Stratégie RSE : Sobriété numérique, Numérique, levier environnemental / Digital sustainability Vs Digital for Sustainability

Quelle stratégie adopter pour le numérique dans son entreprise  (English version) ? (voir aussi article sur les innovations à ce sujet)

 

Le numérique est souvent décrié comme un contributeur de plus en plus prépondérant d'émissions de CO2, dégradant l'environnement lorsqu'il faut extraire des métaux rares pour ses batteries, ses processeurs, biberonné à l'obsolescence programmée grâce aux mises à jour « d'OS » qui accélère le renouvellement d'équipement. Pour revenir à plus de sobriété, toute entreprise doit adopter une stratégie pour réduire son impact environnemental lié au numérique. 

      

Toutefois, il ne faut pas non plus oublier que le numérique peut devenir un formidable levier pour réduire les émissions de CO2 et son impact environnemental. Mesurer les gaspillages, télétravailler plutôt que prendre son véhicule, réduire les déplacements à ce qui est nécessaire en cas de panne, pour remplir un distributeur automatique ou vider les points de collecte de vêtements , éteindre les lumières et lampadaires lorsqu' il n'y a personne … sont quelques exemples parmi tant d'autres montrant que l'Internet des Objets, l'intelligence artificielle, les plateformes numériques peuvent aussi faciliter la diminution de nos impacts environnementaux de manière globale. Des entreprises comme Phenix ou Too Good to Go ne pourraient distribuer des repas en réduisant le gaspillage alimentaire sans plateforme digitale.

 

Pour adopter une stratégie cohérente, il marcher sur ces 2 jambes : sobriété numérique ou « digital sustainability « et numérique, levier environnemental ou « digital for sustainability ».

 

(Pour avoir des sensibilisations, formations même à distance générales ou liées à votre secteur, vous pouvez me contacter ici : contact@livosphere.com ou ici ) Nous menons aussi des projets RSE, sur la sobriété numérique notamment.)

Sommaire (Lien direct vers les parties d'articles - Autre article sur les leviers d'action sur le numérique)

 

Préambule sur l'impact environnemental du numérique

Stratégie de sobriété numérique

Mesurer 

  • Mesurer son impact environnemental actuel et se fixer des objectifs, de ses achats, fournisseurs
  • Donner des outils à ses collaborateurs pour mesurer leurs impacts

Réduire son impact

  • Lié au matériel et équipements numériques, Risque de la location
  • Réduire l'impact de ses Data Centers, Co-génération et trigénération pour produire du froid à partir de chaleur
  • Point de collecte mixte pro / perso, Software et Stockage, IA, blockchain, objets connectés, 5G

Numérique, levier environnemental

  • Partager ses données d’impacts sous forme structurée et en Open source
  • Outils pour les salariés (covoiturage, quand acheter un véhicule électrique) 
  • Pour les clients et fournisseurs, IndustrieAgriculture et autres domaines

Conclusion

Préambule sur l'impact environnemental du numérique

L'impact du numérique serait de 4% des émissions de CO2 en 2020 (3,8% pour GreenIT et 3,7% pour The Shift Project en 2019 !). Il est en forte augmentation, environ 9% par an aujourd'hui (à 2,5% en 2013).

 

Toutefois, le numérique a bien d'autres impacts, la consommation d'eau (0,2%), l'impact sur les ressources minérales (cobalt, lithium, métaux rares…) et l'environnement (biodiversité, pollution des terres, de l'eau et de l'air, destruction des habitats … en raison des mines qui nécessitent l'extraction de quantités faramineuses de matières pour en extraire de petites quantités de terres rares, les procédés chimiques pour séparer les terres rares des autres éléments notamment l'acide chlorydrique) .

 

Enfin, l'impact du numérique est à répartir entre la fabrication des équipements (TV, smartphone, ordinateurs), leur usage et la consommation électrique des équipements, ainsi que la fabrication et la consommation énergétique du réseau télécom, des data centers.

 

Pour réduire son empreinte environnementale numérique, la première mesure consiste à allonger la durée de vie de ses matériels puis de réduire l'usage de ses data centers. La partie réseau est principalement du ressort des opérateurs télécoms. Pour une analyse plus détaillée sur l'impact de la 5G, suivez ce lien.

Stratégie de sobriété numérique

Afin d'avoir toutes les chances de réussir, la sobriété numérique doit s'intégrer dans une stratégie globale RSE soutenue par la direction au risque sinon de perdre la plupart des arbitrages entre sobriété numérique et maintien des habitudes.

 

A l'image d'un entraînement sportif destiné à faire perdre du poids et prendre de la musculature, il est essentiel aussi de travailler en partenariat avec les salariés, les autres entités du groupe en dehors du SI ainsi qu'avec les fournisseurs, clients …

Mesurer son impact actuel et se fixer des objectifs

Le point de départ est de mesurer son impact actuel. Cela signifie être capable de connaître précisément l'ensemble de son parc informatique, télécoms, imprimantes, TV…

 

Pour chaque équipement, on peut associer un impact à la fabrication et à l'usage. Il n'est pas nécessaire d'avoir l'impact exact pour chaque équipement qui est souvent quasi impossible à déterminer. Pour commencer, un impact moyen par type d'équipement est nettement suffisant car ce qui était essentiel n'est pas tant la valeur absolue mais la réduction de votre impact .

 

Pour calculer les émissions liées l'usage, vous pouvez partir des consommations des données constructeurs multipliées par une durée d'utilisation par jour et réaliser un contrôle de cohérence avec les données transmises par votre GTB si elle vous le permet. Il est préférable d'avoir un compteur spécifique pour vos data centers.

Il serait aussi absurde de mettre des systèmes de mesures connectés partout dans votre bâtiment si le gain attendu en augmentant la fiabilité est proche ou plus faible que l'impact négatif dû à la fabrication et l'utilisation de ces objets.

 

Ensuite, vous pouvez vous fixer un objectif de réduction. Il est préférable de fixer cet objectif en concertation avec la direction RSE afin qu'elle soit cohérente avec la stratégie globale de l'entreprise en matière de RSE.

 

Des outils comme Zei permettent de suivre ses objectifs en se limitant pas à la mesure de la sobriété numérique mais englobant la totalité de la stratégie RSE.

 

Pour compléter cette mesure, il est aussi utile de mesurer le coût économique et son évolution ainsi que l'impact sur l'efficacité de l'entreprise et son impact social. Refuser le remplacement d'un l'ordinateur sous Windows XP trop vieux pour basculer en Windows 10 au nom de l'environnement peut-être très contre-productif aussi bien en termes de productivité, de motivation du salarié, de risque de cyberhacking.

 

En revanche, remplacer un smartphone tous les 18 mois pour faire plaisir à un collaborateur est moins essentiel et pourrait être remplacé par des « incentives » ayant moins d'impact environnemental.

Mesurer l’impact environnemental de ses achats et de ses fournisseurs et leur fin de vie

Les entreprises mesurent leur impact environnemental selon le « Scope 1 » (les émissions de gaz à effet de serre directement liées à la fabrication du produit) et le « Scope 2 » (les émissions indirectes liées aux consommations énergétiques). La loi laisse une marge de manoeuvre pour mesurer le « Scope 3 » (les autres émissions indirectes) en les demandant si elles sont significatives.

 

Le Scope 3 représente souvent 3 à 4 plus d'émissions de Gaz à Effet de Serre que le Scope 1 et 2 réunis et c'est la partie la plus difficile à évaluer car vous devez savoir quel est le scope 1 et 2 de vos fournisseurs qui doivent connaître ceux de leurs fournisseurs … D'autre part, vous devez aussi évaluer l'impact de vos déchets. Si on ne tient pas compte du « Scope 3 », il serait facile de sortir ses émissions de carbone et de les imputer en amont ou en aval par exemple en externalisant ses serveurs.

Pour éviter de vous perdre dans des calculs impossibles, vous pouvez partir sur des canevas d'émissions.

 

Néanmoins, il faut systématiquement demander à ses fournisseurs et les entreprises collectant vos produits usagés ces informations et s'assurer qu'elles sont cohérentes et détaillées.

(ci-contre le "Scope 3" évalué par L'Oréal)

Donner des outils à ses collaborateurs pour mesurer leurs impacts

Les collaborateurs devraient avoir la possibilité de facilement connaître leur impact environnemental dans l'utilisation de solutions numériques et avoir à disposition des solutions pour les réduire.

 

Les applications utilisant la vidéo consomment en général plus que les autres. Le pire étant Tik Tok et d'autres applications comme Twitter, Google Chrome sont aussi très gourmandes (cf. EcoCO2).

 

Des applications comme Mobile Carbonalyser (IPhoneAndroid, réalisée avec le Shift Project ) peuvent aider à en prendre conscience.

Un amendement du projet de Loi pour l'Economie Circulaire va aussi contraindre les opérateurs à renseigner leurs clients sur la quantité de gaz à effet de serre émise par leur consommation de data mobile via leur facture à partir de 2022. Cela conduirait à les sensibiliser.

 

L'ARCEP collecte aussi depuis avril 2020, les émissions de gaz à effet de serre produits par les principaux opérateurs de télécommunications sur leurs réseaux et sur la consommation électrique des box utilisés par leurs clients.

Réduire son impact

Lié au matériel et équipements numériques

Les mesures semblent assez simples pour réduire son impact, limiter le renouvellement de son parc télécom, ordinateurs, éviter les accessoires inutiles … Il existe des solutions pour faciliter cette réduction.

 

La plus commune est la mutualisation, qui est usuelle pour les imprimantes mais difficile à mettre en place pour des smartphones ou des ordinateurs. Toutefois, on peut inciter les collaborateurs à utiliser leur propre smartphone pour un usage professionnel à condition qu'on parvienne à séparer suffisamment les deux environnements (des outils comme Samsung Knox le permettent et des solutions comme OnOff Télécom gèrent les numéros pro et perso sur une seule carte sim ), à réduire les risques de hacking et que le collaborateur y consent. Des avantages salariaux peuvent aussi l'y inciter.

Les accessoires comme les écouteurs Bluetooth dont les AIrpods, les chargeurs sans fils, beaucoup moins efficace qu'une recharge directe (de 40 à 80% de perte d'énergie selon GreenIT)

 

Les produits achetés peuvent être facilement réparables et évolutifs. Le support SI peut déterminer quelles sont les pannes les plus courantes qui nécessitent le changement d'équipement et choisir les appareils permettant la réparation plutôt que le remplacement. Ils sont moins « hype » que les derniers iPhone ou Samsung, mais les entreprises pourraient proposer des FairPhone à leurs salariés. Leurs produits sont très faciles à réparer y compris l'écran (90€) ou la prise jack par soi-même, sont fabriqués à partir de matières premières « éthiques » ou recyclés en fonctionnement sous Android.

Il existe aussi des labels environnementaux pour vous guider (comme EPEAT, Ecolabel Nordique, L'Ange Bleu. TCO)

 

A ce titre, l'Union européenne veut instaurer un droit à la réparation des smartphones et tablettes à l'horizon 2021. Elle obligera à rendre les smartphones et tablettes plus durables et faciles à réparer grâce à un meilleur choix des matériaux, une conception adaptée à la réparation, une plus longue prise en charge pour les mises à jour système, et l'instauration d'un nouvel étiquetage avec une note de réparabilité.

 

Les appareils vendus en Europe devront également favoriser les matériaux recyclés plutôt que des matières premières primaires. La destruction des marchandises durables invendues sera interdite.

Risque de la location

La location paraît a priori la solution préférable à l'achat toutefois il peut créer un effet rebond. Si le montant de la location état indépendant de l'appareil aussi une clause prévoit le renouvellement automatique pour avoir l'équipement le plus à jour, cela incite beaucoup plus l'entreprise à renouveler ses équipements que s'il avait acheté.

 

D'autre part, il faut s'assurer qu'elle est la seconde vie donnée aux appareils une fois que vous les redonnez à votre prestataire. Pour contrer ce phénomène, on peut imaginer des loyers dégressifs en fonction de l'ancienneté du parc. Cela inciterait beaucoup plus les gestionnaires de flottes à réduire le renouvellement.

Réduire l'impact de ses Data Centers, serveurs, Co-génération et trigénération pour produire du froid à partir de chaleur

L'usage des serveurs représente une part importante des émissions de CO2 . Une première mesure est l'indicateur d'efficacité énergétique (en anglais PUE ou Power Usage Effectiveness).

 

Il qualifie l'efficacité énergétique d'un centre d'exploitation informatique. Il quantifie le ratio entre l'énergie totale consommée par l'ensemble du centre d'exploitation (avec entre autres, le refroidissement, le traitement d'air, les UPS (onduleurs)...) et la partie qui est effectivement consommée par les systèmes informatiques que ce centre exploite (serveurs, stockage, réseau).

En été, avec des solutions de trigénération, il est possible de transformer de la chaleur en froid grâce à la réfrigération par absorption

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Les Européens proposent un autre indicateur appelé DCEM (pour Data Centre Energy Management) qui corrige les défauts du PUE en prenant en compte non seulement la consommation d'énergie et le coefficient d'efficacité énergétique, mais aussi les énergies réutilisées et renouvelables. 

 

Le rapport public « Réduire la consommation énergétique du numérique » le cite comme indicateur à utiliser et propose aussi de nombreuses autres pistes pour réduire l'impact environnemental du numérique.

 

Dans les appels d'offres, il est essentiel de demander ces deux indicateurs, PUE et DCEM pour l'intégrer dans ses critères de choix.

Point de collecte mixte pro / perso

L'entreprise peut aussi proposer des points de collecte qui servent aussi bien récupérer des équipements professionnels que personnels en panne mais aussi fonctionnels soit pour être donnés ou pour être échangés au sein de l'entreprise. Idéalement, une entreprise peut s'associer avec des entreprises qui vendent de la seconde main (Back Market, Zack…) mais aussi gèrent les réparations, dons aux associations…

 

Vous pouvez demander conseil à l'éco-organisme Ecologic, ou donner vos produits usagés à des ESS comme Emmaüs Connect. L'objectif est de créer un cycle complet le plus vertueux possible. Il existe aussi plusieurs entreprises en France capables de transformer des déchets électroniques en matières premières réutilisables.

Software et Stockage

Les règles à suivre pour réduire son impact environnemental concernant le stockage sont de ne conserver que ce qui est utile et par exemple par défaut de supprimer les mails antérieurs à une certaine date en particulier si ce sont des newsletters, spams …

 

On peut empêcher l'envoi de mails et la réception de pièces jointes au-dessus d'une certaine taille ou d'expéditeurs non sollicités (MailinBlack) . Avec des outils comme SmallPdf qui comprime les PDF trop lourds, Smash (équivalent français de Wetransfer) évitant de transférer de gros documents …, on réduit la gêne pour les utilisateurs. On peut aussi activer la compression automatique de ses documents (via NTFS ou en utilisant des outils comme 7-Zip)

 

Hormis les documents importants qui doivent être gardés, il est préférable de stocker localement ses données et de faire le ménage régulièrement. Des outils intégrant de l'IA facilitent le tri et permettent la déduplication de documents

On peut aller au-delà pour les entreprises qui ont l'habitude de coder et développer des outils et applications. La programmation peut être écoresponsable selon qu'on utilise des algorithmes simples, qu'on réutilise des codes déjà optimisés, qu' on utilise peu de données, qu'on recourt rarement des données extérieures. Des entreprises comme Greenspector ou NegaOctet accompagnent les entreprises dans ce domaine.

 

Greenspector fournit aussi des outils pour mesurer l'efficacité énergétique de son site web.

IA, blockchain, objets connectés, 5G

IA, blockchain, objets connectés sont généralement associés sur le plan environnemental avec forte consultation d'énergie. La question à se poser à chaque fois est en quoi l'utilisation de cette technologie sont utiles, quel est leur impact environnemental, quelles sont les alternatives.

 

 

Pour l'IA, la principale cause de consommation d'énergie est l'apprentissage nécessaire pour créer des modèles de réseaux neuronaux. Des techniques comme le transfer learning (cf. article), évite d'entraîner complètement des modèles lorsqu'il existe déjà des modèles génériques pertinents.

Pour la blockchain, ce sont surtout les blockchains publiques utilisant le « proof-of-work » (comme le Bitcoin et Ethereum ) qui gaspillent énormément d'énergie (cf. article), pour des « blockchain » de consortium ou privées, énergie dépensée est comparable à celles d'autres plateformes digitales.

 

Enfin, si vous hashez des données tous les jours et mettez le hash sur Ethereum, cela consommera beaucoup moins d'énergie que si vous mettez en place une infrastructure spécifique pour le même usage.

5G, impact environnemental

Pour les objets connectés, il faut éviter d'utiliser des objets qui intègrent de la connectivité qui habituellement ne sont pas électriques. Plutôt que d'avoir des chaises connectées, des vêtements connectés, des serrures connectées … il est préférable d'avoir des « add-ons » qui peuvent être utilisés et retirés de ce type d'objets. Cela facilite leur maintenance, leur recyclage et réduit leur impact environnemental. Il faut au préalable s'assurer de la nécessité de les connecter.

 

Concernant la 5G, un déploiement raisonné et adéquat en fonction de réels besoins a du sens, en revanche la tendance actuelle de remplacer les box Internet par des forfaits illimités est une gabegie (cf. article détaillé )

Numérique, levier environnemental

Partager ses données d’impacts  sous forme structurée et en Open source

Il serait utile que les entreprises puissent facilement évaluer l'ensemble de leur impact carbone et plus globalement environnemental sur base de ses éléments financiers.

 

Créer une comptabilité carbone ou Bilan Carbone est un exercice encore compliqué à réaliser car il n'y a pas de lien direct avec la comptabilité traditionnelle. Il faudrait mettre en place un référentiel (base de données requêtables par des connecteurs API) permettant de facilement créer une correspondance entre des comptes comptables et leur équivalent émissions de CO2 en apportant les précisions nécessaires via l'utilisation par exemple de sous-comptes normés. Il peut en être de même pour les relevés bancaires, chaque vendeur pourrait communiquer l'impact carbone de chaque achat.

 

Cela faciliterait la comptabilisation du scope 3 (émissions liées aux activités en amont et aval) de l'entreprise en plus du scope 1 et 2 (scope 1 : émissions directes liées à l'activité, scope 2 : Émissions indirectes associées à la consommation d'électricité, de chaleur dans les locaux... ). Je parle plus largement des indicateurs RSE ici.

Source : Carbone 4 : 2017
Source : Carbone 4 : 2017
Source : Carbone 4 - 2017
Source : Carbone 4 - 2017

Avant même une normalisation des données, les entreprises ou fédérations professionnelles pourraient collecter ces informations et créer un « traducteur » en open data entre types de produits et impact CO2 et environnemental .

 

Dans un certain nombre de cas, cette équivalence sera sans doute insuffisante. Nous pourrions alors à l'image de la comptabilité analytique, développer une comptabilité environnementale et sociale alignée sur la comptabilité générale.

 

Cela permettrait aussi à chaque entreprise de facilement mesurer et communiquer sur ses émissions GES et leur évolution.

Des applications et des outils simples permettent de suivre ses émissions de COet de la réduire comme Greenly sur base de ses relevés bancaires.

 

La néo-banque Qonto propose des outils permettant d'automatiser des rapports, relévés grâce à des API, mais pas encore de relevé CO2 Espérons qu'ils intégreront prochainement cette fonction ! 

Dans un certain nombre de cas, cette équivalence sera sans doute insuffisante. Nous pourrions alors à l'image de la comptabilité analytique, développer une comptabilité environnementale et sociale alignée sur la comptabilité générale.

 

Cela permettrait aussi à chaque entreprise de facilement mesurer et communiquer sur ses émissions GES et leur évolution.

  

La taxonomie verte, publiée par la Commission Européenne donne un cadre pour distinguer les activités durables des autres sur 70 activités économiques (93% des émissions de GES).

 

Elle donne des critères qualitatifs et quantitatifs pour déterminer si une activité économique répond à l'un des six objectifs environnementaux et ne pas porte pas atteinte aux autres objectifs (atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, utilisation durable et protection de l'eau et des ressources marines, transition vers une économie circulaire, prévention et recyclage des déchets, prévention et réduction de la pollution, protection des écosystèmes sains)

Pour les salariés

Il existe de nombreux moyens de favoriser les comportements écoresponsables de ses salariés. Il est toujours préférable de proposer des alternatives adéquates et écoresponsables à des solutions plus polluantes que d'interdire ou dissuader ces comportements sans solutions de repli.

 

Pour les déplacements, les outils de télétravail, covoiturage courte distance (Karos inclus dans le pass Navigo), écoconduite sont autant de solutions à développer à titre individuel.

Concernant les véhicules électriques, il est préférable d'attendre la fin de l'usage normal du véhicule ( 3 à 5 ans pour une entreprise) que de remplacer l'ensemble de sa flotte par des véhicules électriques.

 

La fabrication de véhicules électriques est 2 fois plus émettrice de CO2 que la fabrication d'un véhicule à essence (mais cela diminue si on utilise des batteries produites en France et mieux recyclées...). En Europe, il faut environ 23 000 km pour que les émissions de CO2 d'un véhicule électrique neuf soient inférieures à celles d'un véhicule à essence neuf selon Transport & Environment .

En France , ce serait 13 000 km (batterie produite en France) / 29 000 km  (batterie produite en Chine). En Allemagne, ce serait 27 000 km (batterie produite en Europe Mix moyen) / 42 000 km (batterie produite en Chine).

 

En France, si on décide de remplacer un véhicule diesel récent (durée de vie : 225 000 km pour une voiture « medium » selon Transport&Environment) par un véhicule électrique neuf, il faut environ 50 000 km (si la batterie est produite en France) / 65 000 km (pour une batterie produite en Chine) avant que le véhicule électrique émette moins de CO2 qu’un véhicule diesel. En Allemagne, en raison du mix énergétique, il faudrait 75 000 km (pour une batterie produite en Europe mix énergétique moyen) et 92 000 km (pour une batterie produite en Chine).

 

Cela changera si un jour l’énergie électrique est massivement décarbonée et que les batteries Li-ion sont massivement recyclées mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. 

En revanche, si votre entreprise produit suffisamment d'énergie via des panneaux solaires par exemple ou la trigénération pour alimenter les véhicules électriques et que les véhicules électriques sont partagés entre plusieurs salariés, ça a tout son sens d'investir rapidement dans des véhicules électriques. Il y a d'autres impacts négatifs des deux côtés, pollution de l'air (oxyde d'azote..) pour les véhicules à essence, et impacts environnementaux (extraction pour les batteries…). Le principal est de faire ses choix en connaissance de cause et de communiquer dessus.

 

Enfin, n'étant pas à l'abri de pannes d'électricité, il est préférable de diversifier sa flotte si l'entreprise ne peut produire sa propre énergie électrique.

Pour les clients et fournisseurs

De nombreux outils numériques permettent de réaliser de la maintenance préventive et prédictive (ex : Fieldbox.Ai) de réduire les tournées à vide et les déplacements inutiles en sachant là où une intervention sur place est nécessaire et là où elle peut être réalisée à distance. De multiples pannes peuvent être résolues par le client à condition d'avoir des équipements connectés ou des solutions pour connaître le type de panne et les réparer à distance (mise à jour à distance …)

 

Le « Pricing », la fixation des prix de la maintenance peut aussi être adaptée pour inciter à mutualiser les déplacements ou favoriser les réparations à distance.

 

Concernant les fournisseurs, vous pouvez leur demander de vous fournir les informations environnementales liées à vos achats et même pour les plus avancés vous donner accès à une plateforme qui liste l'ensemble de vos achats et les traduit sous forme d'impact environnemental sur les étapes : fabrication, transport, usage et fin de vie avec les hypothèses prises. Les fournisseurs pourraient aussi fournir des conseils d'utilisation et sur les différents moyens de gérer la fin de vie de leurs produits (entreprises qui valorise ses produits usagés, plateforme de réparation...) D'ici quelques années, ces informations devraient même être accessibles via des APIs et modulé en fonction de votre comportement (sur la partie usage et fin de vie). 

Interne à l’entreprise : Industrie, agriculture…

Les outils de monitoring avec des alertes de consommation excessive, de fuites… et intégrant des conseils personnalisés sont autant de moyens de réduire son impact énergétique globalement.

Industrie

Dans l'industrie, je parle dans l'article suivant de solutions pour écoconcevoir, utiliser l'impression 3D pour éviter d'investir dans des prototypes, des moules , des pièces détachées produits en pure perte.

 

Iteca permet de concevoir une usine en réalité virtuelle avec les machines en fonctionnement. En s'y baladant grâce à un casque VR, on peut beaucoup plus facilement voir les erreurs de conception, les améliorations à apporter pour réduire les déplacements, les gaspillages …

La relocalisation de certaines usines dès lors qu’elles ont un niveau de rentabilité proche des usines délocalisées sont aussi une belle opportunité pour réduire l'impact environnemental.

 

L’utilisation de l'intelligence artificielle et de robots collaboratifs peut aider (cf. article - ex: vidéo d'un projet que j'ai réalisé pour une entreprise dans la mode).


Évidemment l'objectif n'est pas de faire une usine sans êtres humains. Ces usines souvent plus petites ont vocation à être beaucoup plus flexibles capables s'adapter au marché plus facilement que des usines situées à des milliers de kilomètres de là. 

Dans le domaine du textile et de l'habillement (cf.. article), cela va même jusqu'à bouleverser le modèle économique actuel fondé sur des coûts unitaires très bas grâce à une production dans des pays à bas coûts, des stocks pléthoriques, des invendus en quantité, soldés voire détruits.

 

Avec la loi AGEC sur les invendus, les industries textiles et habillement devront relocaliser des usines pour que leur production soit ajustée à la demande générant moins de stocks et d'invendus. Certes, les coûts unitaires sont plus élevés en revanche la marge totale par collection est tout à fait comparable avec l'ancien modèle car il y a beaucoup moins de stocks à gérer et d'articles à solder qui dégradent fortement la marge globale.

Agriculture et autres domaines

Dans le domaine agricole, l'utilisation de drones associée à la spectrographie et la géolocalisation permet de savoir de manière beaucoup plus précise quelles sont les parcelles à traiter et de réduire fortement l'utilisation de pesticides, de suivre la production d'aliments, de détecter des maladies foliaires et des adventices.

 

Il existe bien d'autres usages, le principe est d'identifier les gaspillages, les pertes de ressources, de temps, les déchets … de pouvoir les mesurer suffisamment tôt, d'identifier et de mettre en place des solutions pour les réduire ou à défaut réduire leur impact négatif.

D'autre part, ces solutions ont souvent un impact économique positif et peuvent nécessiter des modifications dans le modèle économique. Le plus courant est le passage d'un modèle de vente de produits à un modèle de vente de services. Michelin vend ainsi l'usage et la gestion des pneus pour les transporteurs plutôt que les pneus.

 

Ils intègrent des services (gestion de parc, rechapage, remplacement…) qu'un transporteur n'a pas la possibilité de développer seul. Michelin a agrégé et mutualisé le retour d'expérience de ses clients pour proposer un service adapté à leurs besoins.

Conclusion

On voit qu'il est assez facile de lancer une stratégie de sobriété numérique tout en l'associant avec des outils utilisant le numérique comme levier environnemental. Pour réussir les projets il est nécessaire d'avoir le soutien de la direction, d'associer les collaborateurs, clients et fournisseurs.

 

Il existe de très nombreuses solutions pour aider une entreprise dans cette stratégie, toutefois au lancement, il est utile d'être accompagné pour structurer la démarche, prioriser et évaluer les différentes solutions, éviter la dispersion des énergies et un retour au business as usual. Les ressources internes sont souvent enthousiastes au début mais peuvent être découragées au bout de quelques mois. C'est la raison pour laquelle une ressource externe peut grandement aider à transformer une initiative en axe directeur pour l'entreprise décliné en actions à court terme et projets à long terme.

 

Si vous êtes intéressé par mettre en place cette stratégie dans votre entreprise, vous pouvez me contacter directement ici ou par mail contact@livosphere.com.

 

Dimitri Carbonnelle - Fondateur de Livosphere

Conseil en Innovation durable (RSE / Économie circulaire), Numérique (IA, IoT...) - Contact  contact@livosphere.com

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