Les objets connectés, l' IOT, booster du Smart Home grâce à leur diversité et interopérabilité

Une réelle frénésie s’est emparée des marchés financiers pour les objets connectés. Est-ce une opportunité pour les entreprises innovantes du Smart Home / domotique ?

 

Chacun conserve en mémoire l’image de la bulle Internet en 2000. Quatorze ans plus tard les objets connectés réalisent des levées de fonds records : Visiomed a levé 3M€ en mai, Awox 21,5 M€ en avril en bourse, Sigfox 15 M€ en mars, Withings, 23,5 M€ en juillet dernier, Netatmo 4,5 M€ en juin dernier sans compter Nest racheté 3,2 Md$ par Google. La nouvelle bulle risque fort d'exploser dans les 2, 3 ans qui viennent pour les entreprises qui n'auraient pas de modèle économique solide.

Les objets connectés sont un tremplin vers les solutions de maison connectée. Les utilisateurs peuvent se familiariser avec leurs nouveaux services (suivre l’état de sa plante, son poids, régler son chauffage, piloter sa lumière…) intégrés pour certains dans le Smart Home et à des prix très accessibles de 50€ (Flower Power de Parrot) à 200€ (Balance Withings : 149€, Thermostat Netamo : 179€, Lampe Hôli : 199€).  

 

Néanmoins, ils en font vite le tour car ils sont limités à un usage. C’est pourquoi ils commencent à intégrer de nouvelles fonctions (la balance Withings mesure le taux de CO2 et la température). En devenant multiusages, ils deviennent un tremplin vers la maisonconnectée dont la force est l’intégration d’un grand nombre d’usages.

Le Mother de Sen.se a typiquement cette approche en ayant une offre produit et technique très similiaire à la domotique. Il a une offre multi-usages, suivre son brossage de dents, vérifier la prise de médicaments ou que les enfants sont rentrés. Il a remplacé les détecteurs de présence, d’ouverture par des motion capture, accéléromètres qui peuvent se « greffer » à n’importe quel objet. Ceux-ci se connectent à une « box », la Mother en 868 Mhz, elle-même connectée à une box ADSL. La réussite ou non de cette solution sera un signal important pour les acteurs de la domotique sur le positionnement qu’ils pourront adopter pour croître. Il y a une réserve néanmoins, une approche omni-usages (type couteau suisse cf article sur Mother) peut freiner l'utilisateur car il a du mal à comprendre quelle est la vraie utilité de l'objet.

 

La diversité des objets connectés et de leurs usages élargit aussi le champ des possibles pour la domotique en lui fournissant des informations auxquelles elle n’avait pas accès avant.

Aujourd’hui la plupart des objets connectés sont des capteurs et non des actionneurs et leur données sont accessibles par des API ouvertes. Les applications sont multiples : ouvrir les stores si le Flower Power indique à la maison connectée que les fleurs ont besoin de soleil ou ouvrir automatiquement le Velux© si la balance Withings mesure un taux de CO2 élevé dans la pièce. Le Smart Home doit alors être capable d’intégrer ces données externes dans sa solution, les agréger, analyser et restituer dans son interface mais aussi donner accès à ses données aux objets connectés pour de nouvelles applications comme allumer la lampe Holî pour alerter ses occupants en cas de détection d’une fuite d’eau durant la nuit. Les box Zbase et eeDomus sont déjà ouvertes, les autres s’ouvriront au fur et à mesure.

 

Les objets connectés utilisent principalement le WiFi et le Bluetooth Low Energy (exception notable : ampoules Hue de Philips en Zigbee) pour transmettre leurs données. Ils présentent l’avantage d’être universels, faciles à configurer et de pas nécessiter une passerelle radio. En revanche, le WiFi est très consommateur d’énergie et le BLE dépend de la présence d’un smartphone ou tablette avec le BLE ouvert. Dans les deux cas, la fréquence utilisée est de 2,4 GHz ce qui limite physiquement la portée.

 

Les solutions domotiques sont adaptés aux maisons avec des murs en briques, ils utilisent surtout des fréquences moins élevées (868 MHz et 433 MHz), ont une consommation très faible en énergie et peuvent devenir autonomes en s’associant à l’Energy Harvesting (ex : produits utilisant Enocean), en revanche, il n’y a pas encore de standard qui s’impose dans les fréquences sub-GHz.

La maison connectée se démocratise avec des prix se rapprochant des objets connectés et inférieurs à 200€. Le Smart Home Pack d’ Archos est vendu à 199€, le iSmartAlarm d’iHealth à 250$ (190€) et la Ninja Sphere 199$ (150$) aux Etats-Unis et seront prochainement vendus sur le marché européen à des prix similaires. L’arrivée de Google à la suite du rachat du leader des objets connectés Nest pèsera aussi certainement sur les prix ce qui augmentera les volumes.

 

L'"Internet of Things" (IOT) est un formidable levier de croissance pour les acteurs du Smart Home à condition qu’ils accélèrent leur interopérabilité et apportent des services et produits qui compensent la réduction des prix. Leur capacité à intégrer une multitude d’usages et donc une grand nombre d’objets connectés est à ce titre un redoutable atout.

 

Dimitri Carbonnelle – Fondateur de Livosphere (conseil en conception, marketing, commercial sur les objets connectés)

Article écrit pour le magazine Domotique News

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