[Eco-Fiction] Si une économie circulaire et locale émergeait après une hyper-récession mondiale (hyperinflation + récession économique)

Le Pari de Pascal, revu ... En haut à gauche, image de la série L'Effondrement
Le Pari de Pascal, revu ... En haut à gauche, image de la série L'Effondrement

Imaginons que la crise économique due à la pandémie Covid-19 soit le 1er domino qui tombe, que la crise économique due à la pandémie Covid-19, n'aurait ni la forme d’une V, d'un U, d'un W ou même d'un L mais d'une cascade de 

L

   L

     L ...

et aboutisse à une récession cataclysmique  mondiale.

 

Même si cela paraît improbable ... mais bien sûr d’autres dominos pourraient tomber. : la chute de l'offre liée à la baisse de productivité, une demande restant forte sur les biens essentiels, le déversement des centaines de milliards créés d’un coup de crayon par les banques centrales sur l’économie réelle parce qu’ils ne pourraient plus se reporter sur la bourse en raison des nombreuses faillites …

 

Qui pourraient créer une inflation massive pourquoi pas une hyperinflation associée à une stagnation économique, c'est-à-dire une hyper-récession ou hyperstagflation mondiale…

 

Avec la hausse brutale des prix, nous n'aurions d'autre choix que de produire localement une partie importante de notre alimentation et énergie ou au moins à la troquer avec nos voisins vu que la monnaie quel qu'elle soit n'aurait plus de valeur. Nous n'aurions d'autre choix que de réutiliser, réparer nos appareils, vêtements et autres biens devenus hors de prix, neufs. Nous n'aurions d'autre choix que d''avoir une économie massivement circulaire, locale et solidaire au lieu de notre économie actuelle, massivement linéaire, globale et inégalitaire.

 

Ce scénario catastrophe est très hypothétique car il serait fortement contrecarré par tous les Etats et toutes les institutions mondiales. Il est vrai que cela leur permettrait de faire fondre les dettes incommensurables accumulées par ceux-ci à des taux aujourd'hui négatifs ... Mais on ne remet pas en question la religion de la faible inflation d'un coup de coronavirus... 😉

 

Pourtant à l'image du Pari de Pascal, il serait judicieux d'anticiper et de se préparer à ce scénario car nous risquons peu à le faire et beaucoup sinon...

 

Cet article a pour objet de voir l'ensemble des hypothèses pouvant mener à cette hyper-récession / hyperstagflation et comment s'y préparer avec des infrastructures résilientes et une économie circulaire et inclusive.

Sommaire

Facteurs d'inflation et de récession économique

  • Chute de l'offre en raison des faillites et de la baisse de productivité
  • Demande de biens essentiels stable et chute de la demande des besoins non essentiels
  • Effet boomerang de la dette massive des Etats pour faciliter la reprise
  • Premiers signes du retour de l'inflation
  • Réduction de l'offre importée et donc augmentation des prix.

Et si nous allions vers une Hyper-Récession mondiale ?

Conclusion

Facteurs d'inflation et de récession économique

Chute de l'offre en raison des faillites et de la baisse de productivité

La production de biens risque de fortement de chuter en raison de la faillite de nombreuses entreprises, du manque de main d'oeuvre sur la production de biens essentiels (notamment alimentaire) et la forte diminution de la productivité due aux mesures sanitaires et au télé-travail.

 

 

Cette baisse de productivité pourrait rendre beaucoup d'entreprises victimes de l'effet ciseaux. Elles seront tiraillées par la nécessité d'une part d'augmenter leurs prix pour répercuter leurs hausses de coûts et de baisser leurs prix pour écouler leurs stocks.

 

 

D'autre part, sous une certaine quantité de produits ou services vendus, l'entreprise ne peut être rentable, c'est le cas en particulier du secteur de la culture, du divertissement, des hôtels et restaurants qui se trouvent face à un problème quasi insoluble sans aide externe.

 

Comment être rentable en étant contraints de diviser par plus de deux le nombre de ses clients alors que leur point mort dépasse des taux d'occupation de 50% !

Dans le domaine des services, comme le transport aérien, les impacts économiques de la réduction des vols associées à la règle de distanciation sont tellement catastrophiques que cela a obligé le gouvernement à supprimer cette règle dans les avions. « La rentabilité économique débute à environ 75% de remplissage de l'appareil.

 

Pour l'heure, il est de l'ordre de 45 à 50%. ». Le risque est un effet domino, car si les compagnies aériennes chutent, il n'y a plus de maintenance des avions ou de commandes, et plus de commandes auprès de tous les sous-traitants, PME... En Occitanie, plus de 10 Md€ sont générés par l'industrie aéronautique (très implantée dans la région toulousaine), sa chute entraînerait toute une région.

 

De manière générale, les entreprises les plus fragiles seront les premières victimes, Renault qui depuis 2 ans a vécu les pires années depuis longtemps annonce vouloir fermer 4 de ses 12 usines en France malgré la garantie de l'Etat sur un prochain prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros.

Demande de biens essentiels stable et chute de la demande des besoins non essentiels

Ces faillites, baisses de salaire (liées au chômage partiel en France et au chômage tout court pour les Etats-Unis par exemple) vont provoquer un chômage massif qui réduira fortement le pouvoir d'achat.

 

 

Sur les biens essentiels (comme l'alimentation...) la demande ne devrait pas beaucoup baisser car même en temps de crise nous avons toujours besoin de manger et de boire. En revanche, nous pourrions nous reporter sur des produits basiques et préférer cuisiner ou prendre des alternatives moins chères. En revanche, pour les autres biens et services, la chute de la demande pourrait être drastique.

 

 

Par effet de rétroaction, l'écroulement de la demande sur les besoins non essentiels risque encore plus de plonger de nombreuses entreprises vers la faillite, ce qui créerait un cercle vicieux.

Effet boomerang de la dette massive des Etats pour faciliter la reprise

Afin d'éviter l'effondrement, les Etats se sont largement endettés pour soutenir leurs entreprises et leurs concitoyens.

 

 

En septembre 2019, le gouvernement avait déjà prévu de lever 205 milliards d'euros sur les marchés financiers en 2020, un record historique. Pour compenser les pertes durant ces deux mois de confinement, le gouvernement français chiffre en plus à 110 milliards d'euros l'ensemble des mesures annoncées. Un engagement énorme qui représente près d'un tiers des dépenses de l'Etat pendant un an. Le déficit public s'élèvera au minimum en 2020 au minimum à 9,1% du produit intérieur brut (PIB), alors que la prévision d'avant-crise s'établissait à 2,2%.

 

 

Emmanuel Macron et Angela Merkel viennent de proposer le 19 mai la constitution d'un «fonds de relance» de 500 milliards d'euros pour aider les régions et secteurs les plus frappés par le coronavirus.

 

 

Pour détendre la hausse des taux, la BCE a dévoilé un plan de rachat d'actifs de 750 milliards d'euros qui lui permet de racheter les dettes des Etats (nommé quantitative easing). Comme c'est elle qui crée la monnaie, cela ne lui coûte rien directement Pour être précis, la BCE ne peut pas aujourd'hui racheter directement les dettes d'Etat mais peut les racheter dès lors qu'elles sont passées par les mains par des intermédiaires financiers même pour un temps très court.

Plusieurs économistes vont plus loin en proposant la « monnaie hélicoptère», imaginée sur le ton de la boutade par Milton Friedman. Elle consiste à ce que les banques centrales comme la BCE ou la FED versent directement de l'argent aux entreprises et au foyer sans passer par les Etats. L'intérêt est d'éviter une augmentation de la dette qui deviendrait insoutenable pour les Etats.

 

 

Aux Etats-Unis, Trump a signé son premier « helicopter money », le Cares Act, un plan de relance d'un montant supérieur à 2.000 milliards de dollars (1.842 milliards d'euros soit 10% PIB américain) dont 15% reviendront aux foyers américains soit eu plus 3000 € par foyer.

 

 

Sur le principe, cela semble idyllique car cela donne l'impression que l'argent pousse dans les forêts du monde entier qu'il suffirait de cueillir et en faire bénéficier tout le monde sans créer d'inflation ! Pour les Etats, cela réduirait fortement et opportunément la charge de la dette alors qu'ils ont emprunté sur des périodes longues à des taux très bas voire négatifs.

En 2008, les titres détenus et prêts consentis par la Banque centrale européenne (BCE) avoisinaient les 1 000 milliards d'euros, soit à peine 10 % du produit intérieur brut (PIB), en 2019, ils atteignent 4 700 milliards d'euros, soit 40 % du PIB de la zone. Entre temps, l'inflation a progressivement diminué avec quelques hoquets pour atteindre 1,3% en 2019.

 

 

La création monétaire massive n'a eu donc aucun impact sur la hausse des prix à la consommation. Où part l'argent ? Il est parti dans les actions et l'immobilier. Elle justifierait 70% de la hausse de la bourse américaine. La capitalisation boursière des entreprises intérieures cotées aux Etats-Unis représente près de 150 % du PIB aux Etats-Unis en 2018, et 85% en France.

 

 

Quand cela dépasse 100% aux Etats-Unis, cela préfigure un risque fort de chute (ex : pics de 153% en 1999 et 137% en 2007).

 

Si les sociétés allaient au mieux de leur forme, cela pourrait continuer comme ça. Malheureusement, c'est loin d'être le cas donc tout l'argent créé massivement pourrait se détourner des actions et se reporter sur l'immobilier et la consommation, ce qui augmenterait pour le coup l'inflation.

 

La crise a aussi incité de nombreux français à épargner. L'encours du Livret A  a augmenté de près de 14 Md € en 4 mois, l'équivalent de la collecte réalisée généralement en un an. C'est une épargne à la fois forcée liée au confinement mais aussi de précaution compte tenu des incertitudes futures.

 

 

Cette reprise de l'inflation pourrait décourager les épargnants individuels mais aussi institutionnel et d'entreprise, les inciter soit à consommer ou à les investir dans l'immobilier ce qui augmenterait encore l'inflation. En revanche, la consommation pourrait se concentrer sur des produits durables et sur des biens essentiels et sera diminuée par l'effet de l'inflation.

Premiers signes du retour de l'inflation

Il y a un risque que les biens essentiels tels que l'alimentation, l'énergie connaissent une très forte inflation en raison de la chute de leur production, de la hausse des prix, et d'une demande maintenue même en cas de forte réduction de pouvoir d'achat.

 

 

Le plus emblématique est le prix du masque chirurgical qui a été multiplié par 5 ou 6, de 10 centimes d'euros à 60 centimes en quelques mois en raison de sa pénurie et forte demande, même s'il ne constitue heureusement qu'une part faible du budget d'un ménage.

 

Dans les autres domaines, quelques signes avant-coureurs illustrent l'augmentation des prix.. Entre la semaine du 2 au 9 mars 2020 et celle du 6 au 11 avril, la hausse moyenne des tarifs des fruits et légumes a atteint environ 9 % selon l'UFC Que Choisir.

 

 

La hausse annuelle des produits frais serait de 18% selon l'INSEE entre avril 2020 et avril 2019 versus 2,5% l'année précédente, sur la même période, le prix de l'électricité a bondi de près de 10% versus une inflation générale de 0,3%.

Si jamais le réchauffement climatique provoque des catastrophes naturelles, la situation pourrait être encore bien pire. L'épuisement progressif des ressources naturelles pourrait encore accentuer la hausse de prix car répercuté généralement dans les prix de vente. Espérons que la maxime de Jacques Chirac ne s'appliquera pas ici, car si elles commencent à voler par escadrille, l'effet sera dévastateur.

 

 

Pour les biens non essentiels, la plupart des prix risquent de diminuer si des stocks ont été constitués ces derniers mois comme pour les meubles, habillement... Ce sera encore pire pour les biens perdant leur valeur avec le temps comme les véhicules, appareils électriques et électroniques et les services où les coûts fixes peuvent être élevés. La limite de la baisse est de vendre à perte, de faire disparaître toute sa trésorerie...

Réduction de l'offre importée et donc augmentation des prix.

L'inflation pourrait aussi croître en raison de l'augmentation de la part des produits français dans le panier moyen. La majeure partie des produits importés sont moins chers que leurs équivalents français. Avec les restrictions à l'import/export, le surenchérissement du prix de transport, les risques que des Etats préfèrent réserver leurs produits pour leur population plutôt que de les exporter, le prix des produits importés devrait s'accroître et leur nombre diminuer.

 

 

Cet accroissement monétaire spectaculaire n'est néanmoins pas sans conséquence et pourrait entraîner une inflation voire une hyperinflation sur les produits essentiels qui pourrait conduire à une hyperstagflation, une hyperinflation combinée à une stagnation voire une décroissance .

 

 

Le retour d'une forte inflation pourrait néanmoins avoir un impact positif pour les Etats ... qui verraient ainsi la charge de la dette fortement diminuer alors qu'ils ont emprunté sur de longues périodes à des taux très bas voire négatifs.

Et si nous allions vers une Hyper-Récession mondiale ?

Pourquoi pourrait-on vivre ce scénario catastrophe ? 

Photo Carlos Garcia Rawlins / Reuters.
Photo Carlos Garcia Rawlins / Reuters.

Tous les pays du monde feront simultanément face aux problèmes économiques générés par la pandémie, car celle-ci est globale. La différence avec les crises financières de 2007/2008 ou 2001/2002 est que nous ne pouvons pas reprendre nos activités exactement comme avant en raison des risques de résurgence de la pandémie et que la multiplication des catastrophes naturelles en ces temps de forte fragilité ne peut qu'aggraver notre situation.

 

 

L'économie mondiale pourrait plonger dans une récession de longue durée associée à une inflation voire une hyperinflation mondiale, Hyper-Récession ou HyperStagflation.

 

Le Venezuela qui vit cette situation depuis 2012 a une inflation de plus de 9000% en 2019 (!) avec un PIB qui décroître de 12% en 2017 et 18% en 2016. Les pénuries alimentaires et manifestations populaires ont conduit à la migration de 4,6 Millions de Vénézuéliens à quitter leur pays depuis 2015, selon l'ONU.

 

 

Une hyperstagflation sur le plan mondial aurait un impact énorme sur toutes les personnes et entreprises car nous sommes tous dépendants les uns des autres. Aucun pays ne serait à même d'aider un autre ce qui provoquerait des réactions nationalistes comme on l'a vu même au sein de l'Europe lors de la crise du coronavirus Covid-19. La migration massive d'une population vers un autre entraînerait aussi inévitablement des conflits.

Le pari de Pascal

Ce scénario est extrêmement noir et pour rappel n’est qu’une hypothèse qui est très peu probable car les Etats et les instances mondiales éviteraient certainement d’en arriver à cette issue.

 

Ce type de récession réduirait certes drastiquement nos émissions de CO2 et nous contraindrait à rentrer dans les clous d’un réchauffement climatique à 2°C à l’image de ce que nous vivons avec la pandémie mais démultipliée mais le coût humain et économique est gigantesque !

 

Il s’agit d’un pari analogue à celui de Pascal. Que risque-t-on si on met en place des mesures pour faire face à ce risque d’hyperstagflation ? Très peu, à l’image d’une assurance, nous pouvons créer un filet de sécurité fondée sur la résilience locale mais facilité sur le plan national voire international.

Que risque-t-on si on ne le fait pas ?

 

Une réaction en chaîne avec des conséquences dramatiques pour les populations et l’environnement.

Que faire ? Exemple de la Russie …

Face à une crise mondiale qui ébranle l’économie, les populations, l’environnement, a priori il ne semble pas y avoir de solution et pourtant …

 

Quand le chaos est partout, la seule échappatoire est de créer du sens à petite échelle.

 

L’ HyperStagflation en 1992 en Russie et les collectifs de jardins russes

Nous pouvons nous inspirer de l'histoire. La Russie a vécu cette situation en 1992 sous la présidence de Boris Eltsine avec la libéralisation des prix ... (inflation de 2600% en 1992, cf. article à ce sujet), la valeur refuge était le dollar.

 

 

 

 

7 ans après cette hyperstagflation, Vladimir Poutine, Premier ministre remplaçait Boris Eltsine avec une politique beaucoup plus musclée ...

 

Néanmoins, il y a d'autres enseignements à tire de cet événement. 80% du budget des ménages étaient alors consacré à l'alimentation et les collectifs de jardins russes ont atténué l'impact de cette crise sans précédent.

 

"Ces collectifs (source  Arthur Grimonpont - Les Greniers d'abondance) forment une agriculture péri-urbaine collective à grande échelle. En plus de contribuer significativement à la production agricole du pays, ce « circuit parallèle » confère au système alimentaire russe plusieurs attributs importants de résilience. Même dans les plus grandes villes, dont Moscou et St Pétersbourg, plus de la moitié de la population dispose d'une parcelle cultivable : on les appelle habitants-jardiniers, ou datchniki. 

Ils sont apparus à partir de 1917, en réponse aux pénuries alimentaires dont la fréquence et la gravité s'accentuaient alors que le communisme de guerre instaurait un monopole d'État sur tous les moyens de production. d'agriculture. »

 

 

 

 

Au départ désapprouvés par l'Etat, il les a rapidement encadrés en raison de leur indéniable efficacité pour contrer les pénuries. Ils étaient contrôlés et gérés par les entreprises d'État, qui divisaient le foncier en parcelles égales et les distribuaient aux employés.

 

 

Chaque type de collectif encourage la plantation d'arbres fruitiers et les cultures potagères avec une fonction productive. La loi imposait même un certain nombre de pommiers, poiriers, cerisiers, pruniers, framboisiers, groseilliers, ainsi qu'une surface minimum en fraisiers, et en potager .

 

La majeure partie des parcelles ont une superficie de 600 m ² et comportent généralement une « maison de jardin », ou datcha, qui a vocation à servir d'habitat temporaire ainsi qu'à entreposer le matériel de jardinage et le fruit des récoltes. Les jardins ouvriers français ne leur sont pas comparables car ils ont des dimensions bien plus réduites (de l'ordre de 30 m ²), ne permettent pas d'y séjourner, et sont historiquement réservés aux populations démunies.

 

 

Propriété de l'État jusqu'en 2006, ils ont été rapidement privatisés par la suite, perdant souvent leur fonction agricole pour devenir un simple lieu de villégiature évoluant donc sensiblement vers le modèle de quartier pavillonnaire européen. Début 2019, le régime juridique encadrant les collectifs a été uniformisé pour tenter d'enrayer ces dérives. Le droit de construire, en particulier, y est désormais uniformément encadré par les règlements d'urbanisme locaux.

Jardin ouvrier en France
Jardin ouvrier en France

En plus d'aider les personnes à s'alimenter, elles permettent aux populations de diversifier leur nourriture, elles ne font pas concurrence aux circuits agricoles habituels car seuls le troc et autoconsommation sont les seules pratiques légales.

 

 

Lors de la crise des années 1991/1992, 65 % des familles de la ville de Moscou étaient engagées dans le jardinage urbain fournissait la majorité des pommes de terre, des fruits et légumes consommés par les citadins. Les jardins collectifs fournissent entre 20 et 30 % de la valeur totale de la production alimentaire de Russie.

 

Les jardins adoptent un principe de circularité, produisent des produits « naturels », et ont peu recours aux intrants chimiques et aux pesticides. L'interdiction de commercialisation des récoltes garantie une consommation exclusivement locale et encourage à une solidarité territoriale

 

 

 

 

En France, 57% des ménages ont pour résidence principale une maison, dont l'espace attenant a une surface médiane de 600m ², on pourrait donc imaginer répliquer à notre manière ces jardins collectifs."

Enseignements

Sur le plan alimentaire

On ne transformera pas toute l'agriculture avec des jardins collectifs à la française mais nous pouvons appliquer progressivement une économie circulaire à la production agricole actuelle.

 

La démarche la plus simple est de raccourcir les circuits ce qui permet de réduire le nombre d'intermédiaires donc l'empilement de marges. 

 

 


Lors de la crise, de nombreux agriculteurs ont vendu directement leurs produits aux consommateurs grâce à des plateformes nommées aussi « drive fermier », l'étape suivante est la transformation locale. En direct des éleveurs produit et conditionne le lait d'éleveurs locaux et distribue son lait chez des distributeurs proches.

 

La transformation locale peut aller un cran plus loin, c'est l'un des projets des Greniers d'Abondance qui vont proposer au Grand Angoulême de transformer leur filière maïs servant surtout à l'alimentation du bétail ou à l'exportation en filière blé-minoterie (transformation en farine)-pain local. (cf. talk video)

Plus globalement

Si un jour nous vivons une hyperstagflation mondiale, par nécessité, les habitants seront obligés pour survivre de compter sur eux, leurs proches et leurs voisins (ex : l'auto-consommation et le troc ) et ne devront pas compter à ce moment-là sur l'Etat pour les aider, car il sera complètement dépassé.

 

En revanche, cela coûte très peu à l’Etat et les collectivités de favoriser les infrastructures locales qui serviront de filet de résilience, le jour où potentiellement il ne pourra plus les aider directement.  Il pourrait accorder plus de confiance à ses agents et administrés et les juger a posteriori. Cela ferait gagner beaucoup de temps et éviterait d'attendre les accords d'une entité centralisée submergée par les demandes, comme l'a montré la crise due à la pandémie Covid-19.

 

La France est un pays colbertiste, jacobin.Une stratégie favorisant la centralisation à tout crin est la pire des solutions car elle nous fragilise bien plus. Il suffit de prendre exemple sur la Nature qui survit extinction après extinction depuis des centaines de millions d'années grâce à sa diversité. A l'inverse, les grandes monocultures sont beaucoup plus sensibles aux maladies et risquent bien plus la disparition.

Rôle de l'Etat : faciliter les infrastructures résilientes, accélérer économie circulaire

L’Etat doit par anticipation favoriser la diversité des solutions plutôt qu’imposer un modèle unique.

 

Il peut diriger son action autour de trois principes :

  • Alléger les contraintes empêchant / dissuadant les personnes, entreprises, organisations de développer une infrastructure résiliente locale dans l’alimentation, l’énergie, les soins, le transport…

 

  • Faciliter le développement de solutions, de règles favorisant la mutualisation des méthodes, des techniques afin d’éviter de réinventer la roue à chaque fois
  • Inciter légalement à développer une économie circulaire, locale et solidaire

J’ai détaillé ce type de société dans cet article (société en boule de gui). 

Pour donner quelques exemples, il faut accélérer le développement de l'auto-consommation d'énergie sur le plan local. La loi s'est assouplie à ce sujet mais il faut aller beaucoup plus loin. Idéalement, il faudrait inciter à ce que les acteurs dans l'agroalimentaire soutiennent beaucoup plus fortement les filières locales.

 

Il existe déjà de très nombreuses initiatives locales, d'associations régionales et nationales. L'Etat pourrait faciliter la mise en place d'une coordination et de la mutualisation des moyens entre ces acteurs car il y a une très forte dispersion des énergies de chacun. 

 

Concernant l'économie circulaire, il faut sur le plan légal accélérer les mesures prises dans la Loi pour l'Economie Circulaire (14 propositions que j'avais faites à ce titre et Qualité j'avais remises à Brune Poirson. Elle repose notamment sur la règle des 5R (Refuser, Réduire, Réutiliser, recycler et remettre à la terre, à appliquer dans l'ordre ... ). L'objectif est d'éviter au maximum d'acheter des produits externes et de pouvoir utiliser au maximum ceux que nous avons déjà.

 

Toutes ces mesures peuvent prises rapidement sans nécessiter des plans de relance de milliards et plus d’euros. Elles n’empêchent pas de poursuivre notre économie linéaire même si son impact néfaste sur l’environnement devient de plus en plus visible. Elle se développe en parallèle en revanche le jour venu, plus d’une et d’un d’entre nous leur devrons notre salut si la situation se dégrade rapidement.

 

 

Conclusion

Aujourd'hui, il est impossible de prédire ce qui arrivera exactement demain et surtout quand. En revanche, nous sommes sûrs que les êtres humains ont un impact négatif majeur sur leur environnement, que nous ne saurons pas empêcher le réchauffement climatique et que celui-ci aura des conséquences dramatiques sur nos conditions de vie.

 

Plutôt que d'attendre que les catastrophes naturelles s'accumulent associées aux catastrophes économiques, nous avons la possibilité d'attenuer l'impact de celles-ci sur nous. C'est un pari sur l'avenir de l'Humanité, autant placer ses billes sur les bonnes cases.

 

Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere Contact - contact@livosphere.com

Conseil en Innovation technologique (IA, IoT...) et durable (RSE / Économie circulaire ) 

 

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