IA pour détecter nos intentions grâce à un casque mesurant l'activité électrique de notre cortex visuel situé à l'arrière du cerveau et la traduit en intention.

 

La traduction instantanée entre deux interlocuteurs qui était un rêve il y a quelques années se banalise (ex : Waverly Labs). ST37 utilise des caméras associées à l'IA pour aider les arbitres dans leur décision sur de multiples sports comme le kayak, le tennis.  

La traduction instantanée entre deux interlocuteurs qui était un rêve il y a quelques années se banalise (ex : Waverly Labs). 

 

ST37 utilise des caméras associées à l'IA pour aider les arbitres dans leur décision sur de multiples sports comme le kayak, le tennis.  


Personnalisation avec l'IA

L’IA devient un outil puissant de personnalisation et guide de plus en plus guide nos comportements par exemple dans le domaine du bien-être.

 

L’Oréal propose des solutions (en prototype) pour personnaliser son fonds de teint, crème et rouge à lèvre selon le scan de sa peau réalisée avec son smartphone. L’IA permet de capturer les éléments personnels de chacun (caractérisation de la peau).

 

En revanche, il n’est pas évident qu’ils industrialisent ces produits. Le CES est ici plus un moyen de tester un concept et d’apprendre des retours clients sur ce type de produit qu’un pré-lancement de produit.

 

IA humanisée

En revanche, cela pose une question, faut-il ou non donner des émotions aux IA. Le risque est que des IA simulent des émotions pour nous manipuler et c'est en train d'arriver. Un robot chien qui aurait une larme à l'oeil pour inciter un enfant à acheter des croquettes virtuelles est un exemple de manipulation, il peut aussi s'appliquer à des adultes.

 

Sans donner un statut aux robots ou objets, Il faudrait distinguer les IA et robots qui ont pour objectif de se rapprocher le plus possible d'êtres humains ou d'animaux des autres.

En revanche, l'IA devient " flippante " avec Neon.Life, filiale de Samsung. Grâce à une combinaison de techniques d'effets spéciaux (scanning en 3D, application de textures de peau, cheveux) et d'IA (utilisation du deep learning similaire au deep fake videos pour modifier à volonté les lèvres, les sourcils, les expressions), Neon.Life peut créer des avatars photo-réalistes d'êtres humains qui simulent des émotions (l'approbation, la surprise...) à volonté.

 

L'objectif est de réaliser des agents conversationnels intelligents avec lesquels nous pourrions discuter en langage naturel à l'image du film Her mais incarnés. Attention, nous sommes très loin de l'IA forte, car nous nous rendrons vite compte de la limite de ces agents qui ne pourront avant longtemps avoir une conversation qui couvre une multitude de sujets.

 

 

 


 

Insulter son toaster ou une IA qui aurait vocation à simuler les expressions, les intentions humaines pourrait être considéré comme identique. Néanmoins, il y a un risque qu'à terme, il soit de plus en plus difficile de distinguer ce qui est humain, de ce qui est artificiel. Si nous insultons une IA simulant en les humains, ne risque-t-on pas d'en faire de même pour d'autres êtres humains.

 

Lorsque les jeux vidéo deviendront extrêmement réalistes et immersifs et qu'il deviendra de plus en plus difficile de distinguer le jeu vidéo de la réalité, ne devrions-nous pas réglementer plus sévèrement les jeux avec une forte violence, pour éviter que les individus commencent à confondre les deux (j'ai écrit un article parce que cette confusion ici ).

Après Impossible Burger, Impossible Pork - Parmi les interdits alimentaires ou pas ?

La confusion ne s'arrête pas au monde digital. Impossible Foods a déjà réalisé un "steak" sans viande, nommé Impossible Burger, présent dans de plus en plus de lieux de restauration rapide. Il est fabriqué à partir de 21 ingrédients principalement du soja, et d'un ingrédient génétiquement modifié, le soja léghémoglobine ou hème, qui donne la texture et le goût de la viande. Il faudrait vérifier le bilan carbone de l'Impossible Burger pour voir la différence avec la production d'un steak normal ainsi que s'il y a des risques ou non à long terme pour la santé de manger ces aliments.

 

Impossible Foods réitère au CES avec son Impossible Pork, qui pose une question toute simple, est-ce que cela sera considéré comme un interdit alimentaire pour les juifs et les musulmans ? Si on se tient au sens littéral non, car ce n'est pas du porc, si on se tient à l'esprit de l'interdit alimentaire, oui car cela représente du porc. La question paraît anodine mais elle illustre une tendance de nos sociétés et les technologies à brouiller nos repères, nos frontières sur les choses les plus simples, ce qui est vrai, ce qui est faux (cf. article).

 

 

Robots

Robot associé à l'IA utilisée pour compenser les handicaps et augmenter les êtres humains

 

Les robots et objets robotisés permettent de compenser les handicaps. La prothèse de Brainco entraînée par une IA (coût encore élevé : 10k€) permet à une personne amputée de serrer la main et de saisir des objets.

 

 

Delta Airlines utilise déjà les exosquelettes Sarcos pour déplacer des charges lourdes. De manière plus générale, il y avait beaucoup d'applications destinées aux personnes ayant un handicap, Samsung présentait une application permettant aux mal voyants gardant une vision résiduelle de visualiser des personnes.

 

 

 

 

Samsung présentait GEMS, le 1er exosquelette grand public destiné à nous aider à faire nos exercices de fitness associé à un casque VR mais aussi pour aider les seniors à se déplacer. 

 

 

 

 

 

 

 

Lexilife présentait sa lampe pour aider les personnes dyslexiques à lire. Les personnes dyslexiques auraient deux yeux directeurs au lieu d'un seul. La lampe LED permettrait de favoriser un oeil par rapport à l'autre pour qu'il devienne directeur. Abeye, soutenue par l'enseigne Atol a présenté aussi des lunettes pour les dyslexiques.   


Social robots

Ballie, robot compagnon de Samsung, devrait lancer la mode des robots compagnons. Il a l'allure d'une balle de tennis et peut exercer de multiples tâches : télé-surveillance (mais ne peut surveiller qu'une pièce à la fois !), un assistant encourageant à réaliser des exercices et aidant les seniors à utiliser leurs appareils connectés dans leurs maisons, et un jouet pour les enfants et animaux de compagnie.

 

 

Je suis circonspect sur la réussite de Ballie, robot-compagnon fourre-tout, néanmoins cela pour être le début de l'arrivée d'une vague de robots compagnons après celui des assistants vocaux intelligents. Je ne serai pas étonné de voir Amazon et Google compléter leur gamme d'Amazon Echo, Google Home avec des assistants intelligents robotisés en 2021 au plus tard. L'autre impact est que cela devrait fortement contribuer à réduire les coûts du hardware (en particulier les pièces robotisées) grâce aux économies d'échelle.


On voit que Samsung avec Ballie, Neon.Life, les exosquelettes GEMS posent les premières briques des robots compagnons de demain. D'ici 2,3 ans, ils devraient entrer massivement dans nos vies comme les assistants vocaux et ce qui nous paraissait étrange nous deviendra normal. Les premiers usages sont le monde du jouet. Cela va vite devenir un sujet préoccupant, car un jouet intégrant une IA conversationnelle passera plus de temps à discuter avec les enfants que les parents et jouera donc un rôle dans l'éducation des enfants . Elle risque de réduire la part des nombreuses histoires imaginaires que nous créons avec nos nounours, poupées ou tout objet (quand j'étais petit, j'imaginais en classe des combats épiques entre des stylos et des crayons !).  

Technologies de résilience (alimentation et eau)

Alimentation et eau

De plus en plus de startups proposent des solutions pour produire localement sa propre alimentation, eau, énergie. Cette tendance devrait s'accroître afin de faire face à de potentielles ruptures d'approvisionnement (catastrophes naturelles, grèves et blocage ...).

 

Je parlerai plus loin de l'énergie, mais l'intérêt de ces entreprises est aussi de permettre de fournir un service minimum si on n'a plus d'accès à l'énergie, eau potable, alimentation ...

 

Zero Mass Water et Watergen (présent aussi l'année dernière) montrent leurs solutions pour collecter de l'eau à partir de l'humidité de l'air ambiant.. L'avantage du 1er est qu'il utilise des panneaux photovoltaïques pour fonctionner. Tant qu'à faire, soyons totalement autonomes !

Myfood, présent déjà à VivaTech, montrait sa serre quasi autonome par les panneaux photovoltaïques (suffisant pour alimenter les parties critiques de la serre). Pour un prix entre 5000 à 20 000€ (ou un leasing de 150€/mois sur quelques années), elle permet d'alimenter en fruits et légumes une famille de 3/4 personnes pour 60 à 80% de ses besoins.

 

La serre demande environ 1h par semaine de travail pour semer et collecter. Il pourrait surtout y avoir un usage collectif des serres de quartier ou dans la campagne. Les investissements seraient partagés ainsi que les récoltes.

Énergie

De plus en plus de solutions apparaissent dans le domaine du stockage d'énergie et de la production locale. O'sol présent aussi l'année dernière avait une rosace de cellules photovoltaïques qui alimentent une batterie Li-Ion.

 

Les panneaux photovoltaïques associés aux batteries font florès parmi les fabricants chinois avec des prix défiant toute concurrence (60? pour de grandes quantités de petits panneaux ). En revanche, il ne faut pas espérer de la qualité pour ce prix-là ! La batterie d'Otonohm (120 cellules) a vocation à remplacer les mini-groupes éléctrogènes difficile à transporter et utilisant du carburant. Vinci les utiliserait pour alimenter ses marteaux-piqueurs lors de travaux de voirie. Il serait capable de récupérer en entrée du courant alternatif, de le stocker et de le restituer en courant alternatif sans utiliser de chargeur et d'onduleur ce qui réduirait fortement les pertes.  

Libest avec sa batterie flexible permet de rendre les objets de plus en plus autonomes.

 

De plus en plus de fabricants de batteries se rendent compte du problème d’extraction posé par le lithium et surtout le cobalt concentrée dans quelques pays et avec des impacts environnementaux désastreux.  La production de lithium et surtout de cobalt est bien trop faible pour supporter un parc de véhicules électriques, équivalent au parc actuel de véhicules à essence et diesel. Il est donc indispensable que de nouvelles batteries soient imaginées sans nécessiter de lithium ou de cobalt ou d’autres terres dites rares. 

 

Nawa Technologies propose des batteries à base de nano-tubes en carbone qui ont une densité énergétique plus faible que les batteries Li-Ion mais peuvent générer des pics de charges beaucoup plus élevés d’où leur utilisation dans des motos électriques plutôt que des voitures électriques.

 

Sunleavs lui veut faciliter le partage d'énergie localement grâce à un capteur de production et consommation électrique individuel qui remontent les données sur une plateforme. En réalité, un voisin ayant un panneau photovoltaïque ne transmet pas directement son énergie à son voisin !

 

Sa production remonte dans le réseau électrique et son voisin va consommer son électricité dans ce réseau électrique. La législation devrait favoriser que l'on puisse partager son électricité directement avec ses voisins pour réduire l'impact des pannes électriques plus fréquentes lors de catastrophes naturelles (en évitant que le technicien soit électrocuté s'il le répare !). Nommé mini-grid, c'est techniquement possible mais très peu mis en place (ex : A New York, Brooklyn Grid permet à une cinquantaine de voisins de s'échanger de l'électricité )

D'autre part, Wallbox propose des chargeurs bidirectionnels pour aussi alimenter la maison à partir de son véhicule car le véhicule pourrait devenir un nouveau réseau de distribution d'électricité en s'alimentant à des sources peu chères et les utilisant / les vendant lors des pics de consommation où l'électricité est plus chère.


Transport : multimodalité, électrique, voiture volante

De nombreuses solutions ont vocation à faciliter le premier / dernier km et développer la multimodalité. Kiwee présente son véhicule électrique qui facilite la redistribution en permettant d'accrocher jusqu'à 8 véhicules à la queue leu leu si des stations manquent de véhicules, d'autres en ont de trop.


ZPM, société sud-coréenne présente le premier véhicule autonome à une place, utile surtout dans des zones délimitées comme des zones industrielles, des lieux de villégiature.

 

 

Srom Motors, société indienne présente son tricycle électrique à 3 roues qui a pour avantage d'avoir un espace intérieur proche des véhicules à 4 roues mais pour un poids et une consommation électrique bien moindre Le plus étonnant est la voiture volante d'Aska, société israélienne qui pourrait produire ses premiers véhicules premier semestre 2020 . attendons de voir !  


Glafit, société japonaise issue de Jetro présente sa cette trottinette électrique repliable. De nombreuses startups françaises étaient présentes dans ce créneau (Coleen : vélo électrique, Wello : Tricycle électrique à énergie solaire). Des solutions innovantes comme Cyc Motor permettent de transformer n'importe quel vélo en vélo électrique le coût reste encore assez élevé (900€) sans compter la batterie additionnelle.  


Il y avait beaucoup plus de navettes autonomes que de voitures autonomes. Elles sont de plus en plus associées avec des modes de transport du dernier km (ex: Scooter ou trottinette électrique chez Toyota e-Palette). Les technologies des véhicules autonomes servent aussi à des véhicules semi-autonomes (niveau 2,5 ou 3). Il y aura des véhicules autonomes mais seulement dans les zones dédiées ou voies dédiées. Il n'y aura pas les véhicules autonomes sur le rond-point de l'étoile avant 2040 sauf si seuls les véhicules autonomes pourraient y rouler.

 

De même, il serait illusoire de croire que les camions autonomes vont tous mettre les chauffeurs au chômage, car le camion ne pourra jamais être autonome sur la totalité du trajet à quelques exceptions près. En revanche, on peut imaginer un chauffeur qui emmène un camion autonome à l'entrée d'une autoroute, et qu'un autre chauffeur le récupère à la sortie de l'autoroute après que le camion ait réalisé le chemin sur autoroute par lui-même.  

Ford et la livraison au dernier km

Ford présentait sa solution pour la livraison du dernier kilomètre utilisant un robot avec pour tête un lidar. Je suis très sceptique sur le déploiement massif de ce type de solution semble plus être une vitrine de communication pluq qu'un vrai moyen de livraison compte tenu des coûts, des problématiques de sécurité pour le robot et les utilisateurs, leur acceptation. 

 

Au moins l'avantage est qu'il pourrait livrer  même s"il y a des escaliers à monter ... ce qui est un des gros freins de l'utilisation des mini-robots autonomes, à roues pour livrer.

 


Pour favoriser l’émergence des véhicules connectés et autonomes, le V2X (communication entre véhicules et avec l’infra de la ville) se développe mais encore timidement.

 

Il y a de nombreuses bornes de recharge électrique pour les voitures mais aussi pour les trottinettes (ex : Green Scooters). Ils ont choisi des bornes individuelles pour faciliter le maillage néanmoins il n'est pas possible aujourd'hui de savoir si une borne de destination est disponible ou pas ce qui peut devenir un peu gênant.

Drones et voitures volantes

Bell Helicopter a de nouveau présenté son drone avec passager alors que Hyundai présentait aussi le sien avec Uber 

La société israélienne Aska devrait tester ses 1Ers prototypes de voiture volantes 1er semestre 2020. Impatient de voir cela ... même si le représentatnt m'a indiqué que ce proto ne ressemblerait pas vraiment à celui de la vidéo !


5G, surtout B2B et pas de vrai décollage B2C avant quelques années

Il y a beaucoup de "buzz" médiatique autour de la 5G. Autant la 5G aura un impact majeur en B2B, elle ne devrait pas percer en B2C (hors Asie) avant plusieurs années. En B2B, il y a 2 types d'usages : le « critical IoT » (URLLC) avec des communications plus robustes et avec moins de latence pour des usages principalement B2B: industrie, télémédecine, véhicule autonome et connecté.

 

Le massive IoT (mMTC) est le 2ème usage avec de très nombreuses communications à bas débit et consommant peu d'énergie. Les solutions existantes comme le NB-IoT (technologie Huawei à l'origine), LTE-M ne sont pas de la 5G à proprement parler mais que le GSMA (organisme qui standardise les protocoles télécoms) a inclus pour des raisons de communication dans la 5G. En réalité, la vraie 5G « massive IOT » ne devrait pas arriver avant longtemps car sa valeur additionnelle par rapport aux autres technologies (NB-IoT, LTE-M, Sigfox, Lora) est faible avec un coût économique très élevé.   

Le principal usage B2C est l'augmentation de débit (eMBB), la 5G restera une innovation incrémentale par rapport à la 4G avec un modèle économique incertain pour les opérateurs télécoms en B2C (usages : 360°, AR/VR) vu les investissements nécessaires. On risque de voir de nombreux utilisateurs de smartphone 5G sans couverture 5G dans l'immense majorité des cas. La 5G nécessite de beaucoup plus densifier le nombre d'antennes (pour réduire la distance entre l'équipement et l'antenne). 

 

Cela augmenterait le chiffre d'affaires des équipementiers réseau comme Ericsson et Huawei mais cela coûterait beaucoup plus cher pour les opérateurs qui n'y ont intérêt que pour les usages à forte valeur économique (critical IoT).   Il est vraisemblable que l'iPhone 12 soit compatible 5G (avec les ondes millimétriques, > 6 GhZ) mais à un coût bien plus élevé aujourd'hui que la version 4G pour un usage qui sera restreint. On voit des surcoûts aujourd'hui de 200€ pour le même téléphone en version 5G par rapport à la 4G (néanmoins cela peut vite changer  ...). 

D'autre part, la 5G en très haut débit consommerait beaucoup plus d'énergie que la 4G même si de nombreuses optimisations sont possibles (ex: sleeping mode). 

 

Les chiffres de vente de téléphones 5G prévus par le CTA (organisation en charge du CES) me semblent à ce titre excessivement optimistes. 

Au final, il ne devrait pas y avoir avant au moins une dizaine d’années, une couverture de la 5G comparable à la 4G. Nous aurons beaucoup plus une couverture en peaux de panthère (centre villes, zones industrielles, zones agricoles très automatisées…) croisée avec un tigre (grands axes routiers). 

 

En revanche, les usages B2B devraient se développer dans l'industrie, la santé et la mobilité comme l'indique le CTA.

 

 

 

La stratégie des USA pour rattraper son retard face à Huawei pour la 5G

Les Etats-Unis sont aujourd'hui à la "ramasse" concernant la 5G. Les 4 constructeurs d'infrastructures de la 5G sont soit chinois (Huawei, ZTE qui possèdent aussi des smartphones de leur marque) ou européens (Nokia, Ericsson qui ne vendent plus des acteurs majeurs de smartphones). Il n'y a aucune entreprise américaine or il s'agit d’une technologie majeure de communication qui prendra une place croissante dans les dix prochaines années (mais pas aussi rapidement que tout le monde le dit.)

 

Les Etats-Unis ont deux stratégies complémentaires. La première est de favoriser les concurrents à Huawei et ZTE (via deux fonds, de 750 M€ pour les entreprises développant des technologies 5G et 500 M€ pour les entreprises déployant ces solutions qui devraient être prochainement votées par le Sénat US) . La deuxième est de retarder le déploiement de la 5G d'acteurs chinois, le temps de rattraper son retard. Cela consiste à inciter les pays occidentaux à ne pas utiliser Huawei (ZTE n'est pas un gros acteur comparé aux 3 autres) mais aussi à favoriser les technologies concurrentes à la 5G et contourner partiellement la 5G pour avoir plus de temps pour rattraper son retard.

 

Pour les usages B2C, si, en Asie, particulièrement en Chine, il ne fait aucun doute que la 5G devrait rapidement s'étendre à tous les smartphones, il n'en est pas de même aux Etats-Unis et en Europe pour des raisons de coûts pour les opérateurs télécoms. Une extension de la couverture 4G suffirait à répondre à la majorité des besoins dans les 5 prochaines années en B2C.

 

Pour les Etats-Unis et potentiellement l'Europe, le leadership chinois peut devenir critique en B2B car la 5G a vocation à être utilisée pour les industries, la santé et les véhicules connectés et autonomes. L'intérêt de la 5G "Critical IoT" est la faible latence et sa robustesse ainsi que gérer des situations de mobilité étendue.

 

Quelles alternatives existent à la 5G dans ces domaines à court terme ?

 

Dans le domaine de l'industrie et de la santé, la majorité des cas d'usage ne nécessitent pas de mobilité étendue (c'est-à-dire capable de gérer des entrées/sorties de zone de couverture d’une station - Les AGV, véhicules autonomes eux le nécessitent) et pourraient être gérées par un réseau local à très haut débit. Le prétendant le plus apte à fournir ce service pourrait devenir le WiFi 6e sur des bandes de fréquences de 6 GHz (nommées bandes millimétriques mais fréquences pas encore libérées). La ZIgbee Alliance  qui réunit désormais des acteurs américains comme Apple, Amazon et Google pourrait aussi se développer dans le domaine industriel et de la santé en plus du Smart Home. En revanche, son débit est nettement plus faible.

 

Concernant les véhicules autonomes et connectés, la 5G présente de nombreux avantages mais l'Europe soutient aussi la norme WiFi TS-G5  qui permet une communication entre véhicules à un horizon plus proche et un coût moindre que la 5G (avec en revanche une latence et robustesse bien moindre que la 5G dite C-V2X pour Cellular - Vehicle - to -Everything : Vehicle, Infrastructure, Pedestrian ...).

 

Même si à terme la 5G s'imposera, la question est quand . Il y a de fortes chances que les Etats-Unis et aussi l'Europe, mettent en avant d'autres technologies en réseau local (en particulier les différentes versions de WiFi, Zigbee ) en plus de favoriser leurs entreprises pour rattraper leur retard face à la Chine en particulier Huawei. Vu l'enjeu, je mettrai ma main à couper (mais pas dans le sens litéral, on ne sait jamais), que un des GAFA, potentiellement Google ou un des gros cablo-opérateurs fassent une OPA sur Nokia ou Ericsson. Je ne vois pas comment les Etats-Unis pourraient accepter de n'avoir aucune entreprise américaine capable d'avoir les infrastructures réseaux et le coeur réseau. Espérons que l'Europe saura garder ses fleurons ...

 

AR / VR / XR de plus en plus immersif

L'AR / VR / XR se développent de plus en plus dans le domaine professionnel. La VR devient de plus en plus immersive grâce à de nouveaux accessoires de « Gaming ». par exemple Tegway propose des équipements pour ressentir le chaud le froid même la douleur associée à la VR.

 

Les chaussures de Cyber shoes permettent de se déplacer à 360° en restant immobile grâce aux roulettes.

Le retour haptique fait son entrée dans de nombreux produits dédiés à la VR : le siège immersif d'Arcadeo, Le caisson de basse personnelle pour sentir les basses de vidéo ou de jeux, Seenetic VR, des équipements pour éviter le mal de la VR (liée à la perte d'équilibre). 


Parallel TV, TV personnalisée

La Parallel TV de Misapplied Sciences en partenariat avec Delta Airlines, lance la future révolution de la TV... Elle personnalise l'affichage d'une TV sans lunettes 3D (ex: vous voyez votre nom, votre porte d'embarquement... sur l'affichage d'un aéroport mais vous seul le verrez, les autres verront leurs propres infos !).

 

La résolution est encore très faible mais devrait augmenter rapidement. Le principe est fondé sur des LED transmetteuses de différentes longueurs d'onde donc de couleurs à des angles différents de vision.

Le système est capable aujourd'hui d'afficher 1000 images différentes et cela devrait augmenter à 10 000.

 Si deux personnes se rapprochent fortement, un texte générique est montré (dans la même langue si celle-ci est identique pour les deux personnes et que le système l'a identifié auparavant).

 

 

Il y a de fortes chances que la parallel TV devienne la prochaine tendance des futures TV (il y a des personnes de LG, Samsung...) qui ont jeté un oeil dessus ;) et d'ici là la tendance pour les systèmes d'affichage extérieurs.

 

La première version sera visible à l'aéroport de Détroit cette année...

L'innovation majeure est la capacité de Misapplied Sciences de modifier l'affichage pour chaque individu quelque soit sa position dans la salle. Ils utilisent une technique qui permet de vous identifier (par la haut et non facialement cf caméra) puis de vous suivre, de calculer votre position, de la transmettre à l'écran qui vous transmet l'image qui vous correspond.

 

 

 


Cybersécurité et données personnelles

La cybersécurité devient un enjeu systématique car la principale crainte des consommateurs est de se faire hacker leurs données. L'IA embarquée ou Edge AI est une des solutions mises en avant pour éviter que nos données personnelles soient transmises et potentiellement hackées. La biométrie principalement les empreintes digitales sécurise nos appareils électroniques. Keopass est un système similaire à celui des empreintes digitales pour PC mais intégré dans une clé. Elle permet aussi d'ouvrir sa serrure (via NFC). Shepherd Lock lui a carrément intégré la reconnaissance des empreintes pour ouvrir sa serrure.

 

 

BiroSign est capable d'authentifier la manière de signer grâce à un accéléromètre dans le stylo. Bystamp propose lui un tampon numérique qui possède une double authentification en appuyant le tampon sur l'écran et via Bluetooth. Des solutions permettant de crypter/décrypter les données à partir d'une clé USB 

Les sociétés craignent aussi les contrefaçons. Goyalab utilise des nano-particules pour identifier les produits authentiques. Elle les intègre dans la matière.

 

Celles-ci réagissent à une excitation via des rayons UV (pour la plupart), rayons visibles ou IR et émettent à des fréquences spécifiques (lumière visible en général) qui forment une signature spectrale unique et très difficile à reproduire. 

 

Avec leur produit, ils peuvent savoir directement si le produit est un faux ou pas en rapprochant la signature émise par les nano-particules par la base de données de signature. Dans la plupart des cas, aucune nano-particule n'aura été ajoutée dans l'emballage du produit sinon il sera facile de vérifier que la signature des faussaires ne correspond pas à celle prévue. Il est aussi possible de vérifier la signature d'un liquide, dans ce cas évidemment aucune nano-particule ne sera intégrée dans le produit. Même s'il y a une variation entre deux produits d'origine, elle sera beaucoup plus réduite par rapport à Une contrefaçon qu'on pourra ainsi facilement identifier.

Blockchain presque inaperçu

Il y avait très peu de blockchain par rapport à l'année dernière, principalement des sociétés de services comme Transchain

 

Après une phase où on voulait utiliser la blockchain comme alternative complète au cloud centralisée, souvent en créant des usines à gaz, on utilise aujourd'hui la blockchain pour des usages beaucoup plus précis comme l'ancrage de données d'une base de données pour assurer sa traçabilité. Cela a très fortement réduit les cas d'usages de la blockchain et le nombre d'entreprises.

 

Les entreprises présentes au CES Las Vegas communiquant sur la blockchain sont surtout des sociétés de service. Néanmoins, Pundi, présente aussi en 2019, montre son terminal de paiement blockchain ainsi que son téléphone portable sécurisé par là blockchain (les transactions et les échanges sont hashées et incluses dans la blockchain : Pour plus d’informations, article spécifique sur la blockchain)

 

 

 


La palme revient néanmoins à BitAirt qui propose des oeuvres créées par une IA intégrée dans une blockchain !

 

Il y a aussi BitArt, qui réalise des spectacles qui explique la blockchain à travers la danse,  la chanson, le théâtre (mais ils n'étaient pas au CES !)


Gadgets

Le CES regorgent de gadgets inutiles. Il y a bien sûr le Smart Potato (qui a tourné en bourrique la sélection pour les startups à Eurêka Park) qu'on ne présente plus mais ne rigolez pas, demain vous parlerez peut-être avec votre chien ou votre chat grâce à l'IA, d’ailleurs c’est ce que propose Inupathy qui va traduire le rythme cardiaque de votre chien en émotions grâce à une IA !

 

Dnanudge va vous guider dans vos choix diététiques en fonction de votre ADN. Digital Heat va pour 219 USD vous imprimer vos toasts et ma préférée est le miroir qui amincit celui qui a de l'embonpoint qui ne servira plus à rien le jour où on portera tous des lunettes VR ...).Bzigo identifie les moustiques grâce à leur mouvement et le pointe avec un laser, il ne reste plus qu'à les écraser ou si vous avez l'âme charitable de les attraper et d'ajouter à l'extérieur de chez vous. Le seul souci est qu'il ne sait pas gérer les nuées de moustiques !  

Conclusion

Une année donc en transition pour le CES. L'année prochaine, une partie du CES (Sands) pourrait déménager dans la nouvelle construction en face du LVCC.  Cela créerait un sacré changement pour pas mal d'exposants et les startups localisées au Sands.

 

Il y avait encore beaucoup d'autres innovations. Je réaliserai plusieurs debriefs généraux du CES, un à l'ACSEL le 22 janvier et l'autre le 29 janvier avec Olivier Ezratty et Fanny Bouton au Forum des Images.

 

Si vous souhaitez que je réalise un débrief spécifique à vos métiers pour identifier les innovations, tendances et disruptions (Mobilité, Énergie, Santé, Economie Circulaire, Smart City, 5G, IA, Blockchain, IoT  ...) , n'hésitez pas à me contacter :)  Contact

 

 

Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere

 

Conseil en Innovation (IA, IoT, Blockchain, Robots) - Contact

Conférences, Formation, Architecte et réalisation de projets innovants :  De la recherche d'innovations, de startups à leur déploiement et accompagnement dans vos projets ( de la recherche d'innovations / nouvelles technologies au déploiement de celles-ci dans votre entreprise)