Prédictions 2015 sur l'IoT / objets connectés avant le CES Las Vegas

CES 2015 - Prévisions Internet des Objets / Objets Connectés pour 2015

Voici les nouvelles prédictions sur l’Internet des Objets sur 2015, après avoir revu celles de 2014. :

 

Après la mode des Wearables, les objets stars seront  ceux de la maison, Smart Home / domotique et santé mais aussi l’audio, les caméras et les ampoules. Néanmoins, les changements majeurs seront :

 

  • La profusion de capteurs dans tous les objets
  • Des objets connectés plus autonomes des smartphones (Interface directe Voix, haptique/tactile , Smart Embedded Object, Transmission de données en direct)
  • Tout objet connecté devient une plateforme
  • Des objets plus « smarts », intégrant des  « assistants personnels intelligents »
  • L'Intégration accrue du hardware à la plateforme de services
  • Marché B2C scindé en 2 : haut de gamme et entrée de gamme,
  • Rachats des premières startups françaises dans les objets connectés par de grands groupes mais aussi premiers dépôts de bilan, restructurations, consolidation
  • L’arrivée des grandes marques dans les objets connectés
  • L'Omni-Présence de Google renforcée

Nous entrons dans une phase essentielle où après le buzz des objets connectés, nous allons commencer à nous rendre compte qu'ils vont révolutionner notre monde mais que le chemin est semé d’embûches, créera des déceptions par rapport à nos « inflated expectations » selon le terme de Gartner (Hype Cycle) et que la meilleure des stratégies est les partenariats et une stratégie d'ouverture entre les startups, les fabricants, les marques ...

Spectromètre Scio - Objet connecté

Profusion de capteurs dans tous les objets

Les objets connectés qui devraient le plus après la mode des Wearables est celui de la maison en particulier Smart Home et santé mais aussi l’Audio: les caméras, les ampoules, mais le changement majeur sera surtout l’intégration de nouveaux capteurs dans tous les objets connectés et au-delà dans tous les objets :

 

Vu la réduction des prix de ces capteurs, il est intéressant de les intégrer même si leur usage au départ n’est pas toujours évident. L’un des premiers à le faire a été la Withings qui a intégré un capteur CO2 dans sa balance. La lampe Sleep Companion de Holî embarque le niveau de luminosité, la sonorité, le taux de CO2 et la température.

 

Les principaux capteurs sont autour de notre environnement :

  • température, mouvement (accéléromètre, gyroscope, magnétomètre), bruit, humidité, luminosité, qualité de l’air ( CO, CO2, COV : composants organiques volatils : Formaldéhydes, benzène, éthylène glycol, acétone…), PPM)
  • microphone, caméra, détection de présence ou du nombre de personnes (via la détection de smartphones sur base du Bluetooth ou WiFi comme le fait la pyramide musicale Prizm)
  • et de nos paramètres biologiques pour évaluer notre bien-être et santé :
    • Rythme cardiaque, taux d’oxygenation, pH, mouvement (accéléromètre, gyroscope, magnétomètre), taux d’UV
    • Viendra aussi des capteurs sur le taux d’hydratation, de sudation, optique / mini-spectromètre pour évaluer les caractéristiques de notre peau – A suivre notamment le mini-spectromètre de SCio pour analyser immédiatement la composition chimique des aliments, plantes, médicaments, liquides

 

Des objets connectés plus autonomes des smartphones

 

Aujourd’hui, les objets connectés sont très dépendants des smartphones, ils passent par eux pour que nous interagissions avec eux, transmettions nos données et pour être « smart ».

 

2015 verra émerger des objets connectés qui n’ont de moins en moins besoin de leur assistance et seront capables d’assurer un service utile sans eux. Les raisons sont le besoin

de plus de simplicité (pas besoin de connecter son smartphone en Bluetooth ou en WiFi pour l’utiliser),

de fiabilité (si perd la connexion avec son smartphone, il fonctionne toujours),

de sécurité et confidentialité des données (pour réduire les risques que nos données soient hackées ou réutilisées sans notre consentement, de moins en moins de données seront transmises, les données brutes seront traitées localement )

 

Le smartphone sera de plus en plus délaissé pour l’utilisation quotidienne et reléguer au rôle d’interface pour avoir accès aux fonctionnalités avancées (généralement peu utilisées) et au paramétrage initial.

Interface directe Voix, haptique/tactile et visuel avec l’objet

Tout d’abord, nous voyons l’émergence de nouvelles interfaces directes entre l’objet et nous (et donc sans l’écran du smartphone),

  • pour lui transmettre des informations : la reconnaissance vocale, les interfaces haptiques ou tactiles (sans écran), pour les équipements ayant une caméra, les gestes.
  • pour nous transmettre des informations : la synthèse vocale, les surfaces restituant des sensations tactiles, la réalité augmentée intégré dans l’objet

Pour transmettre des informations :

Amazon a ainsi intégré dans son haut-parleur Echo, un « assistant numérique » capable que vous lui dictiez par oral votre liste de course. Homey est un Hub Smart Home qui est pilotable à la voix et vous répond de même. Le thermostat Nest sera pilotable à la voix par Google Now mais via son téléphone, ce qui me paraît pas tenable dans la durée. Nous n’allons pas chercher notre téléphone partout chez nous pour commander notre Nest qui est juste en face de soi.

Pour en recevoir :

Pour l’interface tactile, il y a tout simplement Prizm qui par ses deux façades J’aime / Je n’aime pas, pemet en les appuyant d’indiquer les musiques qu’on préfère.

 

La Samsung Chef Collection Slide-In Induction Range with Virtual Flame Technology représente par des LEDs la chaleur de la poêle invisible à l’œil et SurfaceSensation™ tactile feedback restitue des sensations tactiles grâce aux ondes acoustiques (interface haptique).

 

Et enfin b.sensory qui combine les deux en utilisant d’une part votre interaction avec votre livre numérique via tablette pour vous faire vibrer … et travaille avec Cityzen Sciences pour réaliser des sous-vêtements « vibrants » . Ils vont se développer dans des domaines très différents notamment le livre numérique pour enfants qui permettraient de les sortir de l’écran de la tablette et le faire jouer avec des vrais objets qui bougent. 

Transmission de données en direct

La transmission de données pour les objets connectés est réalisée via le smartphone ou la box ADSL pour éviter de payer un abonnement télécom via une carte sim. Le problème est que dès qu’on perd la connexion (instabilité) ou que l’on s’éloigne de l’objet (pour une connexion via le smartphone), l’objet n’est plus capable de transmettre des données. (cf. chapitre que j’ai écrit dans The IOT Book 3. L’évolution des technologies et de l’innovation 5. Les modes de transmission de données)

 

Par exemple, le Flower Power n’est pas à même aujourd’hui de transmettre en direct l’état de votre plante si vous n’êtes pas à côté car il passe par une connexion Bluetooth.

 

Des connexions directes d’objets vers Internet vont se développer soit via des réseaux bas débit comme Sigfox soit via le GPRS/3G mais où l’abonnement est intégré dans le prix du produit).

 

D’ailleurs les deux sont complémentaires, Sigfox est ainsi de plus en plus utilisé en mode backup et devrait se développer ainsi dans les objets connectés.  Ticatag par exemple annonce qu’il cherche à associer sa technologie BLE / iBeacon et Sigfox.

« Smart Embedded object » versus « dumb object » smart by the cloud …

 

Cela fait beaucoup de sens d’utiliser toute la capacité de traitement, de mémoire, de transmission des données et l’interface d’un smartphone. Le problème est quand il n’est pas près de nous ou près de l’objet, qu’il n’a plus de batterie, nous sommes face à un objet inutile et cela n’est pas acceptable pour une utilisation quotidienne.

 

Pour donner un exemple, une ampoule connectée n’a pas d’interface directe. Si vous éteignez votre ampoule avec votre smartphone et que votre smartphone perd la connexion après avec votre lampe vous ne pourrez plus la rallumer sans votre smartphone… Sauf si la lampe connectée est un peu plus « smart » et se met automatiquement à allumer quand elle perd la connexion avec votre téléphone, pour éviter ce problème. Mais c’est gênant si elle perd la connexion vers 3h du matin et qu’elle s’allume et vous réveille ou que vous sortez de la pièce… Donc elle doit encore un peu plus « smart », pour savoir quand s’allumer ou pas si elle perd la connexion … et c’est loin d’être évident vu toutes les cas possibles.

 

Pour résoudre ce problème, les objets connectés auront de plus en plus deux modes, un mode connecté enrichi et un mode non-connecté qui assure toutes les fonctions de base de l’objet. Pour avoir une mode non-connecté, l’objet aurait un « embedded OS » qui lui permettra d’assurer ces fonctions.

Tout objet connecté est une plateforme

 

Le Smart Home ou domotique va fortement se développer en 2015, hors à la différence des wearables, il y a beaucoup plus d’objets dans sa maison que d’objets portés sur moi. Cela nécessite que tout objet connecté dans la maison puisse recueillir et transmettre ses informations à tout autre objet connecté dans la maison en plus de son smartphone. La connexion directe entre eux sans passer par Internet n’est pas encore pour tout de suite hors les solutions propriétaires ou de consortiums et via une homebox (ex : utilisant des protocoles comme Zigbee, ZWave, Enocean, Thread de Google, IO Control de Somfy, Velux, Atlantic… ). Aujourd’hui, cela passe par des API ouvertes et donc nécessairement par Internet.

 

Par exemple l’ampoule Sleep Companion de Holî  a besoin de se connecter avec un capteur de mouvement, un capteur de CO2 et COV pour s’adapter au sommeil de ses utilisateurs c’est pourquoi ils vont prochainement échanger leurs données avec Nest, Netatmo, Withings, Jawbone et Fitbit, le thermostat Nest via Works with Nest enverra et collectera ses informations avec les ampoules Lifx, Mercredes, Jawbone, Chamberlain, Logitech, Whirlpool (électroménager), Rachio (systèmes d’arrosage) et tous les appareils compatible avec Home Kit et Health Kit d’Apple pourront facilement échanger entre eux.

 

Quelle est l’objet / plateforme qui gagnera ?

 

A titre personnel, je ne crois pas aux plateformes B2C pure players qui agrègeraient les données, hors les mastodontes telles que Google, Apple, Amazon et le cas particulier de IFTTT qui a réussi à agréger très tôt tous les flux d’objets connectés en plus de son domaine initail les services webs.

 

Les startups françaises Busit et Wicross sont sur ce créneau, mais en B2C, l’utilisateur prendra le chemin le plus simple, il ne va pas télécharger une application en plus pour connecter tous ses produits, il va prendre l’interface de l’objet connecté qu’il utilise le plus, qui correspond le mieux à son usage et contexte d’usage et va connecter ses autres objets connectés dessus. En revanche, ces startups ont une vraie valeur ajoutée en marque blanche auprès des entreprises créant des objets connectés et qui ne veulent pas créer une plateforme multi-objets connectés.

Des objets plus « smarts », intégrant des  « assistants personnels intelligents »

 

Il y a quelques années (2011), j’avais écrit un article sur les agents intelligents ou assistant personnel numérique que j’avais nommé à iLad, (intelligent Life ADvisor et jeu de mots sur i et Lad, « mon petit gars à moi, toujours à mes côtés à me rendre des services » ;) Il nous faciliterait notre vie au quotidien avec des services du « Take Care of your Birthdays », pour ne jamais oublier les anniversaires « Take Care of your Finances », « Take Care of your Health, your Friends, your Children », jusqu''à l'incontournable « Take Care of your Life » . Une appli comme « Find your Mate » serait même capable de provoquer un accident sans gravité avec vote voiture connectée pour que vous rencontriez votre âme sœur ! Avant d’arriver à cela, les objets connectés vont de plus en plus d’adapter à nous, nos comportements et tiendront compte de notre humeur, de l’ambiance, des personnes avec qui nous sommes et à toutes les données pour le faire avec les objets connectés pour nous rendre service, nous conseiller.

 

Prizm, la pyramide musicale tient compte de l’ambiance de la pièce (grâce à un capteur d’intensité sonore) et des personnes présentes (grâce aux Mac id des téléphones). Nul doute qu’un jour, Prizm saura renouer les liens après une séparation entre deux ex-bien aimés en jouant la musique de leur première rencontre. Il se fondera sur leur statut Facebook et la jouera s’ils sont tous deux seuls et calmes dans la même pièce !

 

Comme dit précédemment, Nest intègre Google Now via le smartphone et sera à même de tenir compte de votre agenda, de votre position et réservations d’avions, trains… pour ajuster la température avec votre consentement bien sûr … mais qui refuserait ?

 

Comme toute avancée, il y a des risques à cela comme je m’amuse à illustrer dans le scenario catastrophe de l’article iLad , charge à nous de ne pas devenir des exécutants et rester créatifs et affranchis. 

Intégration accrue du hardware à la plateforme de services

 

Afin de prendre le plus de valeur possible, les acteurs comme Qualcomm, Intel, Google, SAP, Salesforce proposeront des solutions packagées pour objets connectés qui faciliteront grandement la création d’objets connectés (cf chapitre que j’ai écrit sur les 6 révolutions technologiques de l’Internet des Objets dans l’IOT Book). Il restera l’habillage externe de l’objet, les interfaces spécifiques et bien sûr les services et support.

 

Les fabricants de hardware se sont lancés dans le software et les plateformes de services : Intel a ainsi créé sa propre plateforme destiné aux objets connectés  et vice versa, comme Google avec le rachat de Nest, Dropcam, Revolv et Lift.

 

Marché B2C scindé en 2 : haut de gamme et entrée de gamme

 

Le marché des objets connectés va se scinder en deux,

un marché entrée de gamme :

les acteurs qui se positionnent sur les objets connectés à faible prix et mass market et qui verront leur prix fortement chuter (ex : balances connectées entrée de gamme devrait atteindre des prix inférieurs à 40€ - 70 à 80% du marché). Archos se positionne notamment sur ce créneau.

 

Un marché haut de gamme : des objets connectés premium destinés à une population plus restreinte ( 10 à 20 % de la population ) qui offrent un design, des services différenciants, une interface intuitive. Withings, Netatmo, Holî, Myfox se positionnent sur ce marché.

 

En revanche, le milieu de gamme va drastiquement se réduire, les acteurs visant actuellement le milieu de gamme devront se positionner sur l’un ou l’autre, soit ils choisiront les forts volumes et de faibles marges ou des volumes proportionnellement beaucoup plus faible mais des marges plus élevées. La deuxième option est largement préférable pour des startups qui ne sont pas familiers avec le mass market car ils leur donnent de la marge pour innover, de monter en puissance au fur et à mesure.

 

D’autre part, il est plus simple de passer du B2C au B2B / B2B2C lorsque son produit sur le haut de gamme, car les exigences de qualité et de fiaibiité sont beaucoup plus élevés qu’en B2C. 

L’arrivée des grandes marques

 

Les grandes marques commenceront à être de plus en plus présentes dans l’Internet des Objets. L’Oréal montrera à son stand au CES les usages des objets connectés dans une salle de bain, afin de mieux diagnostiquer, personnaliser et conseiller dans le domaine de la beauté et en se fondant sur l’Open Innovation et la Poste a la même démarche sur son stand Docapost sur le Smart Home.

 

Les grandes marques ont quatre options pour rentrer dans l’Internet des Objets :

-       soit créer elles-mêmes l’objet et le fabriquer en leur nom propre comme Danone le fait pour la Smart Drop, Terraillon avec sa balance, ou MontBlanc avec son bracelet connecté e-Strap pour ses montres Timewalker Urban Speed.

-       soit s’associer avec une startup réalisant des objets connectés pour l’intégrer en marque blanche totalement ou  en partie (comme Ticatag avec les lunettes Téou d’Atol  pour les retrouver facilement) soit réaliser des partenariats avec elles avec une stratégie d’Open Innovation comme L’Oréal ou la Poste mais aussi des partenariats commerciaux comme Nest l’a fait avec Allianz, Direct Énergie, Netatmo avec Luminus, filiale d’EDF et Withings avec Axa.

-       Soit racheter des startups d’objets connectés hors les GAFA, il n’y a pas eu encore de gros rachats d’entreprises d’objets connectés

 

Les grandes marques et fabricants ont un intérêt évident à intégrer au fur et à mesure l’Internet des Objets dans leur stratégie car ce sont de formidables leviers pour elles pour conquérir de nouveaux marchés et cibles, fidéliser de nouveaux clients et réduire leurs coûts (cf Article dans Usine Digitale - L'Internet des objets, un tremplin incontournable pour les entreprises)

Rachats des premières startups françaises dans les objets connectés par de grands groupes mais aussi premiers dépôts de bilan, restructurations, consolidation

 

Compte tenu du nombre de startups créées, il y un certain nombre d’entre elles qui ne pourront survivre face à l’encombrement du marché et le passage d’un marché d’early adopter a un marché d’early mass, beaucoup moins tolérant et plus exigeant.

 

Les grands groupes vont commencer à racheter ou prendre des participations significatives dans les startups françaises d’objets connectés

( candidats potentiels : Withings, Netatmo, Cityzen Sciences, Holî, Sigfox…)

Ce n’est pas du tout l’esprit des fondateurs de ces entreprises de les revendre, en revanche certaines auront besoin de grands groupes pour passer un cap majeur dans le développement de leur entreprises et cela passera sans doute par des prises de participation entre 10% et 33%. Inversement, les grands groupes ne peuvent rester trop longtemps observateur, ils risquent fortement d’être distancés sinon.

 

Bien sûr, il y aura encore des gros rachats d’entreprises, la plus probable est IFTTT devenu le Hub des données d’objets connectés et des services webs.

Omni-Présence Google renforcée

 

Google sera de plus en plus présent dans les objets connectés directement ou indirectement avec un Google Home (version Smart Home de Google Fit), les premiers produits non-Google embarquant Thread, la possibilité d’intégrer Google Now dans des objets connectés (appartenant à Google en 2015 pour Nest, Dropcam, Lifx mais aussi hors des produits Google à partir de 2016).

 

 

Bien sur d’autres choses arriveront, comme les premiers hacking de masse, la sortie de l’iWatch et le décollage des smartwatches et plein d’autre surprises.

 

Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere (Conseil dans l'IoT / Objets connectés )

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